Adieu Ferdinand / Le Casino de Namur : un retour plein d’émotion de Philippe Caubère au Printemps des Comédiens
- Écrit par : Daniel Bresson
Par Daniel Bresson - Lagrandeparade.fr/ On avait assisté au triomphe de Philippe Caubère lors de sa création au théâtre du Chêne noir de "Clémence". On retrouve avec délectation le comédien au Domaine d’O pour la dernière partie de son triptyque, "Adieu Ferdinand" , après sa venue en 1989 au Festival pour un époustouflant "Les Enfants du Soleil" où il recréait seul un spectacle d’Ariane Mnouchkine. L’attente est grande pour un public montpelliérain fidèle, parfois depuis plus de 25 ans, et l’impatience palpable de découvrir ce dernier épisode de l’épopée de Ferdinand Faure. La scène de l’amphithéâtre s’ouvre sur un Philippe Caubère seul sur son siège au centre du plateau, manteau noir, cravate et écharpe bleue. Et c’est parti pour 1 h 30 de voyage au coeur de la campagne namuroise. Le comédien a choisi de recentrer cette épisode autour de trois personnages : Ferdinand, bien sûr, Bruno, un élément incontournable du "Roman d’un acteur" avec sa stature de géant et son accent provençal si caractéristique et Jean-Marie, compagnon de route du Théâtre du Soleil qui a invité durant une journée ses deux amis chez ses parents, les Petrieux, paysans rustres cultivateurs de betteraves. On découvre alors le calvaire subi par Jean-Marie, dénigré par toute sa famille, méprisé par son frère, frappé, dont les parents lui dénient le droit d’accéder à un métier qu’ils admirent par ailleurs chez d’autres, « les grands acteurs»! Philippe Caubère nous peint ici des personnages forts, parfois monstrueux, toujours vrais. Sans décor ni accessoires, il est toujours aussi impressionnant de constater de quelle manière le comédien utilise comme seul outil théâtral son corps. Par un geste, un son, les personnages prennent vie sur scène, et sont ensuite reconnaissables aisément par le public, qui participe à l’action. On est avec Bruno et Ferdinand dans cette ferme sordide où la betterave est reine. On assiste avec eux à ces moments dramatiques, quand par exemple Jean-Marie avoue à un Ferdinand médusé qu’il dort à la cave, ou burlesques, comme cette fantastique scène de la chasse à la taupe. L’acteur réussit la performance de faire rire sur un thème brûlant comme la maltraitance, ironise sur la difficulté du métier de comédien mais garde toujours cette sensibilité et cette fragilité dans ses personnages. Et par dessus tout il ne triche pas. Il se livre à nous, sans artifice. On a hâte de découvrir enfin ce Casino qu’on nous promet dans le titre du spectacle mais que Philippe Caubère a choisi de garder encore secret pour une dernière pirouette, sûrement l’ultime apparition de Ferdinand. Souhaitons qu’elle ne sera pas la dernière de son créateur !
Adieu Ferdinand - Le casino de Namur
Trois contes en deux soirées
Ecrits, mis en scène et joués par Philippe Caubère
après avoir été improvisés 37 ans plus tôt devant Véronique Coquet, Clémence Massart et la caméra de Pascal Caubère.
Assistant à l’écriture : Roger Goffinet
Lumière : Claire Charliot
Son : Mathieu Faedda
Photo : Michèle Laurent
Coproduction Théâtre du Chêne Noir à Avignon | Production Véronique Coquet pour La Comédie Nouvelle | Avec le soutien du ministère de la Culture | Coréalisation Athénée Théâtre Louis-Jouvet
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Dates et lieux des représentations:
- Les 1er et 2 juin 2018 dans l'Amphithéâtre d'Ô - Printemps des Comédiens ( 34)