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Interférences : une chronique sociale aux ondes positives!

  • Écrit par : Julie Cadilhac

1978Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Paris 1978. Alban et Pablo se fréquentent depuis l’adolescence ; le premier est devenu un étudiant militant gauchiste en réaction à son appartenance à un milieu bourgeois capitaliste, l’autre, orphelin de père et issu d’un foyer désargenté, travaille comme ouvrier.

Un soir, ils croisent le chemin de Douglas, un anglais un brin excentrique et coureur de jupons, qui a navigué sur le célèbre bateau Caroline, qui, installé au large de la Grande-Bretagne, émettait quelques années auparavant une radio-pirate qui faisait pester la BBC. Ce "Gugusse" crée un déclic chez ce duo de copains inséparables qui décide de monter sa propre radio. Il faut savoir qu'à l’époque, « le paysage radiophonique était très différent de celui qu’on connaît aujourd’hui. Il est difficile d’imaginer que seules les trois stations de Radio France et cinq radios privées se partageaient les ondes » « La programmation musicale était dominée par la variété française : Sheila, Claude François, France Gall, Daniel Guichard, Sardou, Johnny Hallyday… », « les informations et les émissions de débats répandaient la parole giscardienne. Ce n’étaient pas les radios du service public, mais celles du parti à la tête de l’Etat. » Excitante démarche que celle donc que vont entreprendre ces deux garçons pleins d’avenir : l’émetteur bricolé par Douglas, les 33 tours soigneusement choisis par Pablo, les interviews engagées d’Alban…voilà Radio Nomade en marche! Et que la résistance et la clandestinité ont de piquant au début! ....jusqu’à ce que le zèle des forces de l’ordre à les débusquer et un petit tour derrière les barreaux soient une des raisons suffisantes pour faire renoncer Pablo….ce qui met en rage Alban qui ne comprend pas comment le fils d’un résistant au régime de Franco puisse s’épouvanter si vite!
Voilà un album passionnant à plus d’un titre…Les amateurs du film « Good Morning England » y retrouveront cette réalité historique piquante de démarches collectives pour entrer en résistance contre une parole unique et insérer dans le paysage musical français la pop-rock anglaise, psychédélique, utopique et libérée, des années 70. L’album séduit aussi pour l’évolution de la relation amicale entre Alban et Pablo, issus de deux milieux sociaux différents et dont les aspirations et les choix se mêlent étroitement à la réalité de leur condition. Le scénario de Laurent Galandon, construit sur une analepse, prend de manière pertinente l’entretien radiophonique comme support de narration et a le mérite de réussir, quand il se veut didactique, à concevoir ses récitatifs ou ses dialogues avec fluidité et intérêt. Les dessins réalistes de Jeanne Puchol étreignent de surcroît avec justesse l’atmosphère du récit et offrent un moment fort plaisant de lecture.
« Interférences » ne pourra que convaincre un large lectorat du fait de la nostalgie du sujet abordé et la maîtrise avec laquelle l’album narre l’effervescence délicieuse de la jeunesse des années 70. Just good vibes!

Interférences
One Shot
Editions : Dargaud
Scénario : Laurent Galandon
Dessin : Jeanne Puchol
Prix : 17,95€
En librairie : le 12 janvier 2017

1978


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