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Alicia, prima ballerina assoluta : un album délicat pour évoquer le destin exceptionnel de la première danseuse latino-américaine auréolée du titre suprême

  • Écrit par : Sylvie Gagnère

AliciaPar Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ La Havane, 1931 à 2011. Au long de ces soixante-dix ans s’entrecroisent les destins de plusieurs femmes : aujourd’hui, Amanda, jeune ballerine en devenir, hier, Manuela, mère célibataire qui n’aura que rêvé de danse, et avant-hier, Alicia Alonso, la première – et la seule – prima ballerina assoluta d’Amérique Latine.

À Cuba, la débrouille et l’entraide règnent, mais également la dénonciation et le marché noir. La démocratisation de la danse classique est histoire d’émancipation tout autant que de propagande.

Alicia Alonsa, c’est un destin exceptionnel, une jeune danseuse propulsée à l’avant de la scène en 1943, à New York, lorsque la ballerine qui doit interpréter Giselle tombe malade. Alicia la remplace au pied levé et fait un triomphe. La jeune femme, malgré une cécité provoquée par un décollement de rétine (elle ne distinguait que des ombres), ne cessera jamais de danser et d’enseigner. Passée par le Bolchoï, le Kirov et l’Opéra de Paris, elle revient définitivement dans son île natale où elle fonde une école très particulière, l’école cubaine, qui mélange les rythmes et les origines pour donner naissance à un style reconnaissable entre tous. Après le triomphe de la révolution de Fidel Castro, dont elle est une fervente partisane, sa compagnie devient le Ballet National de Cuba .

Dans ce très bel album, la scénariste s’attache au destin de cette étoile exceptionnelle bien sûr, mais l’entrecroise avec ceux de jeunes femmes d’aujourd’hui, entre hommage et dénonciation des idéaux de la révolution. Enjeux personnels et enjeux politiques se mêlent, pour illustrer la cubanidad.

L’illustratrice a choisi des dessins tout en tendresse, aux dégradés de roses et de violets, qui dépeignent la douceur de vivre de l’île tropicale, mais aussi la violence des carcans idéologiques, les joies de la solidarité comme la dureté des cours de danse, où si peu sont élu·es.

En racontant la vie de la légende du Ballet National de Cuba (décédée en 2019, à l’âge de 98 ans), c’est également l’histoire d’un pays déchiré, d’un rêve (une révolution qui apportera à tous la sécurité, l’éducation, la liberté…) au goût parfois amer, c’est la force et de la puissance de la volonté, du courage, de la passion qui permettent de tout surmonter qui sont illustrés.

Eileen Hofer et Mayalen Goust proposent un album délicat, qui rend un hommage appuyé à une femme au destin exceptionnel, avec subtilité, en alternant les époques et en croisant les destinées.

Alicia, prima ballerina assoluta 
Scénariste : Eileen Hofer
Dessinatrice : Mayalen Goust
Éditions : Rue de Sèvres
Collection : BD Ado-adultes
Parution : 14 avril 2021
Prix : 20 €

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