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« Anima : une pastorale sauvage » : la Bulgarie sauvage en mode pastorale

  • Écrit par : Guillaume Chérel

animaPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Une fois n’est pas coutume, commençons par l’éditeur. Les éditions Marchialy travaillent en famille. Ce sont des perfectionnistes : « Pour abriter le souffle grandiose » soixante-quatrième ouvrage de Kapka Kassabova : « Anima, une pastorale sauvage », ils précisent qu’ils ont choisi le papier Old Mill Blanco pour la couverture et le « laiteux Munken Print White pour l’intérieur ».

L’objet-livre, de plus de cinq cents pages, est une œuvre d’art en lui-même, qui ne passera pas inaperçu dans une bibliothèque, avec son bleu crépusculaire et ses doubles pages noires, titrées en blanc : « Orelek - Communion – Eau Noire – Le réseau, qui s’ajoutent aux têtes de chapitre. Enfin, Marchialy ne publie que des livres et des auteurs, et autrices, à rebours des modes et tendances du moment. Ce ne sont pas des marchands de livres. Ce sont des artisans. Des compagnons du devoir littéraire. Des résistants, en somme, par les temps qui courent.

Passons à l‘autrice. Kapka Kasssabova est une poétesse bulgare (et néo-zélandaise) qui écrit en anglais. Née en 1973, à Sofia, sous l’ère communiste, elle s’est échappée de cette ville morne et froide, où elle a étudié le français au collège,  pour rejoindre la Nouvelle-Zélande, puis et l’Ecosse, où elle vit (dans les Highlands). Le point commun entre ces pays n’est pas la laine, comme on pourrait le croire, mais plutôt le travail des bergers, en général (avec les moutons et les chèvres). La vie autour, avec tout ce que cela comprend : les chiens, les loups, les chevaux – les bêtes en général - ; et la population qui vit au plus près de ce qu’il reste de la nature encore presque sauvage.

Or donc, sur les hauts plateaux, la dite Kapka Kassabova accompagne des bergers itinérants qui se consacrent au pastoralisme (ils vont de pâturage en pâturage pour nourrir leurs les animaux, avec qui ils vivent en symbiose). Précisons tout de suite qu’il n’y a pas vraiment d’histoire, avec un début et une fin. Il ne s’agit ni d’un récit de voyage, ni d’un roman classique, ni d’un reportage, c’est un peu tout ça à la fois. On est plus proche de « L’usage du monde » du discret et modeste suisse, Nicolas Bouvier, et du britannique Bruce Chatwin (auteur de « Qu’est-ce que je fais là » ?), que du germanopratin Sylvain Tesson.

Pour résumer, Kapka Kassabova fait œuvre d’anthropologue, autant que de sociologue et d’ethnologue. C’est aussi une historienne et une scientifique puisqu’elle se remémore le mode de vie ancien de la transhumance, et montre le monde en train de brûler littéralement, au pied de la montagne. Elle se demande si la solution pour rendre un monde habitable n’est pas là-haut, dans les montagnes, où une minorité survit entre la nature sauvage et l’humain (avec ses sautes d’humeur et d’humour). Confrontée aux besoins des animaux (qu’il faut nourrir et soigner), à leur tendresse, à la difficulté de cette vie pastorale, en pleine époque moderne, envahie de technologie, elle nous rappelle ce que nous sommes originellement. Puisque la grande majorité de nos ancêtres étaient paysans, et gardaient les bêtes (vaches, etc). Il est peu question d’amour. Le monde qu’elle décrit est rude et souvent froid. Il faut prendre le temps de lire Kapka Kassabova car elle rappelle la nécessité de ralentir et de repenser notre rapport au « vivant ». A nous-mêmes, en fait. Trois autres de ses ouvrages (« L’écho du lac », « Lisière », et « Elixir ») ont été publiés en poche, chez J’ai Lu, en moins bien fabriqué que chez Marchialy..

Anima : une pastorale sauvage
Editions : Marchialy
Auteure : Kapka Kassabova
Traduit de l’anglais par Morgane Saysana
536 pages
Prix : 24 €
Parution : 20 août 2025


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