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Seule contre Hollywood - la première actrice à avoir dénoncé le système : Elle s’appelait Patricia Douglas

  • Écrit par : Guillaume Chérel

patriciaPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/ « Je n’essayais pas d’obtenir quoi que ce soit. Je voulais juste que quelqu’un me croie », n’a cessé de répéter Patricia Douglas, âgé d’une vingtaine d’années au moment des faits. Nous sommes le 5 mai 1937, soit près de 90 ans avant #MeToo. Cent-vingt danseuses professionnelles sont recrutées pour un « tournage » par la Metro-Goldwyn-Mayer. Mais les jeunes femmes se retrouvent propulsées dans une gigantesque soirée privée, organisée pour 282 représentants commerciaux. Agressée aux toilettes (pour femmes) durant la soirée, Patricia ne se dégonfle pas. Dès le lendemain, elle décide de porter plainte contre le plus puissant des studios hollywoodiens. A l'époque, ce genre d'affaires se règle en privé, après des coups de pression, comme on dit aujourd’hui, d'intimidation et d'arrangements financiers.

D’après une histoire vraie, « l'affaire Patricia Douglas » est probablement le plus gros scandale jamais enterré de l'histoire de l’industrie cinématographique. Elle a été moquée, insultée, menacée. La presse à scandale l’a surnommée la « petite amie d’Hollywood », puis qualifiée de « femme la plus dangereuse du monde »… à l’âge de vingt ans. Elle est morte sans avoir eu gain de cause, malgré son courage et sa détermination. Hommage lui est enfin rendu aujourd’hui.

L’auteur, Halim, illustrateur et scénariste, déroule l’enquête comme le journaliste qu’il est également. Il raconte comment elle doit d’abord convaincre sa mère, qui l’avait poussér à tenter sa chance à Hollywood. C’était une opportunité à ne pas laisser passer. Le cachet était raisonnable. Difficile de refuser cet argent facile. Enfin, trouver un avocat qui accepte de la défendre ne fut pas une sinécure. Car au lieu de passer pour une victime, elle est accusée de vouloir se faire de la pub, et de l’argent, encore, avec cette histoire somme toute banale, à l’époque, et encore tout récemment.

Ce n’est qu’en 1973, qu’un juge à la Cour suprême des Etats-Unis, reconnaitra ceci : « Notre nation a une longue histoire et malheureuse tradition de discrimination sur le sexe légitimée par une attitude de « paternalisme romantique », qui a pour effet de placer les femmes non pas sur un piédestal, mais dans une cage. Qu’un homme de pouvoir, tel que ce William Brennan, dise cela, était un premier pas, mais pour le « romantisme », on repassera. Il s’agissait de « culture du viol », infligé au sexe dit « faible ». A aucun moment il n'évoque l’abus d’autorité, ni le patriarcat, ou ne conçoit l’idée même de « parité ». Halim montre bien, avec son trait gras, en noir et blanc, qu’il s’agissait de grossiers personnages, agressifs et avinés, venus consommer de la chair fraiche offerte en pâture.

Cet album, conçu par un homme, est dédié au « goût révolutionnaire et délicieux de la « sororité ». N’oublions pas qu’il n’y aura pas d’avancée, tant que les hommes ne seront pas (tous) éduqués dans le sens du respect de chacun.e. Dans « Gatsby le Magnifique », Scott Fitzgerald, dont il est de coutume de dire que sa femme, Zelda, était « folle », il est écrit ceci : « (…) je suis heureux que ce soit une fille. Et j’espère qu’elle sera idiote. Une ravissante petite idiote. On ne peut pas souhaiter plus beau destin pour une fille ici-bas. » Tout le contraire de Patricia Douglas, et d’une certaine Norma Jeanne Baker, alias Marilyn Monroe, qui elle fera « carrière » envers et malgré la gent masculine, qui la prenait pour une jolie sotte. Quant à Patricia, après trois mariages, à 37 ans, elle renonça définitivement au sexe et aux hommes en général. Vivant seule jusqu’à la fin de ses jours, elle meurt le 11 novembre 2003, à l’âge de 86 ans. Libre et indépendante.

Seule contre Hollywood : la première actrice à avoir dénoncé le système 
Editions : Steinkis
Auteur : Halim
100 pages
Prix : 20 €
Parution : 20 février 2025

 

 

 


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