La La Land : le monde étourdissant de grâce de Damien Chazelle
- Écrit par : Nelly Bonnet
Par Nelly Bonnet - Lagrandeparade.fr/ Attention… les notes qui ouvrent le film seront aussi celles qui marqueront le rythme de vos pas quand vous sortirez de la salle. Attention encore… il est probable qu'elles le fassent durant les trois prochains jours (vous voilà prévenus)...
Toutes les musiques de toutes les radios de toutes les voitures déroulent un petit prélude en forme de tapis rouge pour faire place à LA Musique. La La Land n’attend pas un quart d’heure pour s’installer dans les oreilles de celui qui le regarde. C’est immédiat. C’est maintenant. Le film n’a pas commencé depuis cinq minutes que Broadway time et Hollywood’s back célèbrent de retentissantes retrouvailles sur un écran. « Prends ça ! » semble nous lancer son ouverture en jetant très fort ses cheveux en arrière tandis qu’elle quitte la scène avec panache.
Il fait beau en hiver sous le soleil de la Californie du sud et sur cet échangeur d’autoroute, Ryan drive en rembobinant nerveusement sa cassette tandis qu’Emma répète inlassablement son texte. Les saisons vont servir de chapitres à cette histoire qui commence par un somptueux doigt d’honneur.
Elle, Mia, rêve de dramaturgie et le regard d’Ingrid Bergman lui tient lieu de tapisserie. L’humeur et la robe aussi bleues que ses yeux immenses, elle court les castings de rousses de la Cité des Anges. Lui, Sébastien, pianiste-puriste-obsessionnel-frustré et fauché, collectionneur de reliques de jazzmen, promène sa résignation mâtinée de déni dans les bars à cocktails et les pool-party qu’il anime, un mince sourire de faux-jeton désabusé aux lèvres. « Dommage que ces deux là soient toi et moi » déplorent-ils, aussi mauve que soit le coucher de soleil sublime qui éclairera le numéro du film le plus hautement concentré en élégance rétro.
Le réalisateur aussi, il a mis ses claquettes… la preuve dans l’élan de ses plans qu’ils soient ou pas dansés. Le mouvement du film se met au service de la sensation d’être emporté quitte à risquer le vertige. Le monde vu par la fenêtre de Damien Chazelle donne le tournis avec grâce. Il fond, au noir et en applaudissements, dose généreusement chorégraphie, couleurs, humour, il rembobine et refait le film, braque un projecteur, éteint la lumière : il joue à fond, efficacement, avec modernité et sans modération, le jeu de la comédie musicale. Et fait porter les deux chapeaux à Ryan Gosling (transpirant de classe par tous les pores de sa peau, qu’il siffle sur un pont ou manie la poêle à frire un torchon sur l’épaule…) et Emma Stone (attention aux yeux : risque de noyade, énergie et expressivité communicatives et réjouissantes). Ses deux personnages ont à cœur de nous donner des fourmis dans les jambes, on les aime jusqu’à leurs ombres chinoises qu’on suit dans un final fabuleux qui s’apprête à nous rappeler tout ce que le film a réussi à nous faire depuis qu’il a commencé.
La La Land est-il aussi bien que tout ce qu’on en a entendu dire ? Quand au prologue énorme répondra un grandiose épilogue qui viendra s’assurer que vous en avez bien pris plein les yeux, vous aurez la réponse…
La La Land
Un film de Damien Chazelle
Sortie en France : le 25 Janvier 2017
Durée: 2h08
Avec Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend, Rosemarie Dewitt, Sonoya Mizuno...
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