Underground : un huis clos anxiogène, sur fond d’épidémie mortelle
- Écrit par : Sylvie Gagnère
Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.fr / Un virus mortel s’abat sur l’Asie, décimant les populations, puis s’étend très rapidement, plongeant le monde entier dans le chaos : plus de liaisons aériennes, plus d’informations fiables. Une poignée de survivalistes ont anticipé la menace et s’enferment dans le Sanctuaire, un luxueux complexe souterrain perdu au fin fond du Maine, conçu pour les protéger de tout danger extérieur, et parfaitement autonome.
Les portes se referment hermétiquement, verrouillées et contrôlées par un seul homme, Greg, le concepteur de l’endroit. Comment ces gens qui ne se connaissent pas vont-ils apprendre à vivre ensemble ? Entre les tenants de la suprématie blanche, les délires religieux des uns et les phobies des autres, ceux qui cachent un passé peu reluisant et ceux qui ont tout sacrifié pour mettre à l’abri leur famille, un semblant d’équilibre s’installe. Jusqu’à la découverte d’un cadavre dans le bunker…
La mise en place se fait tranquillement, avec l’arrivée et l’installation des occupants, mais on sent rapidement que les choses vont être plus compliquées que prévu ; le bunker s’avère vite une mauvaise affaire, où les appartements luxueux sont surtout inachevés et les conditions de survie plus difficiles qu’annoncées. Les protagonistes n’ont rien en commun, sinon leur hantise de l’extérieur et leurs vilains petits secrets. Lorsqu’ils se retrouvent littéralement enfermés dans le Sanctuaire, sans espoir d’en sortir, entièrement coupés du monde, les comportements commencent à déraper. La paranoïa s’empare de chacun d’entre eux, et les soupçons mutuels empoisonnent l’atmosphère. Le Sanctuaire devient un enfer, un huis clos anxiogène où tout peut arriver.
Mené tambour battant par Sarah Lotz et Louis Greenberg (S.L. Grey), Underground se révèle assez prenant. L’écriture sèche, précise, nerveuse, ne laisse pas place au doute ou à la réflexion. L’intrigue, de fausses pistes en interrogations, est habilement construite et pousse le lecteur à se demander qui est (qui sont) le(s) meurtrier(s). Chaque chapitre présente en alternance le point de vue d’un des habitants de l’abri, semant encore plus le trouble et la confusion dans l’esprit du lecteur, jusqu’à le révélation finale.
On déplorera toutefois que les personnages soient trop stéréotypés, et leur psychologie juste ébauchée. Les retours sur leur passé sont souvent trop succincts pour leur donner une véritable épaisseur, et l’on regrette de ne pas mieux comprendre leurs motivations profondes. Leur condition de survivalistes et la survenue d’une épidémie menaçant la survie de l’humanité auraient dû être des éléments moteurs de l’intrigue et de leur comportement, elles ne sont qu’un prétexte à la situation d’enfermement. La fin offre une explication, en forme de révélation, mais sans beaucoup de crédibilité.
Si la tension et le rythme sont au rendez-vous, la profondeur qui aurait fait de ce roman, outre un thriller efficace, un ouvrage de réflexion, manque à l’appel.
Underground
Auteur : S.L. GREY
Éditeur : Fleuve
Collection : Fleuve Noir
Parution : 9 mars 2017
Prix : 19,50 euros