Wild Side : Michael Imperioli en balade avec le Lou…
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Une confidence : « Je n’ai pas écrit ce livre par vanité ou pour flatter mon ego… » Et Michael Imperioli, d’ajouter : « Je souhaite que les lecteurs en seront convaincus quand ils auront refermé le roman… » Le roman en question, c’est « Wild Side » (en VO : « The Perfume Burned His Eyes »- des mots extraits de Romeo Had Juliette, chanson de Lou Reed inspiré là par William Shakespeare), la première apparition dans le monde des livres de cet Imperioli, 52 ans, acteur, producteur et scénariste américain connu pour l’éternité pour son rôle de Christopher Moltisanti dans la série télé « Les Soprano » (1999- 2007). Evidemment, quand une personnalité du show business se lance dans l’aventure romanesque, on a appris à se méfier- il suffit de se rappeler de l’exemple récent de Tom Hanks proposant un très banal « Questions de caractère »…
Avec Michael Imperioli, on est dans le roman initiatique. Le roman imbibé de rock, de sexe et de drogues, aussi… ah ! « sex, drugs and rock’n’roll », le triptyque célébrissime de Ian Dury et ses Blockheads dans les années 1970, on y revient encore et encore. Au hasard des pages de « Wild Side », on lit : « Je n’étais encore jamais entré dans un bar. Ou plutôt, je n’étais jamais entré dans un bar sans mon père. J’ai atterri avec Lou dans un bouge exigu et sombre près du métro de la 59e Rue, qui sentait la bière rance, le moisi, la cigarette et la sueur. Une douzaine d’hommes, pas une femme, se tenaient assis sur des tabourets, perdus dans la contemplation silencieuse de l’alcool, de la nicotine et des regrets ». Ambiance… Le narrateur se prénomme Matthew, il est ado de 16 ans, fréquente le lycée, passe la vie presque sans histoires- après avoir vécu dans le Queens new yorkais et suite à un héritage, il vient d’emménager avec sa mère dans un immeuble de beau standing à Manhattan. Ce devrait être un quotidien ordinaire pour Matthew. Sauf que…
Là à Manhattan, il y a la fascinante Veronica. Mais aussi, mais surtout un voisin musicien. Un voisin qui va embarquer Matthew dans des aventures toutes plus folles les unes que les autres. Le voisin du 8ème étage, c’est Lou Reed- le vrai, le grand, l’immense Lou Reed, le fondateur du Velvet Underground avec John Cale, l’ami d’Andy Warhol, l’habitué des bas-fonds de New York, l’interprète éternel de « Walk on the Wild Side »- chanson impeccable sur l’album « Transformer » (1972). A l’époque, Lou Reed trimballe une odeur de soufre- Matthew le croise une première fois dans le hall de l’immeuble, c’est un « petit homme maigre habillé tout en noir », il a une croix de fer dessinée au rasoir à l’arrière du crâne… Le quotidien de ce voisin, c’est la défonce, la paranoïa, la violence aussi- il vit avec Rachel, la muse de l’album « Coney Island Baby » (1975), et dont on devine la barbe naissante sous le fond de teint. Et ce qui devait arriver, arriva. Ce voisin, cette star du rock va devenir le père de substitution du jeune Matthew qu’il rebaptise Tim. Lequel part alors en balade avec le Lou, le long de la ligne rouge. C’est la découverte de l’alcool, de la cigarette, de la transgression… et aussi de l’art, l’amour, de la liberté. Une balade furieusement grisante, étourdissante, enivrante même si, en permanence en creux, somnolait le risque de se perdre.
Avec un tel Lou, poète électrique, ange gardien autant visionnaire qu’attachant, Matthew- Tim va sortir de la zone de confort. Découvrir la vie, l’amour, la mort. « Lou Reed était un de mes héros, confie Michael Imperioli. J’ai fait sa connaissance après un de ses concerts en 2000. Il était fan des « Soprano », j’ai pu aller lui parler en coulisses. On est devenus amis… » D’une belle écriture toute en élégance, l’acteur- écrivain peint avec justesse et un soupçon de distance le New York débordant de fièvre dans les années 1970 sacrément ébouriffantes. Il y a dans les pas de « Wild Side » des mots et des images qui entrent en résonance avec « L'Attrape-cœurs » de J. D. Salinger et « Just Kids » de Patti Smith. Et là , celui qu’on surnommait « le grand méchant Lou » vient nous chuchoter : « Hey babe, take a walk on the wild side ». Et là , nous sommes tous des Matthew prêts à partir en balade avec le Lou et aussi Holly, Candy, Little Joe ou encore Jackie… Hey babe… Doo doo doo doo doo doo doo doo doo…
Wild Side
Auteur : Michael Imperioli
Editions : Autrement
Parution : 29 août 2018
Prix : 20,90 €