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Théâtre : ...où il est question de de la masculinité toxique sans pathos!

  • Écrit par : Guillaume Chérel

tendressePar Guillaume Chérel - Lagrandeparade.com/La Tendresse réunit sur le plateau de jeunes interprètes qui, par la parole ou la danse, racontent leur rapport à la masculinité. D’où il ressort qu’ils sont soumis, dès leur plus jeune âge, à l’injonction de virilité, qui implique le rapport de force, lequel peut amener à la domination… donc à la violence.

« On ne nait pas homme (violent), on le devient », pour paraphraser Simone de Beauvoir, à propos des femmes. La metteuse en scène Julie Berès, Lisa Guez et l’écrivain dramaturge Kevin Keiss (avec la participation de l’écrivaine Alice Zeniter), sont allés à la rencontre de jeunes hommes venant de milieux différents (socialement, culturellement). Leur point commun : ils ne veulent pas ressembler à leur père, et encore moins à leurs grands-pères. Ils refusent de reproduire le patriarcat. Et pourtant, ils partent de loin… De siècles de domination masculine. Eux-mêmes se la jouent durs à cuire, parce que ça commence dans la cour de récré, ou au pied de l’immeuble. Pour ne pas risquer de se faire frapper, violenter, il faut se faire respecter et jouer des muscles. C’est bien représenté par cette bande de jeunes, de cité, a priori, qui taguent et se vannent, au début du spectacle, sur fond de rap (Bande Organisée, de la bande marseillaise de Jul). L’effet de groupe joue, puis s’effrite quand les masques tombent. Seul à seul, ces jeunes hommes montrent leur sensibilité, voire leur féminité, pourquoi pas. Il y a le beau gosse, macho du Sud, qui se la joue « cacou », l’obèse musulman, qui avoue qu’il est puceau, parce le rapport au corps est tabou, dans sa religion, l’intello, le danseur, l’homo caché, l’androgyne, etc… Pour s’affirmer, il faut un jour ou l’autre, faire la guerre. Être un guerrier. Question de survie.

Le vaste champ du questionnement sur leur lien à la masculinité est amené avec rythme (la musique) et humour (les dialogues savoureux). Et pourtant, la question est vaste. Comment repenser (et vivre) sa « masculinité » après #MeToo ? En d’autres termes, comment être un mec bien aujourd’hui ? Quel rapport entretiennent-ils avec les filles (ça les stresse), l’amour (ça les bloque), la drague (stratégique), la sexualité  (empesée de pornographie) ? Doivent-ils montrer leurs doutes, leur fragilité ? Au risque de passer pour des faibles… des « pédés ». Des exclus. La Tendresse raconte l’histoire de ces hommes aux prises avec les clichés du masculin. C’est l’histoire d’une génération qui se débat avec les injonctions de la société et, parfois, les contradictions. Comme aux femmes, on leur demande d’être parfaits. Bons en tout. Virils et « bons coups » mais sensibles. Ouverts mais mystérieux… Dégagés des valeurs matérielles mais pas trop fauchés, ni efféminés, quand même. Bon père, grand-frère, bon amant, fidèle mais séduisant, etc…

Ce qui est intéressant, c’est de réaliser qu’il n’est pas si facile d’être un homme (libéré). Il ne faut pas pleurer, ne pas évoquer ses échecs, ses tristesses, ses déceptions, ses peurs. Il y a cette angoisse de ne pas « réussir ». Cette crainte d’être considéré comme faible, encore une fois. Mais chaque homme sur scène a sa manière de fendre l’armure. Selon sa personnalité, son genre. Il y a les ultra-sensibles, et le « bonhomme » qui avoue, à la fin, qu’un peu de tendresse (bordel !), ça lui ferait du bien. Il a déposé les armes. Au contraire de la seule interprète féminine de la troupe, qui a dû, au contraire, se masculiniser pour être plus libre, autonome. Elle avoue kiffer de se battre et de dominer des hommes. Il n’y a que comme ça qu'elle prend son pied. Cela donne un spectacle jouissif car très nourrissant intellectuellement, mais aussi visuellement. Les scènes de danse, et de jeu, sont très physiques. C’est pêchu, tout sauf moralisateur, donneur de leçons. Beaucoup de questions sont posées. Chacun aura sa réponse, en son âme et conscience, et son vécu. C’est à la fois une pièce engagée politiquement et intime. On en sort enrichi, ragaillardi.

La Tendresse
De Kevin Keiss, Julie Berès, Lisa Guez, avec la collaboration d’Alice Zeniter
Mise en scène : Julie Berès
Chorégraphie : Jessica Noita
Avec Bboy Junior (Junior Bosila), Natan Bouzy, Charmine Fariborzi, Alexandre Liberati, Tigran Mekhitarian, Djamil Mohamed, Romain Schneider et Mohamed Seddiki
Compagnie : Les Cambrioleurs
Coproduction : Les Tréteaux de France


Dates et lieux des représentations: 

- Du 11 au 14 janvier  2023  à la La Criée (théâtre national de Marseille). Résa : 0491547054 / www. Theatredelacriee.com
- Du 17 au 21 janvier 2023 au TnBa - Bordeaux

- Mardi 24 Janvier 2023 - Epinal - Scènes Vosges
- Les 27 et 28 Janvier 2023- Limoges - Théâtre de l'Union
- Du 31 Janvier au 3 février 2023- Nantes - Le Grand T
-Du 07 au 11 Février 2023-  Saint-Quentin-en-Yvelines - Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
- Jeudi 02 Mars 2023- Auray - Centre Culturel Athéna
- Les 07 et 08  Mars 2023 - Quimper - Théâtre de Cornouaille
-  Du 15 au 17 mars 2023 - Namur - Théâtre de Namur
- Mardi 21 Mars 2023 - Fosses - Espace Culturel Germinal
- Vendredi 24 Mars 2023- Angoulême - Théâtre d'Angoulême
- Les 30 et 31 Mars 2023- Sartrouville - Théâtre Sartrouville / Yvelines - CDN
- Les 06 et 07  Avril 2023- Chalon-sur-Saône - Les Utopiks
Mardi 11 Avril 2023- Colombes - L'Avant Seine / Théâtre de Colombes
- Jeudi 13 Avril 2023 - Cormeilles-en-Parisis - Théâtre du Cormier
- Mardi 18 Avril 2023- Choisy-le-Roi - Théâtre Cinéma de Choisy-le-Roi
- Les 20 et 21 Avril 2023- Châtenay-Malabry - L'Azimut
- Mercredi 03 Mai 2023 - Le Mans - Les Quinconces-L'Espal
-Les 05 et 06  Mai 2023- Lorient - Théâtre de Lorient
- Du 09 ayu 13  Mai 2023- Lyon - Théâtre de la Croix-Rousse


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