Par Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ Scapin n’est plus à une fourberie près. C’est ce à quoi a dû penser Imad Assaf au moment où il a monté et mis en scène ce monument classique.  Oui, d’entrée, la scénographie est déroutante : le décor d’entrepôt, fait de palettes de bois, ustensiles de chantiers et bidons plastique, offre une découpe inhabituelle des scènes. La mise en place très proche du public et le jeu des acteurs qui se déploient dans la salle et sur l’avant-scène forment des tableaux qui créent un terrain narratif à la manière d’un thriller façon Tarantino. Cette atmosphère cinématographique est renforcée par des acteurs-régisseurs qui éclairent de leurs projecteurs ceux qui jouent en suivant leur mouvement et apportent de la spontanéité et de la tension dramatique.

Oui le propos est résolument moderne…et osé car ce film urbain perturbe la perception classique de ce chef d’œuvre : parfois à propos, avec un vent de fougue et de fraicheur qui dépoussière le genre, parfois ne mettant pas en valeur la beauté du texte et l’appauvrissant de sa substance. Le parti pris, trop moderne par moments (des comédiens en habits contemporains, un Octave en short, de la musique urbaine) et un jeu d’acteurs très hétérogène, nuisent à l’incarnation authentique de la dramaturgie.

On retrouve pourtant la thématique amoureuse au cÅ“ur du propos : l’amour des codes et des principes des pères, l’amour de la révolte des fils et l’amour de la liberté de Scapin. Saluons à ce titre la formidable prestation de Brice Borg dans un Scapin énergique,  dénué de tout sens moral et aux effets comiques efficaces. Pour sa prestance et l’originalité globale de la démarche artistique, ce serait une fourberie de plus de ne pas y aller. 

LES FOURBERIES DE SCAPIN – UN THRILLER DE MOLIERE 

MISE EN SCENE DE IMAD ASSAF 

Au THEATRE DOUZE  (6 Avenue Maurice Ravel 75012 PARIS) du 12 au 31 Janvier 2016 DU MARDI AU SAMEDI à 20 H 30 et le DIMANCHE à 15 H 30.