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Les contes du Soleil noir : Jestaire, le Diable et la Tigresse rouge

  • Écrit par : Guillaume Chérel

AuditPar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Créée par Marion Mazauric, en l’an 2000, Au diable vauvert est basée à La Laune, près de Vauvert, non loin de Nîmes. Cette maison indépendante a publié 350 titres et vendu plus d’un million d’exemplaires en dix-huit ans, principalement en littérature française et étrangère, en jeunesse, mais aussi en poésie, histoire culturelle, écologie et territoire. Elle a publié l’oeuvre de maîtres écrivains français de SF, tels que le regretté Ayerdhal, Pierre Bordage. Elle défend aujourd’hui la relève, en la personne d’Alex Jestaire. Nous y reviendrons.
Attardons-nous un peu sur le courageux parcours de cette étonnante maison d’édition, à mille lieux des grenouillages germanopratins.… prend le parti d’une littérature « d’aujourd’hui, vivante et nourrie de pop-cultures, réaliste et perméable au monde, née de la diversité de nos influences », dixit la « Tigresse rouge », comme l’appelait ses camarades de l’UEC (Union des Etudiants Communistes), avant qu’elle n’entame une brillante carrière dans l’édition. Elle dirigeant notamment les éditons (de poche) J’ai Lu (1987-1996), avant de retourner vivre près des chevaux et taureaux de Camargue, où elle avait commencé chez Actes-Sud, à Arles. Elle y tient également une résidence d'écrivains. Son but est de trancher dans le monde du livre français, qu’elle juge trop centré sur Paris. En 2004, elle crée, avec Simon Casas, le prix Hemingway, attribué à une nouvelle dont l'action se déroule dans l'univers de la tauromachie (très décriée de nos jours). En effet, avec son mari, Marc Reynaud, picador, elle se passionne pour la culture taurine. Cavalière, elle possède plusieurs chevaux de race portugaise et intervient dans les arènes en tant qu'alguazil durant les corridas. C’est un peu la Marie Sara de l’édition…

Remarqué avec son roman-monde, Tourville, en 2007, Alex Jestaire est né à Avignon en 1971. Il est traducteur-adaptateur pour le cinéma et la télévision. Il a publié également Élysée Noire 666 (La Tengo, 2010) et Toxytt en collaboration, monographie du photographe américain Cheyco Leidmann (La Martinière, 2008). Avant de se lancer dans sa série des Contes du Soleil Noir. Composé de cinq tomes : Crash, Arbre, Invisible, Audit et Esclave, cette saga raconte l’histoire de Jean-Louis qui regagne son Tourville natal pour aider un ami d’enfance en difficulté. Une fois sur place, il constate que celui-ci a disparu. Son appartement déserté devient alors le QG d’une petite équipe de copains lancés, sous l’impulsion résolument positive de Jean-Louis, dans une enquête surréaliste filmée à la manière secouée d’un Blairwitch Project monté par David Lynch.
La suite est à l’avenant : Amine est une goule – créature femelle aussi sensuelle que monstrueuse. Jusqu’ici captive d’un marabout proxénète aux confins du Mali, elle devient la propriété d’un homme d’État français amateur de « curiosités ». Cinq consultants en management, capables d’user des pouvoirs du Soleil Noir, se rendent en Angleterre pour procéder à la liquidation d’une entreprise. Mais ils ne se doutent pas que l’issue de l’audit pourrait être mortelle. À la dérive dans les rues de Bruxelles, un SDF prend conscience qu’il est en train de devenir invisible aux yeux des passants – réellement invisible. Facétieux, il tire parti de cette nouvelle donne en se jouant des barmen, des touristes, des policiers et des femmes… Une journaliste use du pouvoir du Soleil Noir pour obtenir le matériau de ses articles, tandis qu’en Inde, l’ascension d’un Soleil Noir au-dessus d’un arbre sacré connecte un couple d’éleveurs, un riche philanthrope et un temple hindouiste. La vie précaire d’une jeune mère isolée tourne au cauchemar après un accident. Clouée sur son lit d’hôpital, face à la télévision, elle se dissout peu à peu dans le flux de l’information mondiale catastrophiste.
Après Stephen King, Clive Barker ou Cronenberg, les Contes du Soleil Noir déclinent les visages de l’horreur d’aujourd’hui, matérielle, sociale, morale… une horreur de fin de civilisation. Le genre a ses adeptes, notamment chez les « Millennials », génération née dans les années 2000, abreuvée d’internet et de séries télé.

Les contes du Soleil noir
Editions : Au Diable Vauvert
Auteur : Alex Jestaire
Cinq volumes de 120 pages chacun
Prix : 9, 99 €

 


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