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L’enfant de verre : un drame contemporain qui ne brise pas totalement le miroir des émotions

  • Écrit par : Xavier Paquet

l'enfant de verrePar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ C’est jour de fête dans la famille Kilvik. Hella, l’ainée, se marie avec Nino, homme plus que serviable et gendre idéal. Liv, sa cadette adolescente, est heureuse même si elle a peur de ne plus voir sa sœur et Esther, leur mère, semble presque radieuse.

Un équilibre précaire où la famille semble unie malgré le comportement d’Esther, imprévisible et changeante sans raison. A la première contrariété, celle-ci abrège les festivités. Et de contrariété, il y en a une : une crise soudaine qui prend le pas sur la raison.

Ce n’est qu’un début car dès le lendemain, on apprend que Liv a cassé la mésange de verre que sa sÅ“ur lui a donnée, tradition familiale d’offrir cet objet aux 15 ans de chaque fille, de génération en génération. Mais pourquoi est-ce si dramatique ? Et que cache cette famille qui ne semble pas aussi stable que ses apparences laissent entrevoir ?

Toute la symbolique de la pièce se retranscrit dans la scénographie faite de miroirs souples et plus ou moins occultants, référence à ce que l’on cache et ce que l’on montre, ce que l’on devine, ce qui se reflète et ce qui reste secret. Elle donne une tonalité onirique à ce conte moderne à la touche scandinave dont les jeux de lumières, le travail précis sur les bruits et la musique cristalline donnent une dimension aussi poétique qu’inquiétante. Car toute la narration vit sur cette ligne de crète entre révélations et non-dits, entre légèreté apparente et tension dramatique.

Construit entre flash backs et ellipses de temps, le récit aborde le culte du secret familial et comment il se construit de manière transgénérationnel. Casser l’oiseau de verre, c’est briser ce tabou et faire éclater cette boite de Pandore intime où chacun a enfermé ce qu’il ne voulait ou ne pouvait pas dire par omission, par peur de blesser, pour simplement oublier. Autant de gestes d’amour familiaux et dans les couples qui aboutissent à briser la vie d’une adolescente en bout de lignée. Tout est fragile et à l’image du verre qui ne se répare plus, c’est l’instinct de vie des êtres qui se brise.

Bien construite dans son narratif et léchée dans son travail de mise en scène, on regrette que le jeu ne soit pas à la hauteur. Travaillé de manière très contemporaine, il se révèle très quotidien, ne donnant aucune vie, aucune urgence aux situations alors que le thème sous-jacent se trouve dramatique et ne peut être pleinement reçu avec de la légèreté. On aurait aimé plus de sincérité, d’authenticité pour être touché et vibrer autant que le verre peut l’être avant de casser. La fragilité des êtres et leur folie douce auraient mérité plus de profondeur de jeu pour nous faire entendre le propos.

Car derrière l’opacité des miroirs, « L’enfant de verre Â» est transparent sur les silences, la culture du secret et le culte de l’apparence qui enfouissent des traumas se révélant désastreux dès qu’ils refont surface.

enfant de verreL’enfant de verre

De : Léonore Confino, Géraldine Martineau
Mise en scène : Alain Batis 
Avec Sylvia Amato, Delphine Cogniard, Anthony Davy, Laurent Desponds, Yasmine Haller, Julie Piednoir, Mathieu Saccucci , Blanche Sottou 
Régie : Nicolas Gros, Kostia Cavalié, Garance Perachon-Monnier 
Collaboration artistique : Emma Barcaroli, Jean-Louis Besson, Judith Scotto et Amélie Patard
Musique : Cyriaque Bellot 
Diffusion : Emmanuelle Dandrel - 
Manipulation marionnette : Thierry Desvignes 
Création lumière : Nicolas Gros 
Scénographie : Sandrine Lamblin 
Graphisme : Valérie Lecomte 
Administration : Marie-Astrid Scano  
Costumes : Jean-Bernard Scotto 
Presse : Pascal Zelcer 

Dates et lieux des représentations : 

- Du 5 au 26 juillet ( relâche les 8, 15, 22 juillet)  à 14h20 - PRÉSENCE PASTEUR - FESTIVAL OFF AVIGNON 2025

 


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