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« Robert Evans : mémoires » : le dernier Parrain d’Hollywood

  • Écrit par : Guillaume Chérel

robert Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ Robert Evans, l’un des grands producteurs américains, décédé en 2019, avait écrit ses mémoires, publiés dans une version écourtée.

Les éditions Séguier publient (enfin) le texte original. Rappelons aux plus jeunes, ou non cinéphiles, qui il était : Le Parrain, de Francis Ford Coppola, Rosemary’s Baby et Chinatown, de Roman Polanski, c’est encore lui. Comme Marathon Man, de John Schlesinger, Love Story, Harold et Maude, Serpico, Cotton Club… N’en jetez plus. Mais avant de devenir l’un des « party animals » les plus célèbres d’Hollywood, depuis Errol Flynn, avec ses amis Jack Nicholson, Warren Beatty, Al Pacino, mais aussi Ava Gardner, ou Sharon Stone, la vie de Robert Evans ne fut pas une sinécure.

Né en 1930, à New York, passionné de cinéma, il a rêvé d’être acteur, avant de produire de grands films. Dès l’adolescence, à force d’insister, il a « décroché » des petits rôles à la radio, et à la télé. Mais sa carrière dans la comédie s’est arrêtée aux portes du réel. Pour survivre, il vend des pantalons… pour dames, qui lui assure un certain succès. Mais ce n’est pas dans le prêt-à-porter qu’il veut devenir une star. Bombardé jeune et sans expérience à la tête des studios Paramount, il en fait le studio le plus rentable de la place. Bref, sa vie est un film, dans la grande tradition américaine. Ou comment réussir dans le bizness, en partant de rien, à la force du poignet – et un peu de chance -, à défaut de talent d’artiste.

Ces mémoires nous plongent dans un Hollywood qui n’existe plus (celui de Goldwyn, Fox, Mayer, Warner, etc.). Robert Evans se donne le beau rôle, évidemment, dans la catégorie « homme à femmes » (il fut marié sept fois), mais il pavoise moins quand Ali MacGraw le plaque pour rejoindre Steve McQueen. Nous sommes à des années-lumière du mouvement #MeToo. Tout n’est pas raconté, évidemment. Mais ces souvenirs donnent une bonne idée de ce microcosme où les soirées mondaines sont plus importantes que les castings. Ou comment l’industrie (du cinéma US) a (presque) toujours pris le pas sur les véritables artistes du 7e art. Il s’agit ici des coulisses, l’envers du décor, entre ombres et lumières. Loin des strass et des paillettes. Et tout n’est pas beau à voir. Il raconte comment se concluent certains contrats, comment naissent des « stars », et le succès, et comment se trament les intrigues

La carrière de Robert Evans parle pour lui. Grace à sa conviction, son engagement total, face aux « argentiers », des chefs-d’œuvre ont pu voir le jour, et de grands réalisateurs ont pu s’exprimer à peu près librement. Parce qu’il était avant tout resté ce gamin rêvant de cinéma.

Il est sans concession, voire sans illusions, car plein d’humour. Ses Mémoires, il les a écrites avec le recul nécessaire à une meilleure vision des choses. Parues il y a trente ans, devenues introuvables, les voici enfin rééditées, enrichies de chapitres inédits : moteur demandé. Ça tourne !

Robert Evans : mémoires
Editions : Séguier
Préfaces :  Fabrice Gaignault & Peter Bart
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marianne Véron
576 pages
Prix : 24, 90 €
Parution :  2 octobre 2025


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