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Ping Pong : " Nous ne savons jamais si nous ne sommes pas en train de manquer notre vie."

  • Écrit par : Catherine Verne

pingPar Catherine Verne - Lagrandeparade.fr/ " Nous ne savons jamais si nous ne sommes pas en train de manquer notre vie." La pièce de théâtre montée par les Tréteaux de France sous le titre de "Ping-Pong" vient à point illustrer ce mot de Marcel Proust.

Elle se propose de mettre en scène les atermoiements de nos désirs avec le capricieux terrain de la destinée. Deux personnages, frère et soeur, axent de façon binaire un élan vers la vie qui se voudrait linéaire puisque temporel, mais au rythme heurté et rebondissant en surprises. Cet élan par lequel la jeunesse se jette au monde pour intégrer la cour des grands avec la vie devant elle, se trouve ici matérialisé par un dispositif scénique très symbolique et graphique qu'on pourrait résumer par le fameux "Alea jacta est": Thomas, le garçon, et Cléo, la fille, s'opposent au jeu de hasard en lançant régulièrement les dés sur une sorte de parcours analogue au populaire Jeu de l'Oie. Et la roue de la fortune de leur répondre, inaugurant aussitôt une autre scène parallèle à celle du jeu de dés, où chacun vit, entreprend, désire, et souffre de ses échecs ou se réjouit de ses réussites. La trame de l'intrigue alterne ainsi de la première scène à la seconde, ce au rythme de hiatus successifs dans le temps, rien mieux que le saut dans le vide n'illustrant l'intramondanité d'une humanité engagée dans la négociation de son équilibre. Le public quant à lui, a été invité à observer la scène où comédiens se débattent d'abord avec eux-mêmes et à l'occasion entre eux, en y prenant lui-même place un peu à la façon de ce qui se produit lors d'un match de boxe ou de tennis: on l'a invité à encadrer l'espace où jouent les comédiens. Et ce public réparti en deux rangées face à face, de redoubler la confrontation déjà opérée par les deux personnages de la pièce, en se trouvant par la force des choses exposé à un regard en miroir qui fait de lui à son tour, et pas seulement les comédiens, un objet de représentation, au bord et au sein de la représentation. Sans doute n'est-il pas anodin que, renchérissant sur ce leitmotiv de la dualité dans "Ping-Pong", le jeu soit ici mis à l'honneur de par sa dimension métaphorique de va-et-vient permanent à appréhender entre deux pôles: la vie qui se déroule dans la pièce est faite d'avancée et de repli, de joie et de peine, ébranlant les certitudes de l'un, comblant les attente de l'autre, puis inversant le mouvement pour décevoir celle qui croyait le bonheur acquis, redonner une chance à celui qui se désespérait d'être un looser, et ainsi de suite. Elle représente en effet le mouvement perpétuel par lequel chacun, dans la vie réelle, se trouve mené à bon port ou échoué loin de son cap, un mouvement souvent insoumis, voire imprévisible. D'où la question qui se déploie derrière l'intrigue de la pièce: quid de la vocation? Est-on seulement appelé? Et dans cette distribution du sort, si tant est qu'elle ait lieu, combien d'élus? Ou contrôle-t-on un peu, voire l'essentiel  -la responsabilité- de sa destinée? Fort de ces questionnements existentiels, le projet théâtral s'annexe pour finir un temps sensible de partage, au cours duquel les deux comédiens, rompant la ligne qui les reliait tout le temps de la pièce en face à face, se tournent vers les spectateurs assis en bordure de scène à leur droite et à leur gauche, et débattent avec ces derniers sur la notion de vocation. Ainsi, une fois la pièce terminée, la balle de ping-pong, d'abord lancée entre eux deux et dans l'intimité fictive de l'espace dramatique, se trouve renvoyée en direction ouverte et créatrice vers le public. L'initiative pédagogique et interactive s'avère d'une pertinence certaine en interpelant dans la vraie vie chacun des spectateurs avec cette injonction: "à toi de jouer!" Une invitation à prendre part au jeu de bonne augure si l'on veut bien se rappeler que, là où il y a du jeu, il y a la garantie des possibles et donc un lieu propice à l'émergence en acte d'une liberté.

PING PONG (De la vocation)
CRÉATION JUIN 2017

DISTRIBUTION ET ÉQUIPE ARTISTIQUE: 
Avec Sylvain Méallet et Chani Sabaty
Écriture collective de Nicolas Kerszenbaum, Evelyne Loew, Sylvain Méallet et Chani Sabaty

Mise en scène de Nicolas Kerszenbaum
À l’initiative de Robin Renucci
Conception sonore : Guillaume Léglise
Accessoiriste : Claire Legal
Production : Tréteaux de France - Centre dramatique national

Dates et lieux des représentations: 

- Le JEUDI 7 MARS 2018 au THEÂTRE JACQUES COEUR à Lattes ( 34)

- Le MARDI 27 MARS au THÉÂTRE DE RETHEL (08)
- Le MARDI 3 AVRIL À 12H30 ET 17H A l'UNIVERSITÉ D'EVRY - EVRY SUR SEINE (91)
- Le VENDREDI 6 AVRIL À 12H30 (SCOLAIRE) A L'ESPE DE BONNEUIL-SUR-MARNE - BONNEUIL-SUR-MARNE (94)
- DU 15 AU 19 MAI AU CENTRE CULTUREL LA MÉGISSERIE - SAINT-JUNIEN (87)
- Le JEUDI 2 AOUT À 19H AU FESTIVAL "THÉÂTRE SUR UN PLATEAU"- MONTREVEL EN BRESSE (01)


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