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Leonardo Manzan : gloire à toi, théâtre !

  • Écrit par : Romain Rougé

wallPar Romain Rougé - Lagrandeparade.com/ Glory Wall, mis en scène par les Italiens Leonardo Manzan et Rocco Placici, fut présenté à la biennale Théâtre de Venise en 2018 où, à l’époque, sa radicalité fit sensation. Reçu au Printemps des Comédiens en 2022, Leonardo Manzan, toujours formidablement décalé, évoque la censure, le scandale et l’Italie d’aujourd’hui.

Leonardo Manzan, qui censure qui aujourd’hui ? Pourquoi?

La thèse que mon spectacle, Glory Wall, tente de démontrer avec logique et imagination est que dans le théâtre d’aujourd’hui, personne ne censure personne. Si cela peut se classer comme théâtre ou art, ou pire encore, Culture, tout est permis, tout peut être dit, parce que personne n’écoute, personne ne pense que ce qu’on a à dire peut être dangereux. En général je pense que la forme la plus subtile de censure est celle qui interrompt un discours critique, surtout un discours critique sur la société, lorsque vous vous demandez : (oui mais) quelle solution on propose ? Comme s’il y avait toujours besoin d’une solution pour pouvoir parler. Cette forme de censure tente d’effacer l’aspect tragique de la vie et de tout réduire à une question politique.

Vous dites que la censure n’affecte pas la réalité mais l’imagination. Quelle forme prend alors cette censure ?

En l’absence de censure en tant que force extérieure, l’autocensure prévaut. Mais alors que le premier est un énorme stimulant pour la créativité, la seconde vous paralyse avec la question qui censure le plus : qu’est-ce que cela signifie ?

En Italie, que faut-il pour faire scandale et donc, être censuré ?

Il est impossible de scandaliser, parce qu’il n’y a plus rien de sacré, à part le théâtre. Donc, vous pouvez être aussi scandaleux que vous le souhaitez sur tout, que ce soit sur la religion ou la politique, mais ne critiquez pas en public les collègues et leurs pièces ennuyeuses et conformistes, ce n’est pas poli. La diffamation privée, en revanche, est encouragée !

AndreaVotre pays est riche d’un fabuleux passé culturel qui a laissé une empreinte réelle à travers l’Occident et le monde. Quel regard portez-vous sur la scène artistique et la culture italienne en 2022 ?

Un regard cruel et en même temps tendre. Désespéré et souriant. Après tout, mon spectacle parle de ceci : par rapport au passé glorieux, un artiste contemporain ne devrait pas se sentir inférieur. Par rapport au présent, quand le mépris prévaut, quand il sait qu’il n’y a plus rien à faire, il doit se rappeler qu’il peut en sourire. En Italie, quand quelqu’un dit qu’un spectacle est très italien, c’est une critique. C’est quelque chose que je ne comprends pas.

Si on décide de partir à la découverte de l’Italie après avoir vu votre pièce, que nous conseilleriez-vous ?

Si quelqu’un décide de partir à la découverte de l’Italie après avoir vu mon spectacle, cela signifie qu’il ne l’a pas compris ! Plus sérieusement, mon conseil est toujours de commencer par la découverte des Italiens eux-mêmes. 

Glory Wall
Avec : Paola Giannini, Giulia Mancini, Alessandro Bay Rossi, Leonardo Manzan, Rocco Placidi et Eleonora Pace
Scénographie : Giuseppe Stellato

Régie : Leonardo Manzan

Lumières : Paride Donatelli 

Son : Filippo Lilli
Accueilli en partenariat avec : La Vignette, Scène conventionnée Université Paul-Valéry Montpellier
Diffusion : Aldo Miguel Grompone 
Production : La Fabbrica dell’Attore – Teatro Vascello, Elledieffe
Crédits photos : © Andrea Avezzù

Dates et lieux des représentations: 

- Du 27 au 29 mai 2022 à la Vignette dans le cadre du Printemps des Comédiens ( 34)

 


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