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Richard III : une puissante adaptation de William Mesguich

  • Écrit par : Xavier Paquet

Richard IIIPar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ William Mesguich est un stakhanoviste du théâtre qui a l’habitude de travailler ses rôles et mises en scène dans les moindres détails jusqu’à être habité par ses personnages. Dans ce Richard III, dernière pièce historique de Shakespeare, il ne déroge pas à sa règle en incarnant avec brio ce monstre de cruauté.

La guerre des Roses vient de se terminer par la victoire des York sur les Lancastre mais Richard reste assoiffé de vengeance et dévoré par l’ambition royale. Prêt à tout pour conquérir le pouvoir, il laisse mourir son frère, le roi Edouard IV, fait assassiner son autre frère, Georges, qui était promis au trône et complote contre le reste de la famille royale pour progressivement éliminer un à un les prétendants qui se mettraient en travers de son chemin vers la Couronne.
Ce Richard est un psychopathe meurtrier et il fallait lui donner les codes de son funeste dessein : bossu, yeux noirs exorbitants, sourire machiavélique et voix effrayante, il éructe et crache ses mots tantôt avec le fiel de la vengeance, tantôt avec la subtilité de l’intriguant.
Mais il s’agit aussi d’un funeste destin alors l’univers dans lequel il baigne est sombre, baroque et d’une noirceur qui ferait pâlir les portes de l’enfer. Symbole des bas-fonds de l’âme de Richard, la mise en scène installe la pièce dans un décor gothique dénudé où les pendards noirs délimitent des espaces et où des projections vidéo sur les voilages emmènent l’intrigue dans des endroits clés (la prison, l’église, le château du roi). Des jeux de lumière travaillés et précis viennent apporter une part de vie ou de vice supplémentaire dans la perversité sanguinaire du héros.
Le texte de Shakespeare respire et on est captivé par l’ascension puis la chute de Richard avec une attention soignée pour mettre en lumière sa psychologie : un subtil mélange de tyran assoiffé de pouvoir et une bête narcissique qui a peur de lui-même. Son absence de morale est magnifiée par les autres personnages qui apportent le contraste et le ressort sur lesquels Richard s’appuie pour poursuivre sa quête.
Cette très belle mise en scène peint avec délicatesse et efficacité la fresque royale de l’intrigue et le jeu des comédiens apporte cette ambivalence entre esprit chevaleresque et remords, entre stupéfaction et complot, entre soutien et trahison.
Il y a une forme de poésie dans cette tragique destinée où le destin final trouve une opposition mystique à sa pulsion cruelle et où le châtiment suprême a raison de l’esprit sans morale qui se voulait maître en son royaume.

shakespeareRichard III
De William Shakespeare
Mise en scène et création lumières : William Mesguich
 Assistante mise en scène : Estelle Andrea
Avec : Estelle Andrea, Alexandre Bonstein, Xavier Clion, Madeline Fortumeau, Alain Guillo, William Mesguich, Nadège Perrier, Thibault Pinson
Costumes : Alice Touvet
Créateur sonore : Maxime Denis
Vidéos : Alfredo Troisi
Photo : Christophe Crénel
Co-Production : Théâtre de l'Etreinte, Théâtre de Propriano-Spaziu Culturale Natale Rochiccioli
Avec le soutien de : L'Athénée, Le Petit Théâtre de Rueil Malmaison et de la SPEDIDAM​

Dates et lieux des représentations:

- Juillet 2023 au Théâtre des Gemeaux - Avignon - FESTIVAL AVIGNON OFF 2023

 


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