Jules César : les Ides de mars 44 et leurs conséquences impériales à la Comédie-Française
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Shakespeare raconte comment César est assassiné aux Ides de mars 44 avant J.-C à la Curie de Pompée, alors qu’il vient de conquérir la Gaule. Le dramaturge résume en une journée les prémices et les conséquences du complot des sénateurs auxquels Brutus (né de la maîtresse de Jules César et dont l’Histoire subodore qu’il serait le fils naturel de ce dernier) se rallie au nom de la République romaine qu’il suppose en péril, l’assassinat de César, le discours des deux camps dans une atmosphère d’insurrection latente et les suicides de Brutus et de Cassius qui laissent victorieuses les armées de Marc-Antoine et d’Octave…promis eux aussi à devenir ennemis quelques années plus tard.
Face à « celui qui marche triomphant dans le sang de Pompée », Brutus l’austère, en guerre contre lui-même et ses remords, Cassius l’arriviste et l’amer et Marc-Antoine l’éloquent. A Rome, l’on connait « l’humeur versatile de la foule » et la nécessité de rester toujours méfiant. César, stoïque, a le sourire calme et la sagesse du fatalisme. Ces conspirateurs bouillonnent. 23 coups de poinçon et « Tu quoque mi fili » plus tard, l’Histoire retiendra César comme figure emblématique de l’Antiquité romaine. Et exit la République!
Comme toujours chez Shakespeare, chacun joue son rôle comme un acteur. L’ambition tiraille les jeunes gens et...fatigue les plus âgés.
Rodolphe Dana, directeur du Théâtre de Lorient et cofondateur du collectif d’acteurs Les Possédés, a choisi de monter Jules César de William Shakespeare pour la Troupe de la Comédie-Française. Plusieurs défis : adapter une pièce de quarante personnages avec seulement dix acteurs, cinq femmes et cinq hommes. Faire jouer des acteurs de la Comédie-Française avec cette « instantanéité de jeu » spécifique à la « patte scénique » du collectif Les Possédés. Faire vibrer cette « tragédie des consciences » shakespearienne par le truchement d’un dispositif bifrontal et du choix de supprimer la question des âges et des genres…Force est de constater que le résultat n’est pas mémorable…
Si Martine Chevallier émeut en César, Nâzim Boudjenah convainc en Brutus honorable, Noam Morgensztern incarne un Casca puis un Octave percutants, Georgia Scalliet interprète avec sensibilité l’éloge funèbre à la rhétorique ironique brillante de Marc-Antoine, Françoise Gillard et Claire de la Rue du Can séduisent en épouses inquiètes, l’ensemble manque d’originalité et de souffle. Pas de prise de risque ici alors que les choix initiaux en portaient l’annonce.
Une pièce à laquelle l’on n’ôtera point son intérêt pédagogique mais qui aurait mérité une traduction dépoussiérée. Une réelle utilisation du dispositif bifrontal ainsi qu’une luminosité moins tamisée auraient donné davantage de dynamique à l’ensemble. Un travail qui ne manque pas d’intérêt mais qui manque d’éclat alors qu’on attendait tant d’un Jules César avec, à sa tête, une Femme!
Jules César
de William Shakespeare
Traduction : François-Victor Hugo
Adaptation, mise en scène et scénographie : Rodolphe Dana
Lumières : Valérie Sigward
Son : Jefferson Lembeye
Collaboration artistique : Marie-Hélène Roig
Collaboration à la scénographie : Karine Litchman
2h sans entracte
Dates et lieux des représentations:
- Du 20 septembre au 3 novembre 2019 au Vieux-Colombier ( 21, rue du Vieux-Colombier, Paris 6ème) - Comédie Française