Hercule à la plage : Super Mytho et les douze travaux, une parenthèse de bonheur nostalgique douce-amère
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.com/ Dans cette obscurité labyrinthique, métaphore scénique de la mémoire, on prend garde à ne pas écraser les mots et abimer les phrases. Dans cet espace-temps décroché de la réalité, les personnages ne savent plus trop quel âge ils ont, en fait « ça dépend des couloirs ». Il semblerait qu’il y ait une multiplicité de soi dans cet endroit.
India nous raconte son enfance passée… et s’invite très vite dans son souvenir ses trois amis de toujours, Angelo, Melvil, Charles, trois garçons beaux, forts et transis d’amour pour cette fillette parfaite, pétillante et souriante. India, qui rêve d’un héros et s'avère un peu pimbêche, met à l’épreuve les trois autres mousquetaires de sa troupe soudée en leur proposant de l’épater en réalisant les douze travaux d’Hercule. Sauront-ils l’impressionner? Réussiront-ils à conquérir son coeur? Quelle réalité est celle d’India et de ces trois garçons à l’aube de leurs 40 ans?
Fabrice Melquiot signe ici une pièce délicieusement nostalgique que tous ceux qui sont nés dans les années 70-80 apprécieront davantage encore tant y sont parsemés de nombreux clins d’oeil à leur enfance ( Ahhh les tablettes de chocolat Merveilles du Monde! la pop anglaise des Spice Girls, la Macarena!). Tissant une intrigue espiègle autour du mythe grec d'Hercule, fils de Zeus et d'Alcmène poursuivie par la colère d'Héra, le dramaturge profite de l’occasion pour évoquer des thèmes importants pour la jeunesse : l’amitié, l’amour, l’émulation, la rivalité, la confiance en soi. Pétri d’humour et de tendresse, le texte s’avère tout à la fois ludique, didactique ( on révise, mine de rien, le mythe grec!) et porteur de réflexions profondes sur la construction de l’identité et le pouvoir de l’imagination…qui est souvent une échappatoire salvatrice à la dureté de la réalité.
Khaled Khouri a construit une belle scénographie constamment remodelée, faite d’immenses colonnes de bois dressées qui forment d’étranges paysages aux allures de cathédrale souterraine. Accompagnée des attrayants jeux de lumière de Rémi Furrer et de l’univers sonore de Simon Aeschimann, la mise en scène de Mariama Sylla est remarquable car elle conçoit un univers « bizarre et normal à la fois » où la frontière entre l’illusion et le réel ne cesse d’être remise en question et invite à des minutes magiques où l’on se prend à croire aux fantômes dans les forêts sombres…
Applaudissons enfin la fraîcheur et la justesse des comédiens qui offrent une récréation théâtrale aussi amusante qu’émouvante.
Si nous sommes les jouets de notre mémoire et que grandir signifie aussi réaliser que les super-héros sont impuissants et qu’on ne peut compter que sur soi, même si l’on n’est quelqu’un d’ordinaire, seul.e sous les peupliers de la cour de l’école et qu’on regarde jouer les autres sans jamais être invité.e à participer, les mythes, les légendes et autres histoires fantastiques s’avèrent un vecteur fabuleux pour partir, à marée haute ou basse, peu importe, en quête d’aventures…pour décrocher la lune ou une Golden du jardin des Hespérides, vaincre la peluche lion de Némée ou terrasser une vipère-hydre de Lerne…et se laisser aller à la rêverie jusqu'à ce que le soleil soit tombé dans l’eau.
Et quand on quitte la salle, il semble que l’on aperçoive dans son rétroviseur interne le regard-clin d’oeil d’India qui nous rappelle que, des amours d’enfance jamais nous ne guérirons et que les seules dépressions post-pubère qui vaillent le coup d’être vécues sont celles qui semblent sortir d’une chanson de Francis Cabrel….
A voir absolument!
Hercule à la plage
Texte de Fabrice Melquiot à partir du mythe d’Hercule
Hercule à la plage sera publié aux éditions La Joie de lire, coll. La Joie d’Agir, novembre 2019.
Mise en scène : Mariama Sylla
Avec Raphaël Archinard (Melvil), Julien George (Charles), Hélène Hudovernik (India et mère d’India), Miami Themo (Angelo)
Assistanat à la mise en scène : Tamara Fischer
Scénographie : Khaled Khouri
Lumière : Rémi Furrer
Costumes: Irène Schlatter
Création univers sonore : Simon Aeschimann
Régie plateau : Gabriel Sklenar en alternance avec Ian Durrer
Coiffure, maquillage et confection serpent : Katrine Zingg
Peinture : Valérie Margot
Construction Les Ateliers du Lignon – Genève
Régie son : Benjamin Tixhon
Régie lumière : Théo Serez
Photos : Ariane Catton Balabeau
A partir de 9 ans - Tout public
Dates et lieux des représentations:
- DU 5 AU 26 JUILLET 2019 - RELÂCHES : 10, 17, 24 JUILLET à 10h10 au 11 • GILGAMESH BELLEVILLE ( 11, bd Raspail, 84000 - Avignon) - Festival Avignon Off 2019
- Du 1 au 17 novembre 2019 au Théâtre Am Stram Gram - Genève - Suisse
- Le 10 novembre 2020 - Théâtre en Dracénie - 04 94 50 59 59
- Le 13 novembre 2020 au Théâtre de la Licorne - Cannes
- Le 3 décembre 2020 au Quai des Arts à Rumilly (74152)

- Les 9 et 10 décembre 2020 au Théâtre du Jeu de Paume - 21 Rue de l’Opéra- 13100 Aix-en-Provence - Les Théâtres
- Les 13 et 14 décembre 2020 à L'Equilibre - Nuithonie - Villars-sur-glâne
- Les 4 et 5 février 2021 à l'Imprévu, Centre culturel Saint-Ouen
- Le 11 février 2021 au Théâtre Saint-Maur (20 rue de la Liberté, 94100 Saint-Maur-des-Fossés) - . 01 48 89 22 11
- Du 15 au 18 février 2021 - Les quinconces-L'Espal - Le Mans
- Du 4 au 6 mars 2021 - Odyssud - Blagnac
- Les 11 et 12 mars 2021 - Pôle Jeune Public - Scène conventionnée Le Revest les Eaux
- Les 16 et 17 mars 2021 - Théâtre de Grasse
- Le 26 mars 2021 - Salle des fêtes de Modane
- Le 30 mars 2021 - Théâtre Jean Vilar de Saint-Quentin
- Les 9 avril 2021 - Scènes Cinés Ouest Provence- Istres
- 10 avril 2021 au Théâtre la Colonne - Miramas (13140)
- Le 14 avril 2021 au Théâtre Molière, Scène Nationale de Sète ( 34) - 04 67 74 02 02
- Les 4 et 5 mai 2021 au Château Rouge ( 1 route de Bonneville CS 20293, 74112 Annemasse CEDEX, France) - +33 450 43 24 24