Menu

Robinson : un spectacle tonifiant, généreux. Utile.

  • Écrit par : Christian Kazandjian

RobinsonPar Christian Kazandjian - Lagrandeparade.com/ Librement adapté du roman de Daniel Defoe, ce Robinson convoque nos rêves de naufragés pour un monde meilleur.

Qui ne connait pas l’histoire de Robinson Crusoé, personnage du roman de Daniel Defoe, devenu figure universelle ? Les adaptations se sont multipliées, au cinéma, de Méliès jà Seul eu monde, en passant par des textes s’en étant inspiré : on pense à Michel Tournier, à Patrick Chamoiseau. Le livre de Defoe, publié en 1719, figure au rang de classique de la littérature mondiale. Il faut dire que le thème de la survie hante, depuis l’aube de l’humanité, les consciences. On connait donc Robinson, marin rescapé d’un naufrage en 1659, son abordage sur une île inhabitée, puis l’arrivée d’un « bon sauvage Â» qu’il nommera Vendredi et en fera son serviteur. Avec Robinson, pièce écrite, mise en scène et jouée par Erwan Creignou, l’action toute entière se déplace dans le huis-clos du théâtre. Si le comédien a gardé la trame du roman de Defoe, il y apporte de notables transformations, sans pour cela trahir le thème central de la solitude et de la solidarité. Sauf qu’ici, peu à peu, les rapports entre le naufragé et l’homme sauvé des griffes des cannibales, s’inversent : l’aborigène conteste l’autorité que le blanc se croît autorisé d’imposer, du fait de son statut de « civilisé Â». Robinson apprend de celui qui connaît le mieux la nature qui les entoure. Leur rencontre devient cohabitation forcée, puis franche amitié : ils partagent ainsi leurs savoirs respectifs, dans le respect de leurs différences.

Un hymne à l’humanité

Les monologues du début : lutte contre le désespoir, la folie, sont fidèles au modèle romanesque. Les choses changent avec l’arrivée d’un « sauvage Â» affublé du nom de Vendredi qui exige et obtient d’être appelé Will. Erwan Creignou, seul en scène, interprète, avec bonheur, les deux personnages : un simple regard vers le haut, indique une différence de taille défavorable à l’Anglais. Les dialogues, dès lors, sont empreints d’humour, d’empathie, de sérénité, contrastant avec le récit de la tempête (une bâche plastique violemment agitée évoque la mer en furie.) Le décor, une luxuriante végétation édifiée en demeure, quelques caisses sauvées de la catastrophe, symbolisent le lent travail d’adaptation à la nature, l’ingéniosité et la volonté de l’homme. Erwan Creignou apporte, avec intelligence et sobriété, cette humaine épaisseur, entre sagesse et dérision, aux deux êtres qu’il incarne. Le spectacle est un hymne à l’humanité, un appel à la résistance lancé à tous les naufragés d’un système actuel faisant la part belle à l’égoïsme, à l’accumulation du capital, à la guerre, tares qui ruinent la planète, et affectent la grande masse de ses habitants. Ah ! Redevenir ces enfants qui rêvent, qui rient, qui s’aiment : un « vivre ensemble Â» fait réalité. Un spectacle tonifiant, généreux. Utile.

Robinson
D’après Daniel Defoe
Adaptation, mise en scène et interprétation :  Erwan Creignou

© Fabienne Rappeneau / © Cavernes Pourpres

Dates et lieux des représentations :

- Jusqu’au 2 novembre 2025 au Théâtre Le Lucernaire, Paris 6e (01.45.44.57.34.) du mercredi au samedi, 19h, dimanche, 15h30.


À propos

Les Categories

Les bonus de Monsieur Loyal