Baby : variation sur l’adoption…
- Écrit par : Serge Bressan
Par Serge Bressan - Lagrandeparade.fr / Un intérieur étroit, le rangement n’y est pas une priorité. On est dans une caravane, un jour d’été.
Un couple, Al et Wanda. Ils sont jeunes, ils s’aiment, la femme attend son cinquième enfant. Elle dit penser à se faire stériliser. Début de « Baby », la pièce de la réalisatrice, scénariste, actrice, écrivaine et dramaturge américaine Jane Anderson, adaptée en 1992 outre-Atlantique de son film télé « The Baby Face ». Le couple est pauvre, victime de la crise qui enfonce encore plus les « gens de peu » aux Etats-Unis... Et Wanda montre une coupure d’un journal à Al. Une petite annonce déroule une proposition : « Enceinte ? Couple marié, épanoui, cultivé et très à l'aise financièrement veut offrir à un enfant blanc en parfaite santé une vie heureuse. Différentes formes d'aides envisageables. Appeler en pcv ». Arrive Rachel, la femme du couple riche parmi les riches de Los Angeles chez Al et Wanda. Choc de deux mondes, de deux cultures… Richard est resté à Los Angeles, occupé par le business, Rachel tente de faire bonne figure devant Al et Wanda- au moins pour qu’ils acceptent de lui confier leur enfant… Changement de décor : une chambre d’hôpital. Wanda met au monde son enfant, Rachel est toute excitée, Richard envisage avec son avocat comment se sortir des exigences (financières et matérielles) qu’impose Al. L’adoption prend alors des allures de marchandage… Richard s’interroge si, avec son avocat, ils ont choisi la bonne famille, et de leur côté, Al et Wanda se demandent s’ils doivent confier le nouveau-né à ce couple de Los Angeles qui n’est vraiment pas du même monde qu’eux…
Le texte de Jane Anderson (adapté élégamment par Camille Japy) pointe parfaitement le pour et le contre pour chacun des deux couples. Appuyant la mise en scène efficace signée Hélène Vincent, le décor hyper réaliste de la première partie de la pièce contrebalance parfaitement celui extrêmement dépouillé et quasi glacial de la seconde. On appréciera également l’interprétation tout en nuances d’Isabelle Carré, parfaite dans le personnage de Wanda, représentante des « gens de peu ». Mais on regrettera le déséquilibre entre les deux parties de la pièce : la première dure presqu’une heure, la seconde à peine plus de trente minutes, et la caricature tellement excessive de la femme riche avec le personnage de Rachel lui fait perdre toute crédibilité. « Baby », c’est une variation autour de l’adoption. C’est le choc social, culturel, moral, politique… Une pièce au texte fort mais qui souffre de quelques défauts (exagération de l’opposition des deux couples, mise en scène, interprétation,…)...ça aurait pu être excellent, c’est juste bon…
Baby de Jane Anderson
Mise en scène : Hélène Vincent
Adaptation : Camille Japy
Avec Isabelle Carré, Camille Japy, Bruno Solo, Vincent Deniard et Cyril Couton
Durée : environ 1h30
Dates et lieux des représentations:
- Jusqu’au 12 mai 2018. Du mardi au samedi : 21h. Dimanche : 15h. au Théâtre de l’Atelier ( 1 place Charles Dullin, 75 018 Paris) - Tél. : 01 46 06 49 24
- www.theatre-atelier.com