« Sur l’alcool » de Charles Bukowski : à avaler cul-sec !
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Et le voici, le livre à avaler cul-sec ! Au nom de l’amour et de l’art, on lit : « Je suis assis devant ma machine à écrire / dans l’attente d’être bourré / ma copine qui fait des sculptures / voudrait en faire une de moi / à poil et bourré / une bouteille à la main »… Le plus grand boit-sans-soif de la littérature américaine est à la manœuvre- en cet août 2020, Charles Bukowski- né en Allemagne, arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 2 ans, aurait eu 100 ans. Si l’on part toutefois du principe que la dive bouteille conserve son homme ! Qu’importe, on se glisse dans ce recueil nouveau, anthologie de textes inédits du grand « Buk » simplement titrée « Sur l’alcool ». Au moins, il n’y a pas tromperie sur la marchandise avec notre poivrot céleste préféré qui expliquait : « S’il se passe un truc moche, on boit pour essayer d’oublier. S’il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter et s’il ne se passe rien, on boit pour qu’il se passe quelque chose », et qui ajoutait : « La picole, c’est un truc intense. Ça vous extrait de la normalité du quotidien, ça vous fait oublier le côté répétitif des choses. Ça vous fait quitter votre corps et votre esprit pour vous jeter contre le mur »… Auteur de textes définitifs comme « Contes de la folie ordinaire », « Pulp », « Women » ou encore « Journal d’un vieux dégueulasse », Bukowski n’a jamais mis d’eau dans son vin, assurant qu’il ne pensait pas que « l’alcool détruise les écrivains. Je pense qu’ils sont détruits par l’autosatisfaction… » Une vie agitée entre boires et déboires et une âme imbibée à l’alcool dur, hésitant en permanence entre la pratique de l’art et le suicide programmé, l’écrivain américain a toujours considéré la bouteille comme une longue vue- et c’est ainsi qu’il a, pendant tant et tant d’années, scruté au plus près l’Amérique des déchus et du spleen. Et alors, comment refuser un dernier verre de Bukowski ? Impossible, on lira jusqu’à la dernière goutte. Jusqu’à la dernière ligne d’un recueil délicieusement enivrant.
Sur l’alcool
Auteur : Charles Bukowski
Traduction ! Romain Monnery
Editions : Au Diable Vauvert
Parution : 13 aout 2020
Prix : 20 €
[bt_quote style="default" width="0"]J’étais maqué avec une autre. On vivait au 2ème étage, fenêtre sur cour et je bossais. C’est ce qui m’a presque tué : picoler toute la nuit et trimer toute la journée. Il m’arrivait parfois de fracasser une bouteille contre la fenêtre, toujours la même. J’amenais ensuite la fenêtre chez le vitrier au coin de la rue pour la faire réparer, pour qu’il mette un panneau de verre. Ça me prenait environ une fois par semaine. Le type me regardait avec un drôle d’air, mais il empochait toujours mon fric, ce qui semblait lui convenir. Je picolais sévère et de façon régulière, depuis 13 ans… [/bt_quote]