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Mickaël : de la dangerosité de nos fascinations enfantines

  • Écrit par : Xavier Paquet

MichaelPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ Noir intégral, baskets luminescentes, pas de danse endiablés desquels jaillit la lumière : derrière son costume brillant, ses lunettes de soleil et son chapeau, le jeune adolescent Benjamin Wangermée nous emmène dans le tourbillon d’une chorégraphie de Mickael Jackson.

Il nous transporte surtout dans son monde : celui d’une chambre des années 90, aux couleurs de l’époque, celui d’un fan inconditionnel du roi de la pop qui n’existe que par le prisme de son idole.

L’histoire n’est pas celle d’un fan de Mickael Jackson, elle est celle d’un adolescent qui ne trouve refuge que dans la musique et entre les murs de sa chambre. Refuge est le mot car il ne se construit que dans la fascination et la figure de son idole. Jusqu’à la mort de ce dernier. Inconcevable, irrémédiable, un tournant dans la vie de l’ado qui n’a plus de but ni de sens et se débat à la recherche de sa raison d’être dans l’intimité d’une famille et des secrets. Et qui veut se muer en successeur pour continuer à faire vivre son étoile.

La scène traduit cet environnement : un lit, un écran de télé, quelques posters et une porte pour figurer la chambre de l’ado. Un mur digital sur la gauche qui s’éclaire lors des conversations virtuelles du jeune garçon, enfermé dans sa chambre et son isolement social. Un mur de petites télés rétros en fond de scène qui s’allument pour faire vivre et mourir la légende.

Très simple et très pur dans sa forme et sa sincérité, le texte met en lumière la dangerosité de nos fascinations enfantines, les troubles identitaires dans la construction et plus généralement les troubles obsessionnels et compulsifs qui peuvent en découler. Avec émotion, il nous emmène dans ce monde de l’image et cette prison mentale : enfermement de l’adolescent qui refuse le monde des adultes, enfermement de l’individu dans sa recherche d’identité et sa construction personnelle. On devine le caractère autobiographique de la pièce dans la justesse du comédien qui nous fait vibrer et captive par son humour, sa capacité à incarner l’ensemble des personnages et à les faire exister avec émotion.

Cette magnifique pièce nous enivre par sa fraicheur et sa grande sensibilité. Elle force à nous remémorer nos rêves d’enfant et notre quête de ressemblance identitaire dans l’envie d’exister.
Où comment en tentant d’être un autre, on perd l’image que l’on a de soi et on ne devient pas soi-même.
L’un des titres de l’album phare Number Ones s’appelle Human Nature : tout sauf un hasard…

Mickaël de Benjamin Wangermée, Sigrid Carré-Lecoindre

Metteur en scène : Elie Triffault, Benjamin Wangermée
Interprète(s) : Benjamin Wangermée
Création lumière : François Pelaprat
Création musicale : Sébastien Gisbert, Ananda Cherer
Création Vidéo : Elie Triffault, Jérôme Jomie
Production / Diffusion : Sylvain Berdjane

Dates et lieux des représentations: 

- À 15H50 : DU 6 AU 29 JUILLET 2018 - RELÂCHES : 12, 19, 26 JUILLET / Ã€ 20H55 : 11, 18, 25 JUILLET - BÉLIERS (THÉÂTRE DES) ( 53, rue du Portail Magnanen, 84000 - Avignon) - Festival Avignon Off 2018


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