Rêve d’Olympe : le tragique destin de Samia Yusuf Omar
- Écrit par : Félix Brun
Par Félix Brun - Lagrandeparade.fr/ Les Jeux Olympiques de Pékin en 2008 : l’éliminatoire du 200m plat féminin ; dix secondes après que les athlètes ont terminé leur course, Samia Yusuf Omar franchit la ligne d’arrivée sous les acclamations du public…ces images font le tour du monde ; un symbole de l’olympisme… ? et… ce paradoxe, ce contraste entre les athlètes surentrainées, toutes en muscles, aux corps élancés, aux régimes dosés et riches, aux tenues personnalisées, aux ressources et train de vie du sport de haut niveau, et….Samia la jeune somalienne maigrichonne qui s’entraîne dans des conditions inimaginables, sans équipements, dans un pays où il est prohibé aux femmes de courir… ! Ces dix secondes représentent des années-lumière. Samia encouragée par une volonté et une force impressionnante a décidé de quitter son pays pour aller s’entraîner en Europe en vue des prochains J.O qui doivent se dérouler à Londres en 2012.
Samia a vingt ans, elle fuit sa patrie sous le joug des fondamentalistes musulmans qui interdisent aux femmes toute pratique sportive, qui ont instauré un régime de terreur, de délation, de justice sommaire et expéditive…. Dans l’enfer des passeurs de frontières, du racket, des escrocs de tout calibre, de la corruption, Samia va tenter l’impossible odyssée à travers l’Ethiopie, le Soudan, la Lybie et la Méditerranée sur une embarcation sans espoir de fortune et de retour. Elle est engloutie dans le tourbillon de la violence, de l’illusion, de l’indifférence et d’un olympisme amnésique.
Un témoignage bouleversant, déchirant à vous tirer les larmes ; un cri à la liberté, une exaltation à la volonté, à la vie. Mais aussi la dénonciation d’une tragédie quotidienne devenue banalité médiatique.
Avec un dessin noir et blanc dynamique et allusif, Reinhard Kleist rend un immense et intemporel hommage à Samia, et rappelle aux nations européennes leur cécité et leur surdité chroniques aux problèmes des migrants.
Rêve d’Olympe
Auteur : Reinhard Kleist
Traduction : traduit de l’allemand par Béatrice Bédoura
Editions : la Boîte à Bulles
Parution : Juin 2016
Prix : 17€