Camille Claudel : une remarquable incarnation de Célia Catalifo
- Écrit par : Xavier Paquet
Par Xavier Paquet - Lagrandeparade.fr/ Modeler une oeuvre originale, dessiner les contours d’un destin brisé et réinventer une histoire légendaire. Un pari artistique osé. Un défi réussi.
Cette création originale s’attaque à la psychologie et au destin tragique de Camille Claudel, de ses années de formation à sa grandeur d’artiste en passant par ses failles, ses chagrins et sa chute.
Le décor est celui d’un atelier d’artiste, draps suspendus et maculés de tâches de matière, glaise et argile à portée de jeu des comédiens. Les jeux de lumière et ombres, les projections visuelles et bandes-sons apportent la texture et la nuance, le point de détail propre aux œuvres de l’artiste.
Des danseurs renforcent la beauté plastique des tableaux et la tension entre folie et génie. Habillés couleur chair, leurs mouvements lents et précis symbolisent tour à tour les poses des modèles, les œuvres de l’artiste mais aussi sa vie intérieure (comme l’avortement de l’enfant qu’elle a eu avec Rodin). Une matière vivante et sensuelle qui donne le supplément d’âme de la pièce.
On découvre Claudel au début de sa formation et perçoit déjà la femme rebelle qui n’hésite pas d’emblée à s’opposer au maître Rodin venu dispenser un cours. On suit l’émergence de ses convictions artistiques, les premières collaborations avec le maître et l’épanouissement de la femme et de l’artiste. Très tôt le talent émerge mais aussi les premières failles : le rejet de sa famille entre une mère bourgeoise très croyante la rejetant et un frère qui s’éloigne progressivement. Mais aussi l’amour de Rodin, charismatique professeur et amant joueur qui ne quittera pas son épouse pour elle.
L’abandon familial et sentimental, fil rouge de la pièce, sera le moteur de sa puissance créatrice. L’artiste devient reconnue quand la femme ne l’est plus.
Cette descente aux enfers s’accélère jusqu’à l’enfermement final de l’artiste qui sera internée pendant 3 décennies malgré ses cris de désespoir et de détresse.
Un personnage magnifiquement interprétée par Célia Catalifo, qui nous fait rire, vibrer, nous émouvoir et qui est habité à la fin par une rage glaçante.
Claudel reste un destin actuel d’une femme qui résiste, s’affranchit des codes et de la société pour aller au bout de ses convictions artistiques et personnelles. Elle qui aimait rechercher le déséquilibre dans les lignes de ses modèles nous fait dans cette superbe pièce vivre et ressentir son déséquilibre intérieur.
Camille Claudel, de l'ascension à la chute
Ecrit et mis en scène par Wendy Beckett
Chorégraphies : Meryl Tankard
Traduction : Park Krausen, Christof Veillon
Scénographie : Halcyon Pratt
Projections : Régis Lansac
Costumes : Sylvie Skinazi
Lumière François Leneveu
Avec Célia Catalifo, Marie-France Alvarez, Marie Brugière, Swan Demarsan, Sébastien Dumont, Audrey Evalaum, Clovis Fouin, Christine Gagnepain, Mathilde Rance
Production : Claire Merviel Production en accord avec Pascal Productions
Dates et lieux des représentations:
- Du 7 au 24 mars 2018 à l'Athénée - théâtre Louis-Jouvet ( direction Patrice Martinet - Sq. de l'Opéra Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau - 75009 Paris )- billetterie : 01 53 05 19 19