Exposition : « Clair Azur » de Madjin, les yeux dans le bleu
- Écrit par : Romain Rougé
Par Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ L’artiste franco-canadienne présente « Clair Azur » au domaine Coste Moynier, une exposition à découvrir jusqu’au 28 février. Un travail lié à son attachement pour les paysages méditerranéens.
Madjin, en quelques mots, comment présenteriez-vous l’exposition « Clair Azur » ?
C’est une exposition composée d’œuvres créées durant l’été 2022 et inspirée par ma redécouverte des paysages méditerranéens. Je suis originaire de Montpellier mais je vis depuis 14 ans à Montréal. Le bleu du ciel et de la mer Méditerranée sont récurrents dans mon travail et m’inspirent depuis de nombreuses années. Puis je suis tombée littéralement amoureuse du domaine Coste Moynier qui accueille cette exposition : la lumière, les couleurs chaudes et surtout la vue sur les vignes et le Pic Saint-Loup m’ont impressionnée !
J’ai tout de suite eu l’envie de peindre une série de paysage du sud (motif que je n’avais jamais encore appréhendé) et des œuvres abstraites, lumineuses et colorées. Tel le fameux oxymore clair-obscur qui m’a inspiré le titre « Clair Azur », je joue sur la dualité de mes choix de couleur : le rouge vif et brutal déposé en épaisseur à la spatule s’adoucit au contact des variantes de bleu turquoise quasi transparentes…
La nature, sa force et sa beauté, semble être le fil rouge de cette exposition divisée en trois séries de tableaux sur toile. Quel rapport entretenez-vous avec la Méditerranée ? Qu’est-ce qui vous attire dans la culture méditerranéenne ?
J’entretiens un lien très fort avec la mer Méditerranée. Au Québec, je recherchais les points d’eau pour me ressourcer. Pendant toutes ces années à Montréal, j’étais réellement en manque du bleu Méditerranéen, alors je le mettais dans mes œuvres pour me rappeler d’où je venais. Le blanc de l’hiver qui dure de nombreux mois, ça me déprimait tellement... Pour contrer ce sentiment d’angoisse, je me rapprochais de mes origines en peignant des toiles colorées dont le bleu prédomine.
Pour cette exposition, je me suis laissée imprégner par les réminiscences de mes balades quotidiennes en bord de mer Méditerranée avec ma famille. Je me perdais dans la contemplation des possibilités infinies du bleu du ciel qui se fondait dans ceux de la mer. Je suis également très attachée aux paysages du Languedoc comme la vallée de la Buège, les Gorges de la Vis, les Cévennes où j’ai pu me promener durant ma jeunesse et qui m’ont sûrement marquée jusqu’à ce jour.
[bt_quote style="big-quote" width="0"]Le fait de recycler mes toiles n’est pas anodin pour moi : je ne supporte pas la surconsommation et essaie, dans mon art comme dans ma vie quotidienne, d’avoir le moins d’empreinte négative possible sur l’environnement.[/bt_quote]
Votre particularité est de créer sur des toiles déjà peintes trouvées dans la rue ou chez l’habitant. Comment et pourquoi avez-vous entamé ce procédé créatif ?
À Montréal, le recyclage fait partie de la vie quotidienne : dès mon arrivée, je suis tombée sur de nombreux objets abandonnés (dont des toiles) dans les rues. J’adorais me promener dans la ville sans savoir ce que j’allais trouver. J’ai décidé de les réutiliser sans les recouvrir totalement, souhaitant laisser une trace de l’ancienne peinture comme un hommage à ce qui a été. Sur les réseaux sociaux ou dans les rues, je me suis mise à rechercher des peintures sur toile pour leur donner une seconde vie. Parfois, la peinture trouvée m’inspire une œuvre abstraite, parfois, un visage se dessine dans ma tête. J’ai une trentaine de toiles recyclées actuellement.
Créer sur une toile déjà peinte est comme un dialogue sourd avec une personne inconnue. Je me filme souvent en train de créer l’œuvre sur Instagram et mes abonnés adorent voir la progression et le processus : c’est très différent d’une œuvre conçue sur une toile vierge.
Le fait de recycler mes toiles n’est pas anodin pour moi : je ne supporte pas la surconsommation et essaie, dans mon art comme dans ma vie quotidienne, d’avoir le moins d’empreinte négative possible sur l’environnement. J’ai aussi une fibre écolo me venant de ma mère qui travaille dans les énergies renouvelables !
Qu’aimez-vous dans l’art abstrait et figuratif que vous pratiquez vous-même aujourd’hui ?
J’aime pouvoir jongler entre les deux styles. La maîtrise du figuratif et le lâcher prise de l’abstrait me permettent de ne jamais tourner en rond. Au contraire, les deux styles me stimulent et m’inspirent réciproquement. On retrouve d’ailleurs, dans mes portraits de femme, ma gestuelle abstraite ainsi que mes couleurs vives et lumineuses.
Quels sont les peintres (ou les artistes) que vous admirez, qui vous ont accompagnés (ou vous accompagnent encore aujourd’hui) ?
Je n’oublierai jamais la magnifique rétrospective sur l’œuvre de Zao Wou-Ki au Pavillon populaire de Montpellier, il y a au moins une quinzaine d’années. J’ai été littéralement captivée et inspirée par ces grands formats durant mes études à l’école supérieure des Beaux-arts de Nîmes où j’ai peint mes premières peintures abstraites dans de très grands formats. J’ai également pensé aux Nymphéas de Monet qui m’ont profondément marquée et inspirée lorsque j’ai peint ma toile appelée « Réminiscence ».
J’ai vu une exposition somptueuse du Caravage au Musée Fabre qui m’avait complètement subjuguée par le réalisme et la contemporanéité des corps et des regards. Le regard mystérieux et envoûtant de La Mona Lisa m’a grandement influencé dans mes portraits et je souhaite créer un dialogue avec le regardeur ce qui fait que chacune de mes femmes a un regard franc et dirigé vers ce dernier.
Les artistes actuelles en art abstrait qui m’inspirent sont entre autres la jeune artiste québécoise Mélanie Arcand, Andrea Soos, Joy Kinna… Mais je ne m’inspire pas vraiment d’artiste en particulier en art abstrait. Je me laisse porter par mon instinct et mon envie.
Sur Instagram, je suis aussi de nombreuses artistes figuratives telles que l’artiste québécoise Sandra Chevrier et l’artiste française Johanna Tordjman, l’américaine Jade Yasmeen et la canadienne Ramona Nordal.
Exposition « Clair Azur » de Madjin
Du 9 décembre 2022 au 28 février 2023
Domaine La Coste Moynier – Saint-Christol
Horaires d’ouverture du domaine : du lundi au samedi de 9 h à 12 h et de 13 h à 19 h 30
Vernissage : vendredi 9 décembre, 18 h, au domaine La Coste Moynier à Saint-Christol
www.madjin.com
Instagram : https://www.instagram.com/karinemartineau_madjin/?hl=fr