Le Yark : Qui a dit que les monstres poilus n'étaient pas sympathiques ?
- Écrit par : Virginie Gossart
Par Virginie Gossart - Lagrandeparade.com/ «Parmi tous les types de Monstres qui grouillent sur la terre, l’Homme est l’espèce la plus répandue. Il en est une autre, cependant, plus rare et moins connue. C’est le Yark ».
Dans ce spectacle inspiré de l’œuvre de Bertrand Santini et Laurent Gapaillard, on nous raconte l'histoire d'un monstre hirsute et poilu qui dévore les enfants, mais pas n'importe lesquels. Seuls les enfants sages sont adaptés à son estomac fragile. Les autres lui donnent des indigestions intolérables. Dans sa quête dévorante de dévoration, il va croiser le chemin de l'innocente Madeleine, une petite fille si adorable, qu’elle parviendra, avec toute sa philosophie et sa sagesse, à délivrer le monstre de ses travers et à aider ce dernier à se dépasser.
A l'origine, Le Yark est un conte impertinent, drôle, immoral et riche dans son écriture. C’est un récit à la fois poétique, philosophique et irrévérencieux qui bouscule les lieux communs liés au genre très codifié qu'est le conte. Le texte évoque à la fois la difficulté à se dépasser, la liberté, la tolérance.
Sous couvert d'histoire enfantine, il nous parle donc de résilience, tout en nous questionnant sur la dualité du monstre, et sur le fait que chacun en porte peut-être un en soi :
«La liberté serait que tu puisses vivre sans dévorer personne !
- Vivre sans manger ?
- Vivre sans tuer personne.
- Mais c’est dans la nature d’un Monstre de manger des enfants !
- Il n’y a pas de loi. Il n’y a que ce que chacun décide pour soi.»
La difficulté majeure de cette adaptation théâtrale était sans doute d'arriver à rester fidèle au récit de Bertrand Santini tout en parvenant à s'en détacher pour le transposer en un spectacle visuel et auditif qui plaise à la fois aux petits et aux grands.
Le pari est à moitié gagné : Emilie Lafarge semble avoir eu du mal à se détacher du texte original – ce qui peut se comprendre tant le conte initial allie la truculence à la poésie. Il en résulte un spectacle qui plaira sans doute davantage aux enfants très jeunes, et surtout à ceux qui ne connaissent pas déjà le texte.
Mais il y a aussi dans ce spectacle de belles trouvailles : le rétroprojecteur, par exemple, qui permet de projeter de grandes ombres de monstres, de fourchettes, ou de mains, qui deviennent bien moins effrayantes dès lors que nous découvrons l'acteur, éclairé par la lumière du rétroprojecteur, en train de manipuler les objets en question. Même chose lorsque nous voyons les comédiens jouer plusieurs personnages et se changer sous nos yeux. Cette volonté de briser l'illusion théatrâle en en montrant la petite fabrique artisanale entre bien en résonance avec la poésie décalée du conte original. Les objets de décor (squelettes, costumes, images projetées...) créent également une atmosphère un peu grotesque à la Tim Burton, entre rire et terreur. Enfin, les trois acteurs présents sur scène (Alban Aumard, Katja Hunsinger, et Julien Chavrial) ne ménagent pas leurs efforts pour faire rire, frémir, ou rêver les enfants présents dans la salle, chantant, dansant, jouant de la guitare, et créant des interactions réjouissantes avec le public.
LE YARK
DE BERTRAND SANTINI
MISE EN SCÈNE : EMILIE LAFARGE
ADAPTATION COLLECTIVE : COLLECTIF ARTISTIQUE DU THÉÂTRE DE LORIENT CDN
DE ET AVEC : ALBAN AUMARD, JULIEN CHAVRIAL ET KATJA HUNSINGER
ASSISTANT MISE EN SCÈNE : JULIEN CHAVRIAL
SCÉNOGRAPHIE, LUMIÈRES ET COSTUMES : KATRIJN BAETEN ET SASKIA LOUWAARD
SON : YANNICK AUFFRET
VIDÉO : VIVIEN SIMON
ASSISTANT SCÉNOGRAPHIE : SYLVAIN LORAIN
INSPIRÉ DE L’ŒUVRE DE BERTRAND SANTINI ET LAURENT GAPAILLARD, LE YARK (ÉD. GRASSET JEUNESSE, 2011)
PRODUCTION : THÉÂTRE DE LORIENT – CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL.
SOUTIENS RÉSIDENCE, FERME DU BUISSON – SCÈNE NATIONALE DE MARNE-LA-VALLÉE, THÉÂTRE DE NÎMES – SCÈNE CONVENTIONNÉE D’INTÉRÊT NATIONAL – ART ET CRÉATION – DANSE CONTEMPORAINE.
AVEC LE SOUTIEN DU CENTQUATRE-PARIS.
© PHOTOS ANNE FROMENTIN.
A partir de 7 ans
Durée : 1h
Dates et lieux des représentations :
- Le MERCREDI 28 NOVEMBRE 2018 18H au THÉÂTRE BERNADETTE LAFONT- Nîmes ( 30)