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Forza Italia ! : un siècle d’immigration et de culture italienne en France

  • Écrit par : Guillaume Chérel

Ciao ItaliaPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.frLes ritals, de Cavanna, nous saluent bien bas, au Musée National de l’histoire de l’immigration. Ce, jusqu’au 10 septembre prochain, au moment où Armand Gatti, le dernier des mohicans, artistes anarchistes, vient de nous quitter. Il suffit de citer aussi Yves Montand, Serge Reggiani et Lino Ventura pour évoquer l’impact de nos cousins latins sur la vie culturelle française. Sans oublier les sportifs comme Piantoni, Platini… et ces millions d’anonymes, avec lesquels nous avons grandi. Avec « Ciao Italia : Â», le Musée national de l’histoire de l’immigration rend compte pour la première fois à l’échelle nationale, de l’histoire de l’immigration italienne en France.

Dès la seconde moitié du 19e siècle et jusque dans les années 1960, les Italiens furent les étrangers les plus nombreux dans l’Hexagone à venir occuper les emplois créés par la croissance économique. Aujourd’hui célébrée, leur intégration ne se fit pourtant pas sans heurt. Entre préjugés dévalorisants et regards bienveillants, l’image de l’Italien en France se dessina sur un mode paradoxal et leurs conditions d’accueil furent difficiles. Fidèle à sa vocation d'évoquer l'histoire des migrations en France, le Palais de la Porte-Dorée raconte le destin de plusieurs générations d'Italiens. Arrivés par vagues successives au gré des événements politiques ou économiques, ils constituent à ce jour la plus importante population arrivée dans notre pays. Dans une scénographie plaisante et chaleureuse, le parcours déroule le fil historique, évoquant, selon les Å“uvres et les documents, origines et localisation des gens, métiers, héritage industriel et culturel (art, mode, presse, cinéma, chanson…). Un sacré défilé de personnalités comme Modigliani et Bugatti, Ponticelli, aussi, si si… La liste est longue de personnalités venues d'horizons artistiques variés : chants traditionnels, danse contemporaine, nouveau cirque, poésie théâtrale et cinéma engagé explorent la mémoire intime et collective de l’italianité. Sans oublier de célébrer la joie de vivre ! ,Jean Cocteau ne disait-il pas des français qu’ils sont des « italiens de mauvaise humeur Â»â€¦

Cet été, le parvis extérieur du Palais accueillera une ginguette éphémère avec de multiples rendez-vous : ateliers culinaires, salon de lecture, bal en plein air, aperitivo et disco à gogo… Jouant des clichés et préjugés de l’époque et rappelant la xénophobie dont ils étaient victimes, l’exposition s’attache à retracer le parcours géographique, socio-économique et culturel des immigrés italiens en France du Risorgimento des années 1860 à la Dolce Vita célébrée par Fellini en 1960.

Abordant tout à la fois la religion, la presse, l’éducation, les arts, la musique et le cinéma, les jeux et le sport, ou encore la gastronomie, elle donne à voir tous ces Italiens, ouvriers, mineurs, maçons, agriculteurs, artisans commerçants ou encore entrepreneurs qui ont fait la France. Dans un dialogue original et fécond entre documents d’archives et œuvres artistiques, ce sont près de 400 pièces provenant d’institutions françaises et italiennes qui sont présentées au travers d’un parcours à la fois sensible et pédagogique où figurent les artistes Giovanni Boldini, Giuseppe de Nittis, Gino Severini, Renato Paresce, Filippo De Pisis, Massimo Campigli, Mario Tozzi, Alberto Magnelli, Leonardo Cremonini (la liste est infinie, vous dis-je).

Un catalogue sublime, à la fois du point de vue iconographique et historique, placé sous la direction de Stéphane Mourlane et de Dominique Païni, a été publié. Il accompagne l’exposition présentée au Musée et propose de découvrir la grande diversité des regards portés sur les immigrés italiens venus s’installer en France, à travers différentes sources (cinéma, Å“uvres d’art, récits de vie, articles de presse ou de personnalités politiques). Qu’ils soient ouvriers agricoles, industriels, bûcherons, maçons, mineurs de fond, colporteurs, ou bien anarchistes, antifascistes, artistes, étudiants… Un beau cadeau à faire aux descendants de ceux qui ont contribué au développement de la société française. Ces empreintes durables ont enrichi le quotidien des Français, que ce soit dans le domaine de la gastronomie, de la musique, des arts ou de la vie politique. A quelques jours d’une élection sulfureuse, une tel rappel historique est salutaire.

Ciao Italia ! Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France Co-édition du Musée national de l’histoire de l’immigration et des Editions de La Martinière, 192 pages, 25 € 

- Du 28 mars au 10 septembre 2017 au Musée national de l’histoire de l’immigration - Palais de la Porte Dorée ( 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris) 

Transports en commun : 

En métro : station Porte Dorée (ligne 8)
En bus : 46
En tramway : ligne T3

Station de Vélib' 12032


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