L’Ecole des femmes de Christian Schiaretti : Molière se dresse fièrement sur Les Tréteaux de France
- Écrit par : Philippe Delhumeau
Par Philippe Delhumeau - Lagrandeparade.fr/ Le Théâtre de L’Epée de Bois à La Cartoucherie reçoit La Grande Escale des Tréteaux de France du 26 mai au 2 juillet 2016. Une programmation éclectique de spectacles tout publics et des moments d’échanges autour du théâtre investiront ce lieu atypique chargé d’histoires de pierres et de bois.
Belle est l’initiative des Tréteaux de France de créer un rapport de proximité local avec les habitants de la France des régions. Un théâtre itinérant comme à l’époque de la troupe de Molière, un théâtre de création et d’adaptation exigeant, un théâtre populaire mis en écho par la passion des comédiens. Un théâtre ouvert à tous les hasards de la vie dont le public apprécie la qualité artistique produite par un ensemble d’amateurs et de professionnels. Un mot à Robin Renucci et à son équipe, Merci.
L’Ecole des femmes s’installe dans la salle en pierres de L’Epée de Bois. Le plateau s’est paré d’une estrade en son centre. Le décor s’articule autour d’un jeu de paravents représentants ci, les maisons d’un village et là , quelques arbres. Pour recréer la vie d’une place rurale à la tombée de la nuit, des lampadaires de toutes tailles ont été disposés sur les trois principaux côtés de la scène.
Le public venu en nombre pour la première représentation se frottent sous cape les mains de plaisir jusqu’à l’apparition d’Arnolphe, suivi de Chrysalde. Les costumes d’époque, conçus par Thibaut Welchlin, siéent aux comédiens comme le parler de Molière dont ils font usage dans l’éloquence du verbe et à l’intonation ajustée aux arguments. La création lumières de Julia Grand éclaire la scène de mille feux, décor et personnages sont ainsi mis en valeur. Arnolphe confie à son ami, Chrysalde, le désir de se marier à Agnès, une innocente jeune fille. S’engage une conversation animée entre les femmes laides et sottes et les femmes belles et stupides. Les deux amis argumentent à qui mieux mieux et campant sur leur position, dos tournés, ils se quittent. Le couple de valets apprend à Arnolphe les visites d’un galant auprès d’Agnès pendant son absence. Contre quelques écus, les valets acceptent de jouer les stratagèmes montés de toute pièce par Arnolphe pour nuire à Horace, le jeune prétendant. Les sentiments d’Arnolphe pour Agnès fleurent le retour d’âge d’un homme bileux, acariâtre et excessif dans le propos. Horace est un gentil Roméo qui se prend des coups de bâtons et ne baisse jamais espoir de convoiter la belle jeune fille.
Courroux et jalousie dressent Arnolphe, Robin Renucci, contre Horace, amoureux et inconscient des pièges tendus par son rival. Agnès, Jeanne Cohendy, subit les outrages et les mises en garde d’Arnolphe qui veut l’épouser à condition qu’elle lise le manuel de l’Eloge des femmes.
Les comédiens, intégres dans le jeu comme dans la réplique, donnent vie à une nouvelle et intense Ecole des femmes. Arnolphe, Robin Renucci, a le propos savoureux dans les situations épiques. L’œil taquin, l’esprit coquin, le verbe badin, le comédien use à souhait pour prendre cause d’Agnès, laquelle feint l’ignorance de ce qui l’attend. Elle cache Horace dans un coin de son cœur jusqu’à l’avouer au vieil Arnolphe. Jeanne Cohendy, Agnès, manifeste des élans mêlés d’innocence et d’insouciance. Sa beauté et sa fragilité rayonnent en ses yeux expressifs et attentifs à la tournure des évènements. Jeanne Cohendy, une artiste généreuse dans l’interprétation et belle à souhait. Horace, ô sacre, ô désespoir ! Maxime Mansion, quelle répartie dans les imprévus. Une présence exigeante à la hauteur du personnage si malmené. Un comédien digne de Molière.
La mise en scène de Christian Schiaretti, une fête sur la scène de la salle en pierres du Théâtre de L’Epée de Bois. Cette Ecole des femmes, un éloge pour les femmes.
L’Ecole des femmes de Molière
Mise en scène Christian Schiaretti
 avec Robin Renucci, Jeanne Cohendy, Patrick Palmero, Jérôme Quintard, Laurence Besson, Thomas Fitterer, Philippe Dusigne, Maxime Mansion
 / Costumes Thibaut Welchlin - Scénographie Fanny Gamet - Lumière Julia Grand - Maquillage et coiffure Roxane Bruneton - Assistants à la mise en scène Joséphine Chaffin

Une coproduction Tréteaux de France et Théâtre National Populaire, Centres dramatiques nationaux. Avec le soutien des Conseils départementaux de l’Eure et de l’Oise.
Spectacle famille à partir de 9 ans.
Dates:
- Du 1er au 12 juin
 2016 - Du mardi au samedi 20h30 | dimanche 5 juin à 16h | dimanche 12 juin à 15h
au Théâtre de l'Epée de bois – Cartoucherie ( Paris (75))
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