Meurice 2027 : Quand Guillaume prend de l'élan
- Écrit par : Virginie Gossart
Par Virginie Gossart - Lagrandeparade.com/ C'est accueilli par une bande-son dont les titres ne sont pas les préférés de la playlist France Inter, et semblent avoir été spécialement choisis pour “fédérer la France d'en bas”, que l'on prend place dans ce meeting de campagne un peu spécial.
L'ambiance monte crescendo, et atteint son paroxysme sous la mélopée d'un titre oublié de Patrick Sébastien qui invite les Meuriciens à taper frénétiquement des mains, en attendant l'arrivée de leur candidat. Ce dernier sait se faire désirer, puisque son entrée sur scène ne se fera qu'après la diffusion d'un clip de campagne réussi, rappelant les meilleures parodies des Nuls ou des Inconnus.
Le décor est sobre : un pupitre arborant fièrement les couleurs bleu-blanc-rouge, et un écran, permettant la projection de photos venant illustrer les propos, appuyer les thèses, et doté d'un pouvoir comique certain, surtout lorsque ce visuel, manipulé par la régisseuse du spectacle, entre en conflit ouvert avec les éléments de langage du politicard. Le discours de campagne est assez efficace : après avoir sondé la salle pour connaître la sensibilité politique des participants, Meurice déroule son programme et ses propositions, dans un dialogue permanent avec le public. C'est d'ailleurs la grande qualité de ce spectacle : la capacité de l'humoriste à improviser à partir des réflexions et des réactions émanant de la salle est jubilatoire, sa spontanéité donnant beaucoup de rythme au discours, et permettant au spectacle de sortir de l'écueil d'un stand-up formaté. On voit que Guillaume Meurice est parfaitement rôdé à l'exercice de la chronique et du micro-trottoir, qui doivent constamment s'adapter à une actualité changeante ou aux réactions parfois inattendues d'un interlocuteur.
Discours stéréotypés, slogans absurdes (“l'avenir de la France du futur !”), langue de bois… On retrouve dans ce meeting tous les clichés du genre, et Guillaume Meurice en profite pour dézinguer à tour de bras : des professeurs gauchiasses à l'écolo fémi-nazie, en passant par les végans anémiques et les macronistes décomplexés.
Au fil du temps, les propos, qui se veulent très consensuels, ont de plus en plus de mal à camoufler les côtés les plus sombres de ce guignol sexiste, opportuniste et réactionnaire : de l'armement des enfants (qui se veut indispensable à leur protection contre les pédophiles) à l'art de la dénonciation “à la française”, en passant par la misogynie érigée en valeur absolue de l'exercice du pouvoir, les pires travers de nos politiques semblent réunis en un seul homme.
En seconde partie de spectacle, un jeu de scène s'établit entre Guillaume Meurice et Julie, son ingénieure son, mais aussi comédienne qui va prendre de plus en plus de place dans le spectacle. L'occasion d'aborder les problématiques de parité, de genre et de l'éternelle ambiguïté des relations entre le mâle blanc dominant qui se lance en politique et celle qu'il ne considère que comme son “assistante”, mais qui finit par lui voler la vedette... Ce second moment du spectacle est pourtant nettement moins convaincant : le concours de gainage sur scène et la bataille de poireaux pour illustrer la guerre des sexes, ou certaines prises de position tellement caricaturales qu'elles en deviennent ridicules, font certes sourire. Mais on aurait aimé une prise de risque plus grande, avec des propositions politiques moins faciles et plus provocatrices, qui frappent un peu plus là où ça fait mal, dans la veine trash d'un Pierre-Emmanuel Barré. On pourra également regretter un final légèrement brouillon et grand-guignolesque, qui ne dilapide cependant pas les qualités d'un meeting burlesque qui vise souvent juste, servi par deux humoristes généreux dans leur jeu et dont le dynamisme et la spontanéité nous auront permis de passer un meeting bien plus exaltant que ceux de nos politiques actuels.
Meurice 2017
Auteur : Guillaume Meurice
Interprète(s) : Guillaume Meurice, Julie Duquenoÿ
Dates et lieux des représentations:
- du 6 au 30 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet à 17h55 - Festival Avignon Off 2022