Parasites : un poème musical et circassien qui crée un monde à partir du néant...
- Écrit par : Virginie Gossart
Par Virginie Gossart - Lagrandeparade.fr/ Trois hommes échoués dans un décor post-apocalyptique, la tête coincée dans un bloc de béton... C'est le point de départ de ce spectacle très symbolique qui emprunte au moins autant au théâtre qu'au cirque. Pourtant, les mâts chinois sont bien là : mais ce qu'en font Moïse Bernier, Thomas Garnier et Nicolas Gomez ne ressemble en rien à ce que l'on peut voir d'ordinaire avec ce type d'installation.
Immédiatement, le spectateur est plongé dans un univers en décomposition, un monde absurde empli de cris, de bruits et d'agitation vaine, où l'homme cherche désespérément à s'en sortir, à trouver un sens à son existence. Les moyens divergent : tandis que l'un extirpe sa tête en tirant sur le parpaing comme un forcené, le second le casse à grand coup de masse. Quant au troisième, il ne parviendra que bien plus tard à se libérer de son poids. On pense beaucoup à Beckett et à sa manière à la fois mélancolique et burlesque de mettre en scène la dérisoire condition de l'humain. Les personnages de "Parasites" attendent aussi quelque chose... mais quoi ? Le savent-ils eux-mêmes ? Toutefois, à la différence de Beckett, les trois compères ne vont pas passer tout leur temps à espérer que quelque chose se produise. Ils vont agir, tentant de construire ensemble une oeuvre afin de résister à une chute inéluctable. Ce ne sera peut-être qu'une utopie illusoire, mais elle aura le mérite d'exister. C'est ici que les mâts entrent en scène. Ils vont permettre cette élévation, difficile et accidentée d'abord, mais peu à peu de plus en plus efficace, de plus en plus belle aussi. Et même si à la fin, seul l'un des trois réussit à s'envoler, cet envol est bien le résultat d'une oeuvre construite collectivement.
La musique live de Thomas Garnier et Nicolas Gomez, dans son aspect fragmenté, répétitif et expérimental, épouse à la perfection cette ascension fragile, courageuse et collective. Le travail de la lumière concourt également à la création d'une esthétique paradoxale, entre désolation tragique et brusques sursauts d'optimisme.
Et l'on reste longtemps impressionné par l'aisance avec laquelle Moïse Bernier évolue sur les mâts chinois : chaque geste, au-delà de l'indéniable performance physique qu'il implique, nous apparaît comme simple, inné, et naturel pour l'artiste. La poésie du spectacle n'en est que plus remarquable. Encore une autre manière de donner ses lettres de noblesse à un art qui, bien loin de se contenter d'une succession de numéros, cherche à trouver un sens et une direction. Même si, comme dans la vie, cette recherche implique échecs et écarts.
Parasites
Spectacle produit par la Compagnie Galapiat Cirque.
Distribution : Un projet initié par Moïse Bernier.
De et avec : Moïse Bernier, Thomas Garnier et Nicolas Lopez.
Musique : Thomas Garnier et Nicolas Lopez.
Collaboration dramaturgique et mise en jeu : Sébastien Bournac.
Création lumière, régie générale et régie lumière : Anthony Lopez.
Costumes et scénographie : Nadège Renard.
Crédit-photo : Sébastien Armengol
Dates des représentations :
- Du vendredi 15 au dimanche 17 juillet, Théâtre de la roche - Alba-la-Romaine (07) - Festival d'Alba la Romaine
- du 21 au 24 juillet : festival Chalon dans la rue (71)
- 29 septembre : Le Chai du terral - St Jean de Vedas (34)
- Du 7 au 30 juillet 2017 - Occitanie fait son cirque - Île Piot - 19h - Festival Avignon Off
- Du mardi 17 au mercredi 18 octobre 2017, Le Sorano - Toulouse (31) au festival l'Européenne de Cirques
- Du vendredi 20 au samedi 21 octobre 2017 , Auch (32) au festival CIRCa
- Le mardi 14 novembre 2017, Lille (59) à l'Aéronef
- Du jeudi 16 au dimanche 19 novembre 2017, Châtenay-Malabry (92) au Théâtre Firmin Gémier - la Piscine
- Du 31 janvier au 2 février 2018 à Sortie Ouest- Béziers ( 34)
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