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Littérature : Une semaine de lecture avec Nathalie Cohen, Angelo Rinaldi et Arno Schmidt

  • Écrit par : Serge Bressan

cohenPar Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec Nathalie Cohen pour un roman mêlant Histoire, faits réels et fiction. On enchaîne avec Angelo Rinaldi, un des grands critiques littéraires français, dans un recueil de 58 chroniques. On boucle avec le formidable romancier allemand Arno Schmidt, tenant de la « littérature pure », pour une trilogie de l'époque nazie jusqu'à un futur apocalyptique. Bonne lecture !

NATHALIE COHEN : « L’Or de Jérusalem »

Dans « Un Fauve dans Rome », en 38 de notre ère, on l’avait rencontré vigile de l’empereur, en charge de la sécurité et la prévention des incendies la nuit. Dans « L’Or de Jérusalem », le nouveau roman de Nathalie Cohen, on retrouve en 66 son personnage récurrent, Marcus Alexander, juif romain originaire d’Alexandrie. Déserteur des cohortes romaines, il a décidé de fuir Néron et sa Rome en fin de superbe. Accompagné de son fils Alexander, il file en Galilée, tout en faisant en sorte que Gaïa (vestale et mère secrète de leur enfant), la femme qu’il aime, puisse les rejoindre. Mais le destin se ligue contre lui : Rome décide de faire la guerre aux Juifs après une révolte qui touche Jérusalem puis toute la Judée qui se transforme en guerre civile ; Marcus se lance à recherche de son fils qui a été enlevé, Néron se suicide et les légions romaines en Égypte et en Judée déclarent, en 69, Vespasien empereur. Au fil des jours, Marcus comprendra le véritable motif de la guerre menée par les Romains : prendre le Temple et, donc, récupérer tout l’or de Jérusalem… Dans ce texte mêlant Histoire, faits réels et fiction, Nathalie Cohen fait preuve, une nouvelle fois, d’une grande maîtrise dans l’art de mener son récit et d’une belle érudition- qu’elle se garde bien d’étaler grossièrement…

« L’Or de Jérusalem »
Auteure : Nathalie Cohen
Flammarion
320 pages
Prix : 22 €.

 

RinaldiANGELO RINALDI : « Les roses et les épines »

Le premier rituel de la journée : après la toilette, enfiler un costume et nouer la cravate. Tout ça parce qu’Angelo Rinaldi, 84 ans et membre de l’Académie française depuis 2001, tient la littérature et l’écriture au-dessus de tout- son credo de toujours : on n’écrit pas en tenue négligée, débraillée. Romancier et critique littéraire pendant de nombreuses années (« L’Express », « Le Point », « Le Nouvel Obs » et « Le Figaro littéraire ») après avoir été chroniqueur judiciaire à « Nice-Matin », il a manié comme personne dans ses chroniques les coups de cingle (souvent) et les compliments (rarement), se présentant comme un paisible alligator dont l'œil affleure à la surface du marigot des lettres. Pour s’en convaincre, il suffit de lire « Les roses et les épines », un recueil publié originellement en 1990 avec cinquante-huit chroniques parues dans « L’Express ». Le classement est tout simple : un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout… Et ça défile, le plus souvent avec dézingages à la sulfateuse. Dans ces pages écrites au cordeau (même si ses détracteurs le surnommaient « Tom Proust »), on trouve Camus, Artaud, Voltaire, Michelet, Char, Sarraute, le cardinal de Retz, Gracq, Céline ou encore Léautaud… Face à Rinaldi- le dernier critique littéraire en France ?-, c’était tous au abri !

« Les roses et les épines »
Auteur : Angelo Rinaldi
Editions des Instants
272 pages
Prix : 21 €.

 

nobodyARNO SCHMIDT : « Les Enfants de Nobodaddy »

Rien moins qu’un livre-événement. Un peu plus de cinq cents pages pour trois romans réunis en un volume sous le titre « Les Enfants de Nobodaddy ». Trois romans de l’Allemand Arno Schmidt, paru en 1953 (« Scènes de la vie d’un faune ») et 1951 (« Brand’s Haine » et « Miroirs noirs »). Né en 1914, mort en 1979, par une approche impertinente et rigoureuse de l’écriture, Schmidt a bousculé la littérature allemande et est tenu, dans son pays, pour l’écrivain le plus important de la seconde moitié du XXe siècle. Adepte de la « littérature pure », dans ce recueil de trois romans, il invite lectrices et lecteurs à un plongeon dans les profondeurs de la chose écrite. C’est âpre, insolent, radical- certains lui ont reproché de ne rien respecter, ni la littérature, ni la morale : ce qui fait le charme et la force d’Arno Schmidt avec trois textes racontant l’Allemagne, de l'époque nazie jusqu'à un futur apocalyptique. Le nazisme et Hitler vus par notre râleur en chef : « Dieu, que les Allemands sont bêtes ! 95% ! (enfin, les autres ne valent pas mieux : attendez seulement que les Américains élisent leur Hindenburg ! »). Quant au christianisme, c’est « dépôt trouble de hiérarchie et d’obscurantisme ». Alors, on prendra plaisir à regarder « la lune comme un insecte dans le rose du soir ». Vive Arno Schmidt !

« Les Enfants de Nobodaddy »
Auteur : Arno Schmidt
Editions : Tristram
512 pages
Prix : 25 €.

 


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