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Ma misanthrope : une pièce esthétique où chacun(e) tente de trouver un point d’ancrage entre vérité et hypocrisie

  • Écrit par : Xavier Paquet

ma misanthropePar Xavier Paquet - Lagrandeparade.com/ La parole est d’or et le silence est d’argent selon l’adage. Il prend dans cette pièce tout son sens tant les mots, leur sens, la parole donnée, prise, volée ou gagnée de haute lutte prennent vie sur les interactions qui se jouent. La parole serait-elle biblique au point d’être au centre de tout ?

C’est ce que semble indiquer la mise en scène épurée dont l’inspiration ne peut faire penser qu’à La Cène de Léonard de Vinci : une table, un messager central et les autres personnages assis à ses côtés. Elle peut sembler classique dans sa conception mais son côté minimaliste lui confère une certaine modernité : chaque personnage, revêtu d’une tenue colorée, bougera peu de sa place si ce n’est pour s’intercaler avec son voisin. Une forme de huit-clos scénique dans une pièce qui ne l’est pas.

La pièce débute par un classique, le Misanthrope de Molière, qui donnera le ton à l’ensemble et le titre à la pièce, avec la particularité d’une distribution 100% féminine qui lui ajoutera là aussi une touche contemporaine. Alceste, seule face à toutes, refuse l’hypocrisie et les faux semblants et place la sincérité en valeur et vertu inaliénable. S’en suivent interactions, dénonciations, approbations, désaccords et médisances tant l’opposition entre vérité et mensonge s’accentue.

Ce jeu d’alternances et de confrontations sera le fil conducteur de la pièce avec comme ruptures les changements de textes et d’auteurs, peu identifiables, extraits d’écrits classiques et contemporains.

Dans un rituel chorégraphié, et qui se retrouvera tout au long de la mise en scène, chacune codifiera des postures physiques qui feront prendre corps aux paroles. Précise, répétée, cette scénographie installe des codes qui enferment et encadrent les personnages dont seules les paroles permettent de s’en extraire.

Pour rendre cette fresque gestuelle plus quotidienne, des téléphones portables sont disposés sur la table : à chaque noir, ils s’illuminent symbolisant la transmission de messages que l’on intercepte, le secret des échanges silencieux avant qu’ils ne soient révélés.

Malgré un cadre contraignant qui empêche de trouver un rythme avec davantage de ruptures, et un choix de textes très beaux mais qui manquent de cohérence car décorrélés de leur contexte, la partition est bien jouée et interpretée avec beaucoup de justesse et d’élégance.

Ma Misanthrope reste une jolie pièce esthétique où chacune tente de trouver un point d’ancrage entre vérité et hypocrisie, entre envie de dévoiler une apparence et l’esprit de corps collectif.

Ma Misanthrope
De : Nelly Arcan, Molière, Christophe Tarkos
Mise en scène : Agnès Bourgeois
Avec Valérie Blanchon, Agnès Bourgeois, Sylvie Debrun, Corinne Fischer, Muranyi Kovacs, Jeanne Peylet
À partir de 15 ans

Dates et lieux des représentations : 

- Du 8 au 16 avril 2022 au Théâtre Dunois ( 7, rue Louise Weiss 75013 Paris ) - Métro : Chevaleret (ligne 6) ou Bibliothèque François Mitterrand (ligne 14)

- - Mardi 19 avril à 19h et Mercredi 20 avril à 14h30 et 19h - Anis Gras – le lieu de l'autre à Arcueil

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