Il était une fois dans l'Est : les démiurges de "Pablo" fusionnent en vignettes danse et poésie
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Décidément le duo Birmant/ Oubrerie excelle dans l'art du biopic. Après avoir illustré avec brio en planches la vie de Picasso, voilà qu'ils se sont attaqués à l'histoire aussi vraie que singulière d'une rencontre qui avait tout d'improbable et d'insensé : celle du poète russe, Serge Essenine, et de la plus célèbre danseuse du monde, américaine, Isadora Duncan. "Il était une fois dans l'Est" dresse le portrait attirant de la relation amoureuse tempêtueuse de deux êtres que la barrière de la langue, les egos surdimensionnés et le choc des cultures malmènent. D'une obscure taverne des bas-fonds de Moscou aux coulisses du Bolchoï, du Kremlin à une plage californienne, d'un building de Chicago au ciel dans un avion à hélices, le lecteur plonge au coeur de l'Histoire au travers de deux destins qui s'entrecroisent, fusionnent à certaines heures et se percutent à d'autres...Nous sommes en effet confrontés ici au récit d'un amour impossible qui tente de survivre au sein d'une situation géo-politique déjà complexe - nous sommes en 1923 - et le regard des autres, souvent hostile et méfiant vis à vis de leur idylle.
La puissance de cette autofiction provient d'abord du contraste qu'offrent les deux protagonistes principaux : Serge incarne la rugosité russe, être écorché dès l'enfance dont les vers sont un exutoire, figure bagarreuse et rude née dans un pays aux couleurs hivernales tandis qu'Isadora évolue comme une tornade insouciante et légère, incarnant la liberté arrogante et sûre d'elle de l'Ouest, ne s'embarrassant et n'ayant peur de rien. Deux personnalités attirantes auxquelles le trait et le scénario rendent honneur. On applaudit le choix d'insérer de nombreuses séquences où les mots du poète s'égrènent au fur et à mesure des vignettes. Julie Birmant et Clément Oubrerie ont su également restituer "l'esprit" de cette danseuse qui révolutionna la pratique de la danse par son inspiration puisée dans les figures antiques grecques et les scènes qui montrent Isadora tourbillonnant expriment avec justesse les liens forts entre chorégraphie et spiritualité et magnifient davantage encore l'harmonie du geste et du corps.
Un premier tome remarquable dont on attendra avec impatience la conclusion en septembre 2016.
Il était une fois dans l'Est
Tome 1
Éditions: Dargaud
Scénario : Julie Birmant
Dessin: Clément Oubrerie
En librairie le 27 novembre 2015
Prix: 22,90€
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