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Belle d'hier : féminisme et synesthésie en éclaboussures salvatrices

  • Écrit par : Julie Cadilhac

Belle d'hier Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Lumière sur le plateau. En fond de scène, une chambre froide dans laquelle on distingue des êtres en combinaisons thermiques aux visages protégés contre la morsure du gel  qui s'affairent dans les vapeurs de condensation. Ronronnements des moteurs. Le froid se fait entendre avant de s'immiscer ( lorsqu'on ouvre les baies) sur le plateau et dans la salle ; il s'invite, colle notre peau et nous étreint.

Avec la Cie Non Nova, on le sait, on est là pour sentir et ressentir...la synesthésie opère par paliers. Installation d'un décor constitué de plusieurs rangs de statues féminines sans tête et sans main, qui, bras tendus ou écartés en croix, nous font face. Fantômes étonnants et attirants. Que nous veulent ces femmes encapuchonnées? Quels mots n'entendons-nous pas? Est-ce une allégorie d'une humanité implorante qui se cristallise dans ces géantes de tissus pétrifiées qui s'effondrent peu à peu sous l'effet de la chaleur - véritable métaphore de la vie qui les use ou de leurs rêves qui partent en lambeaux? Baigné d'une musique intemporelle et d'effets de lumière qui réussissent avec esthéticité à créer des effets d'irisements et de matières sur les robes de ces pleureuses, le plateau devient un tableau où l'immobile se met en mouvement grâce à la physique. Ces statues de tissus libèrent peu à peu des larmes glacées puis sont déconstruites par les mains actives des performeuses en combinaisons qui leur volent ensuite la vedette, femmes de chair, d'os et de sang. Ces dernières s'extirpent de leur chrysalide sombre, opérent une métamorphose et arborent des robes à volants de couleur. Plus question d'un tableau contemplatif, le mouvement devient le battement de coeur entêtant et la raison d'être du plateau. C'est l'heure des Temps modernes. En cadence, ces femmes travaillent à la chaine, aspergées d'eau, les cuisses et les genoux rougeoyants, elles s'épuisent, battent leur lessive comme on bat la mesure, unies et solidaires... et ne faiblissent pas, merveilleuses dans cette chorégraphie de l'effort. Tout est décomposé en taches élémentaires qui s'exécutent de manière successive et répétitive; chacune à un poste fixe, sous les averses des tissus qui dégouttent, entourées de seaux. Ces amazones du quotidien évoluent dans un tableau hypnotique où tout n'est que ruissellement...l'eau omniprésente, élément de vie et de fécondité, est en osmose avec la représentation du féminin. Le dernier tableau est une mise à nu. Une incitation à les voir autrement? Vulnérables et femmes, elles sourient...Peu à peu, le rire les secoue, violent, libérateur...ceintes de vapeur, elles semblent chimériques. Elles ont la réalité de la vapeur des songes...

Artiste plasticienne, Phia Ménard poursuit sa recherche esthétique autour des éléments. "Belle d'hier" joue avec l'Eau et la Vapeur comme le poète use des mots pour créer des images poétiques superbes. Nous invitant à voir le monde autrement, il faut apprendre à lâcher prise pour apprécier totalement la qualité de ses spectacles. "Belle d'hier" est une odyssée au coeur des sens et de ce que nous sommes, une expérimentation pour percevoir l'essence même de la sensibilité. Un chant féministe sans revendication agressive, un hommage éclaboussant de force aux filles d'Eve...

Belle d’hier - Compagnie Non Nova
Idée originale et scénographie : Phia Ménard


Dramaturgie et mise en scène : Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault 


Création et interprétation : Isabelle Bats, Cécile Cozzolino, Géraldine Pochon, Marlène Rostaing, Jeanne Vallauri


Composition sonore et régie son : Ivan Roussel 


Création lumière et régie lumière : Alice Rüest


Création robes et costumes : Fabrice Ilia Leroy 


Régie générale et plateau : Pierre Blanchet 
 - Régie plateau : Mateo Provost - 
Régie des glaces : Rodolphe Thibaud


Construction décor et accessoires : Philippe Ragot assisté de Angela Kornie



Durée: 1h15

©Jean-LucBeaujault

Dates des représentations:

- Les 10 et 11 décembre 2015 à la Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau ( 34)

- 13 et 14 janvier 2016 : Le Carré, Scène Nationale de Château-Gontier (53)
- 20 et 21 janvier 2016 : Théâtre de Cornouaille, Scène Nationale de Quimper (29)
- du 3 au 5 février 2016 : La Criée - Théâtre National de Marseille (13)
- 10 et 11 mars 2016 : Les Quinconces-L'espal théâtres, Scène Conventionnée danse - Le Mans (72)
- 16 et 17 mars 2016 : Le Grand R, Scène Nationale de La Roche-sur-Yon (85)
- 25 et 26 mars 2016 : Festival SPRING / La Brèche, Pôle National des Arts du Cirque de Basse-Normandie-Cherbourg-Octeville (50)
- du 31 mars au 1 avril 2016 : Comédie de Caen - CDN de Normandie (14) dans le cadre du Festival SPRING
- du 27 au 29 avril 2016 : Maillon - Théâtre de Strasbourg - Scène européenne (67), en co-accueil avec le TJP, Centre Dramatique National d'Alsace-Strasbourg
- 11 et 12 mai 2016 : Le Quai - CDN - Angers (49)
- 19 mai et 20 mai 2016 : Théâtre Les Treize Arches, Scène Conventionnée de Brive-la-Gaillarde (19)
- 26 mai 2016 : Théâtre d'Orléans, Scène Nationale (45)

 

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