Par Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ L'auteur, Pierre Deram, polytechnicien de 26 ans ayant lui-même séjourné en Afrique, accorde beaucoup, et d'entrée, au personnage qu'est la capitale éthiopienne. Une ville telle Djibouti, ce lieu où on ne fait que passer quand on est un étranger en transit comme le héros débarqué quelques mois auparavant pour intégrer une garnison française, on y entre un jour ou une nuit, puis on en sort, une nuit ou un jour, et la vie continue comme si rien ne s'était passé, du moins c'est ce que l'on croit -et sans doute, d'une certaine façon, est-ce ce qui se produit, car la vie gagne toujours.
Lire la suite : Djibouti : un portrait onirique et sombre du Spleen du légionnaire
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Comment en est-il arrivé là ? « J’ai tué cet homme parce que j’ai fait semblant de croire qu’il le fallait. J’ai essayé de me convaincre que sa mort avait une raison d’être. » Au fond de sa cellule, Miguel, le jour de ses vingt-trois ans, confesse dans un manuscrit ses errements, et les causes de son ralliement à un mouvement terroriste.
Lire la suite : Harriet Marin : les confessions d’un terroriste repenti
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Dans sa préface au premier roman de son ami Alain Ranval, alias Ramon Pipin, « Une fille comme il faut », Tonino Benacquista écrit ceci : « Pipin a l’adjectif pendable, la parabole pétulante et la syntaxe sportive. » Exemple ? : « À cinq ans, il y a des mômes qui parlent couramment en hiéroglyphes, des qui bouffent des équations au p’tit déj, des qui jouent le Concerto pour piano no 1, de Rachmaninov, à l’harmonica… Et attends, on leur a mesuré le périmètre encéphalique, à tous ces petits génies, et figure-toi que vers treize ans ils font déjà cinq centimètres de plus que la moyenne nationale, t’imagines ? Si ça continue, on va avoir une génération de mômes avec des crânes d’un mètre cinquante de diamètre. C’est les fabricants de passe-montagnes qui vont être contents !… ». Il est vrai que ça rappelle un peu les vieux de la vieille comme Alphonse Boudard, Audiard, San Antonio. Ça sent le poulbot parigot.
Lire la suite : Ramon Pipin : une jeune fille (pas vraiment) comme il faut
Par Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ Comment Ponce Pilate, investi de la responsabilité qu'on lui connaît historiquement, a-t-il vécu sa prise de décision quant au sort de Jésus? Roger Caillois s'est employé à l'imaginer en proie au doute, à l'indécision, à l'insomnie, demandant conseil à un chaldéen expert en interprétation des rêves, remuant des conjectures aux conclusions contradictoires, et agitant jusqu'au bout de la nuit mille de ces hypothèses existentielles qui revêtent, pour nous tous, l'allure de lancinantes litanies, commençant par "si"... "et si..."
Lire la suite : Roger Caillois : un roman prenant et bouleversant de fantasme surréaliste
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ "La Petite Femelle", telle une enquête policière, retrace la quête obsessionnelle que Philippe Jaenada a mené pour rendre justice à Pauline Dubuisson en éclairant sa personnalité d'un nouveau jour. Au mois de novembre 1953 débute le procès retentissant de Pauline Dubuisson, accusée d'avoir tué de sang-froid son amant. Mais qui est donc cette beauté ravageuse dont la France entière réclame la tête ? Une arriviste froide et calculatrice ? Un monstre de duplicité qui a couché avec les Allemands, a été tondue, avant d'assassiner par jalousie un garçon de bonne famille ? Ou n'est-elle, au contraire, qu'une jeune fille libre qui revendique avant l'heure son émancipation et questionne la place des femmes au sein de la société ? Personne n'a jamais voulu écouter ce qu'elle avait à dire, elle que les soubresauts de l'Histoire ont pourtant broyée sans pitié. À son sujet, comme il l’avait fait pour « Sulak » (Julliard), son précédent livre, Philippe Jaenada a tout lu, tout écouté, soulevé toutes les pierres. Il nous livre ici un roman minutieux et passionnant, auquel, avec un sens de l'équilibre digne des meilleurs funambules, il parvient à greffer son humour irrésistible, son inimitable autodérision et ses cascades de digressions. Un récit palpitant, qui défie toutes les règles romanesques. Nous l’avons rencontré pour lui poser les questions que se pose son public, de plus en plus nombreux, depuis son Prix de Flore pour « Le Chameau sauvage », en 1997.
Lire la suite : Philippe Jaenada : le grand mâle à l'esprit d'escalier
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Il fallait y penser… Faire revenir à la vie Napoléon Bonaparte, tel « Hibernatus », maintenu en parfait état de conservation par les eaux glacées de la mer du Nord. Repêché par un chalutier Findus, décongelé, l’empereur retrouve Paris au moment des attentats… Juste à temps pour sauver le monde occidental ?
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ La crise de 1929 a tracé les sillons de l’extrémisme, de l’antisémitisme, de la misère dans une Europe encore meurtrie et en partie affamée par les conséquences de la 1ère Guerre Mondiale. En février 1934, l’affaire Stavinsky ternit et souille une classe politique en proie à ses pires contradictions, à ses pires travers. L’extrême droite, les Croix de Feu, Action Française, les Camelots du Roi manifestent violemment le 6 février à Paris, Place de la Concorde, face à l’Assemblée Nationale…..la manifestation dégénère faisant 14 morts et 62 blessés dont certains succomberont à leurs graves blessures…"cette récession économique, l’état d’appauvrissement de la population et la crise de confiance envers les élus et les institutions génèrent également une vague de criminalité ordinaire." Dans cet environnement de passions politiques, d’idéaux exacerbés, de patriotisme outrancier, Charles instituteur, qui n’est pas insensible aux charmes des jolies femmes, va accepter une mission complexe et dangereuse pour Roger Salengro le maire de Lille : infiltrer et devenir une taupe chez les Croix de Feu.
Lire la suite : Fox-trot : « Deux sous de fleurs » pour des espoirs assassinés
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Une histoire courte, d’une simplicité déconcertante : un nouveau cru Nothomb qui frise l’excellence. Le roman débute avec la découverte nocturne, dans la forêt, d’une jeune fille transie de froid, par une voyante qui alerte le père, le comte de Neville. Cette pythonisse fait à celui-ci une prédiction pour la dernière réception qu’il organise en son château agonisant le 4 octobre prochain : "Lors de cette réception vous allez tuer un invité." Cette mauvaise augure va hanter et bouleverser le comte Neville, au point d’en perdre le sommeil et d’être très perturbé: "Même le sceptique le plus cartésien croit en son horoscope."
Le comte est un personnage quelque peu étrange, étonnant ; sa seule raison d’être consiste d’offrir à ses hôtes le meilleur accueil, une attentive bienveillance, les plus fins égards ; il séduit "pour l’unique plaisir de donner à l’autre l’impression qu’il mérite tant d’efforts. (Sa) séduction est une générosité." Le comte de Neville devenu « aimablement rondouillard », est le fruit d’une noblesse belge fière et orgueilleuse, dont le père « était simplement incapable de changer de vie, de ne pas tout sacrifier aux apparences, de ne pas recevoir fastueusement la Belgique noble une fois par mois, même s’il fallait crever de misère le reste du temps. » Neville n’échappe pas aux coutumes et règles d’une noblesse appauvrie, ruinée et résignée de vendre ses biens trop coûteux à entretenir, qui tombent en décrépitude. Neville a trois enfants aux prénoms curieux, Oreste, Electre et Sérieuse : « Modernes par leur naissance, ils avaient été élevés selon le mode ancien par des parents que leur milieu avait rendu aveugles à cette révolution. »
La prédiction pour ce 4 Octobre 2014 va-t-elle se réaliser…. ?
Certains diront que c’est vraiment très court pour un roman…mais mesure-t-on la qualité d’un ouvrage au nombre de pages ? D’autres diront que la régularité annuelle des publications nuit à la valeur littéraire ….pourtant le petit nouveau est un vrai nectar ! Avec le talent qu’on lui reconnait, Amélie Nothomb nous invite dans le milieu de la noblesse belge désargentée et décadente qu’elle connait trop bien, caste trop fidèle aux apparences et au paraître. Avec beaucoup d’esprit, d’humour et d’excentricité, elle égratigne affectueusement, délicieusement et délicatement cette noble communauté, et comme écrit en quatrième de couverture, "Ce qui est monstrueux n’est pas forcément indigne."
Le crime du comte Neville
Auteur : Amélie Nothomb
Editions : Albin michel
« Quand crie la chouette ta pensée est juste. » (vieux dicton belge)
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ A quoi reconnaît-on un bon écrivain ? A son style quasiment inimitable. Et le style, c’est la femme…pour paraphraser Buffon. Car en l’occurrence ici, c’est la voix singulière d’une écrivaine qu’on entend, et pas d’une « bouffonne », histoire de coller au sujet du livre, vous comprendrez plus loin. Astrid Manfredi est l’auteur(e) d’un premier roman maîtrisé comme rarement, « La petite barbare », inspiré d’un fait-divers horrible (la torture et le meurtre du jeune Ilan Halimi par le dénommé « gang des barbares »). Un roman maîtrisé, donc, parce que tous les mots semblent à leur place. Pas une phrase n’est de trop. Un peu comme une œuvre d’art sculptée, ou un bijou serti comme il faut. A la fois sobrement et merveilleusement. La magie opère. L’alchimie des mots fonctionne. Ça avance. Ça ne tourne pas en rond, comme tant de petits romans franchouillards, vite lus, vite oubliés.
Astrid Manfredi a choisi de donner sa voix à celle qui avait attiré le pigeon, le « bourgeois », comme elle l’appelle, dans le piège tendu par le gang… de « La petite barbare », du coup. Et son talent est tel qu’elle la rend presque sympathique, on la sent en empathie cette pauvre jeune-fille sans prénom, mais déjà en prison à vingt ans passés, et qui fait rire des codétenues. Une « sauvageonne » sans père (absent) ni repère. Née en banlieue au milieu d’une « meute de loups sans forêt. Ensemble, sans personne à mordre ». Mais ça, c’était lorsqu’elle était enfant. La chevelure de sa mère l’attendrissait encore…ça s’est dégradé en grandissant, en prenant des formes. Elle a trop regardé la télé. Elle aussi veut consommer, boire du champagne et s’habiller classe. Puisqu’elle attire les hommes, elle sera la sexy-girl de la bande. Une sorte de Loana-Zaya-Nabilla, starlettes du pauvre… Et le piège se referme, pour la proie, mais aussi pour les apprentis loups devenus victimes de la société.
La forme est bonne. C’est entendu. C’est un bon roman, bien écrit, avec des tripes et les justes mots des quartiers, sans en abuser. Mais le lecteur peut aussi s’interroger sur le fond. On peut légitimement se demander pourquoi, alors que l’auteure reste proche des deux principaux personnages du « vrai » fait-divers macabre (Youssouf Fofana, le chef de bande black se disait antisémite, et Emma, la nymphette sexy qui a servi d’appât, a continué à séduire ses geôliers), elle omet de rappeler que la « vraie » victime était juive, et qu’on l’a choisi, lui, parce que « les juifs ont de l’argent ». Le sujet (quartiers sensibles, ghettoïsation, injustice sociale…barbarie) n’étant pas anodin, pourquoi ne pas aller au bout des choses - comme le fit dans son roman-enquête, Morgan Sportes (« Tout, tout de suite », Fayard 2011) - et éviter d’évoquer le communautarisme et l’antisémitisme, voire l’islamisme, à peine survolé ? Astrid Manfredi ne prend pas parti, soit. Mais comme le lecteur, par sa vision ou compréhension des choses, achève d’écrire un livre, nous nous permettons de poser la question…
La petite barbare d’Astrid Manfredi (Belfond, 154 p, 15 euros).
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Auteure d’un roman, « Mesdames, souriez » (Fayard 2005), de nouvelles et d’un essai, « Tu peux sortir de table » (Fayard 2008), Jessica L. Nelson est chroniqueuse littéraire sur TF1 depuis quelques années. Elle connait donc bien le « monde » de la télévision. Elle en a fait le sujet de son nouveau roman : « Tandis que je me dénude », paru chez Belfond. Qu’elle aurait pu intituler : « A poil ! », ou "les M’as-tu vu à la télé ?". Son personnage (son double ?), Angie Rivière, professeur, participe à une émission de télévision afin de présenter son premier roman, « Bébés de brume ». Elle ne se sent pas à l'aise, à l'impression que les personnes présentes sur le plateau scrutent son intérieur, son intimité. Plus le temps passe, devant les caméras, plus les blessures du passé ressurgissent et se mêlent à ses interrogations existentielles.
L’intérêt du roman de Jessica L. Nelson réside dans sa structure narrative. En effet, tous les invités du « plateau » ont leur mot à dire…à penser plutôt. Un peu comme les anges des « Ailes du désir », de Wim Wenders, nous entendons les pensées de l’animateur, des acteurs et autres auteurs vedettes, ainsi que des membres du public qui servent de décor au « show » et même d’une téléspectatrice, la narratrice, qui n’en peut plus de ce miroir aux alouettes, où tout est joué, surjoué, déjoué. Va-t-elle finir par exploser ? Ou imploser, comme un poste de télévision?
Tandis que je me dénude
Auteur : Jessica L. Nelson
Editions : Belfond
237 pages, 17 euros
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ S’il y a bien un écrivain qui peut et sait écrire sur les conflits du Moyen-Orient et sur les dictateurs et autres fondamentalistes islamistes (entre autres…), c’est Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul (il utilise pour son pseudonyme les deux prénoms de sa femme). Tout simplement parce qu’il les a combattus, dans les années 90, sur le terrain, ces "fous d’Allah", lorsqu’il était dans l’armée algérienne. Il sait de quoi ils sont capables, et incapables… Yasmina Khadra est en effet l'auteur de la célèbre trilogie contenant Les Hirondelles de Kaboul, L'Attentat (prix des Libraires) et Les Sirènes de Bagdad, vendue à des centaines de milliers d'exemplaires. Certains de ses titres : Ce que le jour doit à la nuit (meilleur livre de l'année 2008 pour le magazine Lire et prix France Télévisions) et L'Attentat ont été adaptés au cinéma. Cette fois, l’écrivain ambitieux met en scène Mouammar Khadafi et les ultimes heures qu'il a vécues (les dernières pages sont poignantes) dans son nouveau roman : La Dernière Nuit du raïs, paru aux éditions Julliard. Yasmina Khadra raconte l'histoire du chef de l'État libyen à la première personne du singulier. Son récit débute à Syrte, dans la nuit du 19 au 20 octobre, là même où le chef de l'État libyen a trouvé la mort. Ensuite, le roman se déroule par flash-back. La Dernière Nuit du raïs nous éclaire sur la face cachée d'un homme né sous le signe d'une injustice, qui voulut sauver son peuple mais ne fit que se substituer à lui. Sans projet de société probant, le tyran privilégia la répression la plus brutale, conjuguant purges sanglantes et démagogie claironnante.
Traduit dans trente-six pays, Yasmina Khadra a expliqué, lors du salon du livre de Bilbao, à un journaliste du Figaro, pourquoi il s'était intéressé à un tel personnage : « Les plus grands écrivains se seraient intéressés à Kadhafi. Tolstoï aurait aimé, Homère ou Shakespeare aussi. Et Rabelais aurait écrit une trilogie Pantagruel, Gargantua et Kadhafi! C'est un personnage de tragédie », a conclu le spécialiste des sujets « explosifs ». Si la modestie ne l’étouffe pas, il faut reconnaître que Yasmina Khadra a largement démontré qu’il faisait partie des écrivains qui comptent. C’est une plume rare et singulière, à la fois classique, par son style, et moderne, pour la thématique actuelle de ses romans. Un écrivain de la veine des raconteurs d’histoires. Pas des storytellers à l’américaine, faiseurs de best-sellers formatés pour le grand public, mais des écrivains engagés, disant le monde dans lequel ils vivent. C'est également un poète de la prose, de l’acabit de Stevenson et des Mille et Une Nuits. La plume de Yasmina Khadra est pleine de lyrisme, de sensibilité et de souffle. Il sait dire l’amour comme la mort et la langueur méditerranéenne, comme sa violence la plus extrême. Depuis Morituri, dans lequel un flic algérien, Brahim Llob, était aux prises avec la nomenklatura locale, il a fait du chemin. Récemment, il était revenu à ses premières amours, l'Algérie d'aujourd'hui, en dressant, avec Qu'attendent les singes (Julliard), un portrait sombre et déliquescent de son pays. La dernière nuit du Raïs n’est pas son meilleur roman mais il a le mérite d’être en phase avec le monde dans lequel nous vivons.
La dernière nuit du Raïs
Auteur : Yasmina Khadra
Editions: Julliard
250 pages, 19 euros
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr / Louise traverse la grisaille d’une existence sans ciel bleu, sans lumière ; elle n’a jamais connu sa mère décédée à son accouchement ; elle a été élevée par un père marqué par son veuvage précoce, qui ne lui parle pas, qui ne lui a jamais parlé….Elle nettoie les chambres dans un vieil hôtel en province, sans éclat, tenu par un couple de "thénardier" des temps modernes. Dans ce décor de maussaderie et de monotonie, Louise va rencontrer une équipe de cinéma en tournage dans ce coin perdu….les promesses et les illusions vont lui faire tourner la tête : "Elle veut autre chose, elle souhaite d’autres mondes tout d’un coup. Elle ne sait pas où partir et qui fuir d’ailleurs." Partir, s’échapper de cette platitude, de cette tristesse, de ce désenchantement "et supplier le chauffeur de la conduire vers le soleil, vers la mer, là où l’horizon n’a point de fuite, là où tout est plat, où aucun bâtiment ne plonge dans l’asphalte, où l’horizon serait un fil tendu entre ses rêves et le soleil." La vie de Louise va se trouver bouleversée par cet interlude chimérique : « ELLE a le sentiment de vivre dans un livre d’images sur lequel on pose un regard sans lire les mots qui les accompagnent. »
Pour un premier roman Dominique Pascaud redonne aux anti-héros la beauté des actes simples, de ces choses quotidiennes qu’on ne voit même plus. Les thèmes abordés (la mort, l’absurdité des relations, la culpabilité de la disparition de la mère, l’amour, l’amitié…) sont traités dans une écriture fluide qui traduit l’ambiance des situations, usant de métaphores à propos. A quand le prochain?
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Vingt ans de vie commune, vingt ans de fidélité…et la routine, la monotonie s’installent dans le couple… "Oui j’ai vieilli ; non je n’ai pas fait attention ; oui nous nous sommes ennuyés, un peu, mais si peu, et tout de même…On en demande beaucoup à la vie, non ? Je vieillissais lentement, bêtement, irrésistiblement, en lisant des poèmes de François Cheng dans le lit encore chaud et conjugal, en t’imaginant avec tendresse assis à ton bureau, en train de jouer à des jeux innocents.[…]Quelque chose déraille mais ce n’est pas moi. C’est le monde qui déraille." Martine découvre que Pierre la trompe et a trouvé une maîtresse sur un site internet, en sélectionnant, en correspondant avec plusieurs interlocutrices, en essayant même ces créatures répertoriées, fichées. La rencontre, la relation choisie s’opère comme lorsque sur le catalogue La Redoute on recherche un produit ou un vêtement, que l’on va recevoir, tester et, en fonction du résultat escompté, on le réexpédie pour en commander un autre…!Martine trahie, trompée, abusée, va vouloir comprendre cette nouvelle forme de cocufiage contemporain, et va s’initier. "Depuis vingt ans qu’elle était fidèle et heureuse, Martine avait même oublié qu’ils existaient : les hommes. » A travers cette démarche, elle va découvrir l’illusion, la perfidie, les faux-semblants et la banalité des échanges…" Humour, rire, plaisir, douceur. Frisson, sensation, passion. Ils cherchent donc de la vie. Tous s’ennuient.[…] C’est cela qui est étrange dans ce site. La force des mots. Ce que l’on exprime de soi."
Un roman saisissant de sincérité et de lucidité, d’une auteure victime de l’adultère sur la « toile ». Elle dénonce l’illusoire, la goujaterie et la lubricité de ces sites de rencontres adultérins, ou la femme et l’homme deviennent de simples objets de consommation. « L’extraordinaire, l’extraordinaire…Voilà ce qu’internet nous propose. Voilà le vrai mensonge et le vrai danger. » Et Martine S. de conclure : « Tout cela c’est virtuel, c’est du rien. »
Martine est sur Gleeden
Auteur : Martine S.
Editions : Editions de La Martinière
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr / Stade est la fiction d’une société sans pitié pour les rebus, les rejetés, les sans grades, les sans domicile, les sans travail, ceux qui font tâche dans le monde idéal imaginé par les politiciens et ceux des "grandes écoles". Nous avons grandi avec la conviction que la politique est faite pour aider les gens à vivre mieux….sans penser que les gens en question sont les hommes politiques eux-mêmes. Voilà un roman d’actualité qui apporte une solution pleine d'humour corrosif au chômage et à la présence des SDF : un simple stade devient un univers concentrationnaire adapté qui organise l’autodestruction des chômeurs et des sans-abris, devenus, l’espace d’une rencontre, supporters d’une des deux équipes de football qui s’affrontent à la mort…avec son lot de résistants, de héros, de sensibilité, de corruption, d’amour.
L’écriture de Pierre Jourdan est simple, sans fioriture ni emphase; son style direct, un peu maladroit parfois. Un livre surprenant toutefois, engagé et engageant, qui tient le lecteur en éveil jusqu’au point final ; Pierre Jourdan nous livre une vision acide mais lucide d’une société en proie à ses pires contradictions….A suivre.
Stade
Auteur : Pierre Jourdan
Editions : Persée
Un bon bouquin, ça ne périme pas! Et après, ça passe en poche et c'est encore mieux parce qu'on peut l'emporter partout!
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