Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée : Le jeu de l’amour et tout l’bazar…ou L’amour est mort ? Vive l’amour !
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ « On ne badine pas avec l’amour ; il ne faut jurer de rien ; il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée. » A partir de ce proverbe, Alfred a tiré une pièce courte : « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée », restée d’actualité aujourd’hui. Car, en amour, comme en toute chose, face à un problème, une difficulté, il ne faut pas chercher un compromis, ni rester dans la demi-mesure. Autrement dit, entre deux solutions opposées, il n'y a pas de troisième réponse : il faut faire son choix.
Résumons la scène : le Comte se rend chez la Marquise, un après-midi d’hiver. C’est son jour de réception mais il est l’unique visiteur : dehors il fait froid et il pleut. Débute un badinage galant : le comte révèle son amour mais la Marquise se moque de ses façons de faire la cour. Vexé, fâché, le comte multiplie les faux-départs. La sincérité triomphe enfin et la pièce s’achève sur les fiançailles des deux amoureux – la porte peut se fermer.
Dit comme ça, pas de quoi fouetter un chat… Sauf que les mots d’Alfred De Musset mis dans la bouche de la marquise sont d’une modernité renversante, au moment où le mouvement féministe reprend (enfin !) du poil de la bête… Ce qu’ont bien compris Anne-Sophie Liban et Mathias Droulers (en alternance sur le plateau avec Katia Miran et Vladimir Perrin) qui l’ont mise en scène en l’adaptant à aujourd’hui. Car la « bête », ici, au départ, c’est l’homme (le Comte), un peu nigaud, avec ses fleurs et ses mots doux. La Marquise n’en peut plus de ces mots trop sucrés : « Jolie » ?! Oui elle est jolie… et après ? Elle a envie d’être surprise, avant de se laisser prendre. Ce serait trop facile, sinon.
Publiée en 1845, dans la Revue des deux mondes, cette comédie en un acte met en scène un galant badinage qui tourne au pugilat. Par moment, on pense à un dessin animé de Tex Avery, ou à Louis de Funès (Mathias Droulers excelle dans la pantomime), puis à Belle du Seigneur, d’Albert Cohen, avant de s’amuser de la bagarre entre les deux mariés qui tourne à La Guerre des Roses, ce film de Danny DeVito (1989), avec Michael Douglas, Kathleen Turner (une banale scène de ménage dégénère). La métaphore ici étant cette porte que le Comte menace de franchir, à tout jamais, mais est toujours rattrapée par la marquise (je te fuis, je te suis, tu me suis, je te fuis…) qui voudrait en savoir – et en avoir ( ?) – plus. Le final étant, évidemment !, un hymne à l’amour (indépassable), dit par un Comte qui lâche enfin les chevaux, où l’on reconnait la fougue romantique d’un Alfred de Musset, lequel sait de quoi il parle. George Sand pouvait en témoigner… Or donc, si l’amour vous intéresse encore, si vous avez envie, et besoin de rire, avec une pièce rafraîchissante et pleine d’énergie, c’est « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » qu’il vous faut. Il fait moins chaud au Lucernaire qu’à Avignon et la belle et sauvage et mutine Anne-Sophie Liban vous donnera envie d’y croire encore). A l’amuuuuurrrrr… Bien sûr.
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée
Auteur : Alfred de Musset
Mise en scène de et avec : Anne-Sophie Liban et Matthias Droulers (en alternance avec Katia Miran et Vladimir Perrin)
Dates et lieux des représentations:
- Du mardi au samedi, jusqu’au 19 août 2018 à 21 h. Dimanche à 17 h, salle Paradis (1 h 10), au Lucernaire ( 53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris) Tel : 01 45 44 57 34 /www.lucernaire.fr