Das Feuer : l’horreur de la Grande Guerre d'après Le Feu d'Henri Barbusse
- Écrit par : Félix Brun
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ La Grande Guerre, celle qu’on avait qualifiée de dernière…La guerre dans toutes ses horreurs, son indicible cruauté, celle qui touche toutes les nations, tous les hommes, sans distinction de couleur de peau, de religion, de profession, bien qu’ "Il y a peu de riches qui risquent leur figure aux créneaux." L’atrocité avec tout ce que ce mot représente…le bruit des canons et de la mitraille, chocs incessants, assourdissants…déchirants et mutilants les corps…dans la boue, "Le grand dédale des boyaux gluants glissants une pâte à consistance visqueuse."… "Ce cloaque, c’est la matrice universelle. La mère qui nous absorbe et nous accouche." Un gouffre de grisaille, de fer, de pluie, de bourbier, de barbelés, de brouillard, d’humidité, de souffrances, de sang, de mort ! « Pleurant, hurlant, déjà moribonds, on sait qu’on ne sortira pas de là . Personne ne sortira de là » … "Nos corps anéantis respirent ou se décomposent." Une terre et des paysages défigurés, des visages émaciés, gris, des yeux exorbités de peur, de fatigue, d’effroi. Ici côté allemand, le sentiment, la conscience universelle qu’ "Il faut tuer la guerre, en commençant par celle qui est en nous."
Le centenaire de l’armistice de la Première Guerre Mondiale vient tout juste d’être célébré ; mais n’avons-nous pas déjà rangé dans les archives de l’Histoire cette immense boucherie, ces millions de drames vécus dans ces effroyables combats qui ont engagé des troupes du monde entier ? Patrick Pécherot et Joe Pinelli ont adapté le livre d’Henri Barbusse, « Le Feu » qui est un des témoignages des plus réalistes et des plus vrais de ce que fut l’état des soldats dans ces tranchées et sur les champs de batailles. A travers ce roman graphique comme dans le récit d’Henri Barbusse, le lecteur partage l’inhumanité universelle de la guerre. Le dessin est gris, très sombre ; les expressions de douleur et de détresse donnent à cet album une puissance et une émotion rarement ressenties. Il est de notre devoir de perdurer la mémoire de ces martyrs et ne jamais négliger que : "C’est que nous les hommes, on est des machines à oublier." Un très grand roman graphique.
Das Feuer
Auteurs : adaptation de Patrick Pécherot(scenario) et de Joe Pinelli(dessin) du roman d’Henri Barbusse Le Feu, prix Goncourt 1916

Editions : Casterman

Date de parution : 31 octobre 2018

Prix : 22€