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Romans et récits : le Top Livres français 2024

  • Écrit par : Serge Bressan

Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Avant la rentrée littéraire d’hiver programmée pour le 2 janvier 2025, il est encore temps de rappeler les temps forts de l’année qui tire à sa fin. Ainsi, lagrandeparade.com présente sa sélection (revendiquée totalement subjective !) des dix meilleurs romans et récits français parus en 2024. Bonne lecture à toutes et tous !

LE PODIUM

« Les sentiers de neige » de Kev Lambert
Originaire de Chicoutimi, Canada, Kev Lambert publie à 32 ans son quatrième roman, « Les sentiers de neige ». Début de l’histoire : le 23 décembre 2004. Zoey traverse la rue des Geais-Bleus, le sol est enneigé, le gamin traîne ses bottes aux feutres humides jusqu’à l’arrêt d’autobus. Des traces au sol, si on les suit, on va vers un bungalow étroit… Zoey, 8 ans, est enfant de parents divorcés. Ce sont les vacances de fin d’année, pas d’école, il retrouve sa cousine Emie-Anne- elle est un peu plus âgée que lui. Ensemble, ils vont s’échapper de ce monde d’adultes réunis dans la maison près du lac Saint-Jean. Direction : un monde parallèle. Leur monde. Là où ils doivent remplir une mission : sauver Skyd, une créature échappée de leur jeu vidéo. Théoriquement, la créature va les aider à régler leurs traumatismes personnels : pour Zoey, la séparation de ses parents et son identité trouble ; pour Emie-Anne, les retombées de son adoption et la triste perspective que ses « réserves d’émerveillement s’épuisent ». Les deux enfants sont convaincus d’être en sursis…
« Les sentiers de neige »
Auteur : Kev Lambert
Editions : Le Nouvel Attila

« Le convoi » de Beata Umbuyeyi Mairesse
Trente ans déjà… D’emblée, on est prévenu : « J’ai eu la vie sauve. Le 18 juin 1994, quelques semaines avant la fin du génocide contre les Tutsi, j’ai pu fuir mon pays grâce à un convoi de l’organisation humanitaire suisse Terre des hommes, j’avais alors 15 ans ». Ecrivaine née à Butare (Rwanda) en 1979, Beata Umubyeyi Mairesse vit aujourd’hui en France- elle confie : « Il aura fallu quinze ans de cheminement incertain, une enquête menée aux confins de mémoires étiolées, pour retrouver une image sur laquelle j’espérais figurer, puis pour chercher mes compagnons de fuite »... Avec sa mère, via le Burundi, elle a pu fuir le Rwanda en guerre et le génocide des Tutsi par les Hutu… Dans « Le convoi », un texte d’une puissance vertigineuse, forte de quatre photos récupérées auprès de la BBC, elle se lance, quinze ans plus tard, dans une (en)quête pour tenter de comprendre son exfiltration et déroule le récit d’un sauvetage. « Le convoi » résonne avec la Shoah, Beata Umubyeyi Mairesse en appelle à Primo Levi. Hier, aujourd’hui, l’indispensable devoir de mémoire pour demain…
« Le convoi »
Auteure : Beata Umbuyeyi Mairesse
Editions : Flammarion

« Ilaria » de Gabriella Zalapi
Une fillette de 8 ans, elle se prénomme Ilaria. Son père en froid avec sa femme (et mère de la petite fille) l’emmène en voiture. Un périple dans le nord de l’Italie- sans idée très précise de la destination. Ce sera Milan, Trieste, plus tard Bologne, puis l’internat à Rome et encore plus la Sicile dans un monde aussi solaire que paysan. Certain.e.s auraient rédigé un banal road trip, persuadé.e.s de bousculer la littérature. Avec Gabriella Zalapi, multilingue, artiste et scénariste, il n’en est rien- vivant à Paris, elle cultive la modestie et la discrétion. Après « Antonia » (2019) et « Willibald » (2022), elle a publié son troisième et impeccable roman, « Ilaria »- sous-titre « ou la conquête de la désobéissance ». Là encore, dans ce voyage avec un père « jaguar nerveux » et une fillette qui l’aime et le déteste, l’auteure raconte le périple en se mettant à hauteur de l’enfant de 8 ans. Il est difficile de réussir ce genre d’exercice sans tomber dans la niaiserie. Ilaria va apprendre, seule, la vie près de ce père flottant et cette mère au loin, et présente et absente. Un roman bref, aussi vertigineux que saisissant, à l’écriture allant toujours à l’essentiel.
« Ilaria »
Auteure : Gabriella Zalapi
Editions : Zoé

 

ET AUSSI

« Un geste vers le bas » de Bartabas
Fondateur d’un théâtre équestre unique au monde, Bartabas publie son troisième et éblouissant livre, « Un geste vers le bas ». Après « D’un cheval l’autre » et « Les cantiques du corbeau », il évoque cette fois un souvenir datant de 1990. Une rencontre qui va donner naissance à une forte amitié avec l’immense chorégraphe allemande Pina Bausch (1940- 2009). A l’issue d’un spectacle, celle-ci demande à voir le maître écuyer- il lui présentera le cheval Micha Figa. Pour Bartabas, aucun doute : ce cheval est le partenaire idéal pour révéler la personnalité unique de la danseuse-chorégraphe…
« Un geste vers le bas »
Auteur : Bartabas
Editions : Gallimard

« Le rêve du jaguar » de Miguel Bonnefoy
Le narrateur est catégorique : « On est tous fils d'un rêve de jaguar »… Ainsi dresseur de mots, Miguel Bonnefoy se glisse en librairies avec un roman impeccable, « Le rêve du jaguar », pour l’histoire d’une famille formidable du Vénézuela. On y fait halte à Maracaibo, une université qui apporte la science dans un monde où règnent ignorance et misère. Le narrateur enfant-jaguar à Paris déroule la mythologie familiale : grand-père enfant abandonné devenu cardiologue ; grand-mère d'un milieu modeste devenue la première femme médecin du pays ; mère prénommée Venezuela et exilée à Paris…
« Le rêve du jaguar »
Auteur : Miguel Bonnefoy
Editions : Rivages

« Géographie de la peur » de Claire Castillon
Maureen a 19 ans et souffre d’un TAG- un Trouble Anxieux Généralisé ; sa mère préfère parler d’un VAG, Variation Amusante Géniale, et lui répète : « Sur les vagues, tu surfes, tu as toujours été fantaisiste, prends-le comme une récréation… » Maureen emplit toute entière « Géographie de la peur », le roman de Claire Castillon. Une fois encore, spécialiste incontestée des êtres cabossé.e.s, tourmenté.e.s ou décalé.e.s, l’écrivaine ausculte, décode, décrypte… et raconte le combat de tous les instants, pour surmonter cette peur qui a envahi la géographie intime d’une jeune fille de 19 ans.
« Géographie de la peur »
Auteure : Claire Castillon
Editions : Gallimard

« Vallée du silicium » d’Alain Damasio
Tenu pour l'un des meilleurs auteurs de science-fiction de l'époque, Alain Damasio a expliqué que « l'Amérique est le visage avancé de notre époque », confié qu'« on est dans un monde repensé par la Silicon Valley » et constaté qu' «avec le monde numérique, nous sommes devenus les bureaucrates de nos propres vies». Tout cela, il le consigne donc dans « Vallée du silicium », ce livre rédigé au retour d'un séjour d'un mois en immersion dans la Silicon Valley, où le temps des chimères n'est pas une vaine notion, et n'a pas eu à se forcer pour observer chez l'homme son aliénation au numérique. Ce qui l'amène à envisager comment dépasser cette aliénation. Chez Damasio, il est question de « polytique », de création artistique ou encore d'écologie. Au fil des pages, il se plaît à lancer des néologismes, tels « numiversel » ou encore « Abracadata ». Dans ses « chroniques de San Francisco », avec pétillance et argumentation, Alain Damasio a écrit le premier guide du « biopunk » !
« Vallée du silicium »
Auteur : Alain Damasio
Editions : Seuil

« La Couronne du serpent » de Guillaume Perilhou
Pour le réalisateur italien Luchino Visconti (1906-1976), l'affaire était toute simple : adapter « Mort à Venise », le roman de Thomas Mann, et trouver, pour le rôle principal, « le plus beau garçon du monde ». Donc, en 1970, il part en quête à travers l'Europe, en vain. Et soudain, venu de Suède, un jeune Suédois de 15 ans, Björn Andrésen, surgit. Luchino Visconti écrit à son amie Maria Callas : « Habemus Angelum ». Orphelin d'une mère suicidée et petit-fils d'une femme en mal de reconnaissance, Andrésen sera donc Tadzio, mais aussi « l 'objet » du cinéaste. Comment vivre après une telle expérience ? Particulièrement inspiré par le sujet, avec « La Couronne du
Serpent », Guillaume Perilhou mêle nombre de genres littéraires. C'est follement réussi !
« La Couronne du serpent »
Auteur : Guillaume Perilhou
Éditions de l'Observatoire

« Bande de héros » de Philippe Ridet
Après « Ce crime est à moi » et « Les Amis de passage », Philippe Ridet boucle avec cette « Bande de héros » un triptyque consacré au temps de ces jeunes années, au carrefour des années 1970-1980, dans une ville moyenne de province. Les parents de « JiDé », comme chaque année, lui confient leur maison, là où il a grandi. Donc, il convie ses ami.e.s à une soirée, à une nuit… Il y a Walter dit « Rhodes », Alain alias « Abdul », Harold « le Major », et aussi Livia, la sœur de Walter. Avec « Bande de héros », Philippe Ridet- maître du style elliptique, nous offre en toute simplicité un roman d’excellence.
« Bande de héros »
Auteur : Philippe Ridet
Editions des Equateurs

« Un cœur outragé » de Philippe Torreton
A l’approche de la soixantaine, césarisé en tout début de carrière, Albert Stefan (né Jean Damiens, en Normandie) est devenu un comédien de second choix. Il est désabusé, puis a « un coup de génie ». Remonter à la surface, c’est le point de départ d’« Un cœur outragé », le nouveau roman de Philippe Torreton, comédien d’élégance et de caractère. Dans ce roman empli de mélancolie, débordant d’humour, le héros en mal de reconnaissance, avec l’aide d’un ami maquilleur et d’un autre producteur, disparaît sous les traits d’un personnage qu’ils vont créer. Et l’incroyable va se produire…
« Un cœur outragé »
Auteur : Philippe Torreton
Editions : Calmann-Lévy

 


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