Par Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ A l’aube de la quarantaine qui se rapproche, Antoine, jeune trentenaire, fait déjà le bilan de sa vie et pique déjà sa crise. Pourquoi n’arrive-t-il pas à trouver sa place dans ce monde ? Qu’est-ce qu’il faut pour être heureux et ressembler à tout le monde ?

Au fur et à mesure de réflexions nocturnes, il décide de tester certaines méthodes radicales dans sa quête initiatique du bonheur.
D’abord l’alcoolisme, après tout un alcoolique est perçu par la société comme malade, traité, soigné et on cherche à l’aider. Manque de pot, il frise le coma éthylique après une bière. Alors pourquoi pas le suicide, au moins vouloir en finir lui permettra de découvrir un ailleurs apaisé. Manque de chance, l’association de quartier qui lui donne cours n’est pas très pédagogique. Alors en conclusion et si finalement ce n’était pas son intelligence supérieure qui le desservait ? Devenir stupide le rendrait-il normal et plus propice au bonheur sans se poser de questions ?

Adaptée d’un roman, la pièce nous entraîne dans un enchaînement de situations plus cocasses les unes que les autres dans cette quête effrénée à la recherche de son identité idéale : entre rencontres professionnelles, moments de vie entre amis, prises de conscience et découverte de soi, Antoine dérive sans cesse dans des moments plus fantaisistes les uns que les autres ; le tout dans une belle énergie collective. Ces instants contrastent avec le recul d’un Antoine plus âgé et plus mûr, joué par un autre comédien, qui se veut le relais narratif de la personne apaisée qui revient sur ses égarements d’une jeunesse perdue.

L’ensemble est très rythmé, malgré quelques transitions un peu longues entre narration et scènes de jeu, avec une scénographie minimaliste où les éléments de mobilier mobiles donnent vie temporairement à un espace dédié avec couleur et légèreté.
Les personnages sont marqués et hauts en couleur, tous plus décalés et loufoques, nous entraînant dans une sympathique folie douce et une farce totalement absurde. Les comédiens jouent avec beaucoup de générosité, d’intensité et de nuances pour faire vivre ce kaléidoscope.
Dommage qu’il ne soit pas servi par le texte qui, entre esprit moralisateur et facilités, n’évite pas les clichés (être stupide reviendrait à manger au Mc Do ou à devenir trader et riche, avec ce que cela comporte de stéréotypes).

« Comment je suis devenu stupide Â» reste une comédie légère et divertissante où l’incompréhension de soi-même et des autres, la place individuelle à trouver dans un espace collectif qui définit ce qu’on attend de nous ou non, sont abordées sous le trait d’un humour absurde et sarcastique. Un miroir de notre société et de la quête de sens traité avec fantaisie.

Comment je suis devenu stupide
Auteur : Martin Page
Avec  Thomas Cauchon, Mylène Crouzilles, Nicolas Délié, Benoît Gourley
Mise en scène : Grégory Baud

Dates et lieux des représentations: 

- Jusqu'au 23 novembre 2025  au Théâtre Funambule Montmartre - Paris