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Le Malade Imaginaire de Clément Pouillot : un cabinet cabaret médical

  • Écrit par : Valérie Morice

theatrePar Valérie Morice - Lagrandeparade.com/ Quand on annonce à son entourage que l’on va au théâtre pour assister à une représentation du Malade Imaginaire, la dernière pièce écrite par Molière, on pourrait presqu’entrapercevoir dans les yeux de son interlocuteur un je ne sais quoi de compassion. Que nenni Messieurs Dames ! L’ennui n’est pas de mise dans cette adaptation proposée par le Théâtre 100 Noms. Le succès est d’ailleurs tel que cette pièce entame sa deuxième saison.
Quel est donc le secret de ce Malade Imaginaire qui attire les foules Nantaises ?
Tout d’abord une mise en scène moderne et divertissante de Clément Pouillot, portée par six « artistes » talentueux, complets et « pluridisciplinaires » (le terme de « comédiens » serait à ce niveau réducteur eu égard au travail généreusement offert et distribué au public).
Car effectivement ici, on parle bien d’artistes, de saltimbanques capables de passer d’un personnage à un autre (Mickaël Boule ne joue pas moins de 4 personnages dont 2 par un subterfuge plus qu’original et maîtrise le feu de main de maître) mais aussi aptes à s’adonner à la chansonnette (intégrer du Michel Delpech ou du Serge Lama dans une pièce du 17ème siècle il fallait oser !)
S’ajoutent à cela des numéros de danse, un exercice de tissu aérien poétiquement et gracieusement réalisé par Mélanie Vindimian (qui joue Angélique et la sœur d’elle-même !) et l’entrée en scène sur des échasses de Christophe Valério dans les rôles de Cléante l’amante d’Angélique, et le plus surprenant dans celui d’une femme (bien trop sexy pour l’époque !), Béline la seconde femme d’Argan.
En résumé, une pièce de théâtre « à la croisée du cirque et du music-hall ». Les costumes réalisés par Julie Coffinières, associés au décor modulable et moderne de Philippe Ragot nous plongent dans une atmosphère intemporelle, à la limite d’un monde futuriste et d’un monde révolu (le texte est resté cependant fidèle à son époque), qui n’est pas sans rappeler, et c’est un euphémisme, le monde imaginaire de « La Cité des Enfants Perdus » de Jean-Pierre Jeunet (décor de sous-marin, cyclope etc…).
Saluons le rôle incroyable de Xavier Doizy, ce malade imaginaire de talent qui connaît son sujet puisqu’il a étudié et enseigné les classiques de Jean-Baptiste Pocquelin durant des années à l’université d’Avignon. Un jeu de scène haletant, en perpétuel mouvement, au cours duquel il tient la cadence verbale et physique sans une once de repos (sauf quand il feint d’être mort) durant 1h30.
N’oublions pas non plus Emmanuelle Burini dans le rôle de Toinette, la servante, qui change de costume aussi vite que son ombre, et Anthony Boulc’h le musicien fétiche « in vivo » du Théâtre 100 Noms qui assure également les compositions du « Dîner de cons », et qui malgré un rôle tout en discrétion apporte la touche musicale originale : la chansonnette de la scène finale plus qu’entraînante et qui vous emporte dans un tourbillon de rires et vous donne le tournis, quel cadeau empoisonné !!
Cette comédie familiale déjantée et loufoque est une véritable plongée dans l’imaginaire d’un malade hypocondriaque (obsédé des lavements – préparez-vous d’ailleurs à ce que vos enfants s’ils vous accompagnent vous en demande la signification) et une grande réussite tant sur le plan artistique que conceptuel.

Le malade imaginaire

Avec Anthony BOULC’H, Mickaël BOULE, Emmanuelle BURINI, Xavier DOIZY, Christophe VALERIO et Mélanie VINDIMIAN
Mise en scène : Clément Pouillot, assisté d’Armonie Coiffard
Musique : Anthony Boulc’h
Chorégraphie : Clara Gaudin
Chorégraphie aérienne : Seiline Vallée
Costumes : Julie Coffinières
Décors : Philippe Ragot
Lumières : Anne Coudret

Dates et lieux des représentations: 

- Tous les dimanches à 17h15 jusqu’en janvier 2020 au Théâtre 100 Noms, Hangar à bananes ( 21 quai des Antilles, 44200 Nantes)


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