Une semaine de lecture avec Peter Handke, Marc Levy et Henri Loevenbruck
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Trois suggestions de lecture pour cette semaine. D’abord, on commence avec Peter Handke, auteur autrichien et prix Nobel de littérature 2019 pour un court texte totalement « démoniaque ». On enchaîne avec Marc Levy, l’écrivain français vivant le plus vendu dans le monde et qui signe un roman hommage aux livres, entre vengeance et appel de l’amour. On boucle avec Henri Loevenbruck, voltigeur tous genres des lettres et auteur d’un roman aussi implacable qu’optimiste. Bonne lecture !
PETER HANDKE : « Ma journée dans l’autre pays »
Ecrivain « à l’ancienne », il a reçu le prix Nobel de littérature 2019. Né en Autriche et vivant en région ouest-parisienne, Peter Handke est un maître-conteur- à preuve, son nouveau livre joliment titré « Ma journée dans l’autre pays », et sous-titré « Une histoire de démons ». Ce texte bouclé à l’été-automne 2020, bien que bref (à peine 70 pages), brille par sa densité. Avec un narrateur qui est habité de démons, qui parle une langue inconnue, qui inquiète ceux qui le croisent. On lit : « Voici l’histoire : je l’ai vécue physiquement, dans ma chair et mon sang, comme peu d’autres histoires dans ma vie. Et pourtant je ne la connais que par ouï-dire… » Originellement, il est fruiticulteur, il devient possédé (par les démons) puis écrivain comme on l’apprend en fin de texte où il est question, le narrateur ne cessant de le répéter, de « langue inconnue ». Il marche, erre en poussant des cris, installe sa tente en dehors du village… et le miracle : il croise un homme qui le regarde, un regard empli de cette humanité qui guérit, qui délivre. Retour au monde, des personnes, des chemins, des notes à chanter. Possibilité de l’apaisement, de l’amour. Par cette écriture sans flagornerie ni esbrouffe, toute en grâce et poésie, Peter Handke fait passer de l’ombre à la lumière…
Ma journée dans l’autre pays
Auteur : Peter Handke
Traduction : Julien Lapeyre de Cabanes
Editions : Gallimard
82 pages
Prix : 12 €
MARC LEVY : « La librairie des livres interdits »
Une fois pour toutes, il est temps de mettre fin à une (mauvaise) réputation visant l’auteur français vivant le plus vendu dans le monde (50 millions d’exemplaires, à ce jour !). Depuis son premier roman- « Et si c’était vrai… » paru en 2000-, les lettrés parisiano-parisiens accusent Marc Levy de n’écrire que des comédies romantiques, que de n’être un écrivain « populaire »- l’ont-ils lu au moins une fois ? Avec son nouveau roman, « La librairie des livres interdits », il développe l’histoire de Mitch, un libraire passionné, autour de trois mots : aimer, résister, vivre. Ledit libraire a été arrêté un matin- pensez donc, dans sa cave, il louait ders livres interdits, dont ceux de Marguerite Duras, Margaret Atwood, Ray Bradbury, Stendhal et Proust. Quel crime… La prison, il y séjourne pendant cinq ans. A sa sortie, une double idée fixe l’habite : savourer sa liberté et retrouver sa librairie- le même jour, il fait une double rencontre : le procureur qui a prononcé sa condamnation, et Anna, une jeune cheffe. Deviendra-t-elle la femme de sa vie ? Dilemme pour Mitch : se venger du procureur ? succomber à l’irrépressible envie d’aimer ? Commentaire de Marc Levy qui a voulu pointer l’absurdité des hommes : « Tous les héros ne portent pas de cape. Certains ont des livres »…
La librairie des livres interdits
Auteur : Marc Levy
Editions : Robert Laffont / Versilio
354 pages
Prix : 21,90 €
HENRI LOEVENBRUCK : « Pour ne rien regretter »
L’invitation lancée par l’éditeur est tentante : « Un roman coup de poing. Une ode à l’espoir et à la liberté »… Le roman en question : « Pour ne rien regretter ». L’auteur ? Henri Loevenbruck, voltigeur des lettres francophones, tout aussi à l’aise dans le thriller que le roman historique, dans le fantastique que dans la science-fiction ou la dystopie. Ainsi, dans ce nouveau roman en résonance avec « Nous rêvions juste de liberté » paru en 2015 pour une interrogation sur le rapport à l’autre et le sentiment d’amitié, le romancier nous invite à nous glisser dans les pas de Véra. Jeune autiste, elle habite à Providence, une petite ville dans un nulle part- elle dit : « Je voulais vous parler du bruit de la pluie sur la tôle ondulée, qui fait drôlement de peine, comme bon souvenir ». Elle va entrer en résistance, une multinationale va prochainement s’installer dans la ville- oui, il y a la promesse de donner du travail mais aussi une contrepartie, défricher, abattre, bétonner… Avec d’autres, Véra entre dans un combat disproportionné, symbole des injustices du monde contemporain. Que sortira des ruines ? Des fleurs surgiront-elles ? Confidence d’Henri Loevenbruck : « Avec ce roman, j’imagine un avenir possible et désirable, à l’heure où tous les indicateurs sont au rouge »…
Pour ne rien regretter
Auteur : Henri Loevenbruck
Editions : XO
338 pages
Prix : 21,90 €