Orphée aux Enfers des Folies Lyriques : Merci pour ce moment!
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade. fr/ Quelle divine récréation lyrique que cet Orphée aux Enfers mis en scène par Ted Huffman et accompagné avec brio par l'orchestre dirigé par Jérôme Pillement!
Nous sommes dans le hall d'un hôtel de luxe . Eurydice attend son amant Aristee lorsqu'elle voit débarquer son mari venu, lui aussi, jouir d'un amour extra-conjugal. Une dispute s'en suit : Eurydice ne supporte plus d'entendre son mari jouer du violon, ce dernier décide de se venger sans anticiper que le serpent destiné à l'amant piquera son épouse adultérine. Ce décès, d'ailleurs, arrangerait bien Monsieur si l'Opinion publique ne s'en mêlait pas et l'obligeait, pour les convenances, à aller chercher sa femme aux Enfers. Orphée s'y plie alors de mauvaise grâce...Les dieux de l'Olympe, de leur côté, s'ennuyant ferme à s'enivrer d'ambroisie et à se raconter les frasques amoureuses de Jupiter, sautent sur l'occasion d'y faire un tour aussi pour vérifier si l'Enfer est véritablement pavé de bonnes intentions! Une parodie du mythe classique qu'Offenbach s'est amusé à détourner et qui met à mal une vision naïve de l'amour conjugal et régle au passage quelques comptes avec les dirigeants de ce monde.
Ted Huffman a effectué un travail de direction des interprètes de qualité ; Eurydice est pétillante à souhait, Jupiter métamorphosé en mouche est d'une grande drôlerie, Pluton, ange noir, séduit par son décalage cynique indécrottable, Cupidon espiègle charme avec son chant des bisous et l'Opinion Publique est castratrice jusqu'à la pointe des gants Mappa. Les décors sont d'un réalisme superbe, les costumes rivalisent d'humour et d'inventivité.
Respectant avec pertinence l'œuvre d'Offenbach, cette version joue avec humour des références mythologiques : le Cerbère aux trois corps d'éphèbe ceints de cuir ajoute davantage aux Enfers la dimension de luxure, le choix de représenter les dieux de l'Olympe comme des obèses inactifs ( Vénus, au collier de coquillage et dans ses positions enamourées, est tordante de ridicule, Diane et son Acteon-cerf décapité - sur demande du paternel pour respecter les bienséances mythologiques - s'avère fort cocasse et Junon, à la plastique de bibendum, ne manque pas toutefois pas de caractère, même si elle a bien du mal à conserver les yeux de son époux volage sur ses atouts graisseux. Cette satire en bonne et due forme des puissants qu'Offenbach orchestrait se retrouve ainsi fidèlement dans cette version qui ménage des clins d'œil modernes récurrents à l'actualité.
Que dire de plus? Les tableaux se succèdent de manière esthétique, Ted Huffman aménageant l'espace avec talent. La musique et les voix s'accordent harmonieusement à cette fantaisie lyrique attrayante! Et comme dirait Jupiter, on Like!
Orphée aux Enfers
Opéra bouffe en 2 actes et 4 tableaux Livret de Hector Crémieux et Ludovic Halévy Créé le 21 octobre 1858 au Théâtre des Bouffes-Parisiens (version mixte, remaniée en 1874 pour le Théâtre de la Gaîté)
Direction musicale : Jérôme Pillement
Mise en scène : Ted Huffman
Décors, Costumes & Lumières : Clement & Sanôu
Chorégraphie : Yara Travieso
Adaptation du livret : Alain Perroux
Orphée : Sébastien Droy &
Eurydice : Alexandra Hewson
Jupiter : Franck Leguérinel
L’Opinion publique : Doris Lamprecht
John Styx : Yves Coudray
Cupidon : Jennifer Courcier
Aristée/Pluton : Loïc Félix
Vénus : Marie Kalinine
Diane : Anaïs Constans
Junon : Lisa Barthélémy
Mercure : Samy Camps
Minerve : Marie Sénié
Chœur de l'Opéra national Montpellier Languedoc-Roussillon
Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon
Nouvelle production /
Coproduction Opéra national de Lorraine, Angers-Nantes Opéra et Folies lyriques
Dates :
- Les 2, 3 et 5 juillet 2016 à 21h30 à l’Amphithéâtre d’Ô - Folies Lyriques - Montpellier
Orphée aux Enfers : Amour, Humour et Féérie pour les folies d'O montpelliéraines