Par Sylvie Gagnère - Lagrandeparade.com/ Une ombre vole de toit en toit dans les ruelles sombres de Tyniry.

C’est celle d’Ashtiri, une esclave en fuite qui s’est faite voleuse pour survivre. La meilleure des voleuses. C’est pour cette raison que le roi d’Ofayne la fait prisonnière pour l’obliger à se charger d’une mission des plus périlleuses : retrouver le dernier Lion d’albâtre, ultime descendant d’une lignée de mages-guerriers, et seul à même d’arrêter l’armée de démons dont rien ne semble pouvoir freiner l’avancée… Ashtiri ne se laisse convaincre qu’à la seule condition que le Roi consente à libérer sa sÅ“ur de sang, Senel, qui s’est autrefois coupé une main pour lui permettre de s’enfuir, et sa sÅ“ur de cÅ“ur, Riniri, esclave réduite à la prostitution. À contrecÅ“ur, le Roi accepte et impose à son fils cadet Pithana de l’accompagner, avec le secret espoir de se débarrasser de ce rejeton si différent de lui, qui remet bien souvent en cause les fondements mêmes de leur société, basée sur l’esclavage et le mensonge.

Le récit s’articule autour de plusieurs duos de personnages, auxquelles l’autrice donne tour à tour la parole : Pithana et Shiro (un guerrier aveugle du Tjo), Senel et Riniri, Ashtiri et Padiguem (le Lion d’albâtre), Henti et Tudh (une fermière audacieuse et un soldat intelligent). Cela produit une structure de roman choral parfaitement maîtrisé. Côté background, on est dans une fantasy teintée des cultures humaines, mais, pour une fois, ce sont des cultures non-occidentales qui sont à l’honneur : Japon, Moyen-Orient, Afrique et surtout Égypte, dont les dieux et déesses sous-tendent l’histoire. Dana B. Chalys soigne les détails, s’attardant sur les paysages, mais aussi les vêtements, les coutumes, la nourriture, pour nous offrir un univers riche et particulièrement vivant.

Les cinq cents pages du roman se dévorent, parce que l’autrice parvient à créer un monde cohérent, qui suscite la curiosité et l’intérêt. Parce que ses personnages sont forts et donnent une vraie touche d’émotion et d’humanité. Dana B. Chalys aborde de nombreux thèmes, frontalement ou de manière plus détournée, mais toujours intelligemment : l’esclavage, la place des femmes, l’homosexualité, l’importance de la culture et de la connaissance, l’acceptation de soi, à faire la paix avec son histoire. La résilience est au cÅ“ur du parcours de ces êtres qui ont souffert, mais trouvent dans le combat commun et le partage de valeurs puissantes, la force et la volonté de se battre pour construire un monde meilleur.

Côté édition, un grand bravo pour la couverture, magnifique, et une très belle carte imprimée au dos. Le glossaire et la présentation des personnages en fin d’ouvrage permettent de se repérer plus facilement. Un bémol par contre dû à l’utilisation de termes peu courants, qui sont alors définis en notes de bas de page, ce qui a tendance à « casser Â» un peu le rythme de la lecture, en particulier en début de récit. Le dernier Lion d’albâtre s’avère cependant un roman qui se dévore, porté per des personnages charismatiques et aux thématiques actuelles.

Le dernier lion d’albâtre 
Autrice : Dana B. Chalys
Éditions : Gulfstream
Collection : Électrogène
Date de sortie : 1er septembre 2022
Prix : 21,00 â‚¬

À partir de 15 ans