Nous les filles de Cecilia Despesse : qui a dit qu'on ne pouvait pas être à la fois féminine et féministe ?
- Écrit par : Virginie Gossart
Par Virginie Gossart - Lagrandeparade.fr/ Difficile de ne pas se retrouver – tantôt dans un grand éclat de rire, tantôt plus douloureusement – dans les personnages de la pièce de Cecilia Despesse. "Nous les filles", c'est l'histoire d'une Blonde, d'une Brune, et d'une Rousse. Plus que des femmes, ce sont des types féminins très contemporains - d'où le choix de ne pas les nommer plus précisément que par une couleur de cheveux. La Blonde décide – un peu sur un coup de tête – de quitter sa vie confortable et conformiste ; elle rêve du grand amour et croit trouver son prince charmant en la personne d'un "Beau Brun" déjà marié ; la Brune, c'est la bonne copine diamétralement opposée dans ses choix et ses aspirations : blasée des hommes et de la vie, fumant clope sur clope et débitant ses gros mots comme des armes... une sorte de romantique refoulée dont la carapace cache les blessures du passé ; enfin la Rousse, qui n'a rien trouvé de mieux que faire croire à sa mère et à ses amies qu'elle est la voix de la SNCF alors qu'elle est hôtesse de charme pour le téléphone rose...
De ce trio de choc est née une pièce enlevée, alternant des passages complètement déjantés (ne ratez pas la scène où les trois Cat's Eyes organisent le kidnapping du Beau Brun Ténébreux, ni le passage croustillant du téléphone rose...) et des moments plus touchants et intimistes, où ces femmes si proches de nous dévoilent les fragilités qu'elles cachent bien souvent pour se montrer à la hauteur des exigences et des injonctions implicites de la société.
A l'aide de la Compagnie Des Filles en Aiguilles, association drômoise qui soutient la création, l'édition, et la production de spectacles vivants par de jeunes artistes, Cecilia Despesse a pu présenter sa pièce au public sous plusieurs formes : d'abord dans les pages d'un livre, publié aux éditions Perséphone, puis au moyen de lectures théâtralisées (principalement dans des cafés et des médiathèques) permettant, dans une scénographie assez souple, de donner à entendre et à voir quelques morceaux choisis du texte, d'en rendre la vivacité, l'humour, la théâtralité. Mais c'est en 2014 que le projet se complexifie et prend réellement son envol : la pièce est enfin intégralement montée pour la scène le 7 mars 2014 au théâtre du Fenouillet (à St-Gervais-sur-Roubion) par le comédien et metteur en scène Baptiste Relat, puis jouée le lendemain à l'Eden de Crest pour la journée de la femme. Cecilia Despesse récidive en 2016 avec une nouvelle série de lectures – dont la première a eu lieu le 19 février dernier à la médiathèque de Nyons, dans le cadre du festival "Drôme de dames". D'autres dates sont prévues, ainsi qu'une représentation théâtrale le 8 mars prochain à Lyon. Autant dire que la belle ne se refuse plus rien. Si vous êtes tentés par un kidnapping (à réaliser ou à subir), rendez-vous sur la page de Nous les Filles pour ne pas manquer les prochaines dates !
Livre : Nous les Filles, de Cecilia Despesse, éditions Perséphone.
Pièce :
- Soirée théâtrale "Nous les Filles", mardi 8 mars 2016, 19 h, salle de spectacle CER SNCF, 13 rue du Bélier, 69002 LYON.
- Sorties de résidence : samedi 5 novembre 2016, salle Simone Signoret, 26250 LIVRON-SUR-DRÔME ; samedi 19 novembre, salle Victor Hugo, 33 Rue Bossuet, 69006 LYON.
Page Facebook : Nous Les Filles.
Dates des représentations:
- Le 19 novembre 2016 à 20h à la Salle Victor Hugo, 33 rue Bossuet, Lyon 6e.