Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Le spectacle « Buzz Â» commence par des images filmées de personnes interrogées dans le monde entier sur la question du théâtre : qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça devrait être à notre époque ? Puis une parodie de théâtre alternatif contemporain commence sur scène. Un jeune homme, vêtu d’une peau de bête, en slip kangourou, sévèrement burné, déclame un texte imbitable tout en filmant, avec une caméra branchée sur son front, un de ces acolytes seulement ceint d’un tutu embarqué sur un caddie… Le troisième mixe sur les platines de la zik techno branchouille. C’est marrant à voir mais casse-pied à écouter. Le public ne sait pas trop si c’est du lard ou du cochon : doit-on en rire ? Très vite, un des trois acteurs belges nous rassure : « Vous ne pensiez tout de même pas qu’on allait vous bassiner avec ça pendant 2 heures ? Â». Puis il nous explique leur démarche. La démarche de Ramdam collectif : pour plaire aux jeunes, le théâtre devrait être innovant, interactif et numérique. C’est ce qu’affirment les vrais/faux « consultants Â» de ce spectacle à l’allure d’un show marketing. Un brain-storming-master classe-séminaire… Trois jeunes trentenaires dynamiques, Bertrand, Chris et Yves, autoproclamés spécialistes en « art et innovation » nous font la leçon avec tous les outils technologiques possibles. Pendant leur conférence, ils prennent à témoin les spectateurs qu’ils tentent de persuader que le théâtre est un art dépassé et autoritaire : ne demande-t-on pas aux gens de rester sagement assis, et silencieux, avec leur téléphone portable éteint ?!
Du coup, ils autorisent le public à rallumer les téléphones pour filmer, partager, buzzer, puisque c’est le thème de la pièce. Ils veulent transformer le théâtre en produit « cool et branché ». Comment ? En injectant sur scène les recettes qui ont du succès sur internet. Selfies, flash mobs, vidéos absurdes ou larmoyantes… : tout est bon pour Â« faire le buzz ». Car ces jeunes gens aux dents longues, de plus en plus inquiétants, ne reculent devant rien. Cette fausse conférence est Ã  prendre au second degré. C’est une fable drôle et satirique sur notre société hyperconnectée. Le collectif Ramdam fait mine de célébrer ce qu’il attaque : la manipulation et la propagande, le culte du pouvoir et de l’argent, l’idéologie du Â« toujours plus, toujours plus vite » issue de la Silicon Valley. Inspirés par la tradition du théâtre satirique et les canulars du groupe des Yes Men. Sorte de Monty Python de la provoc radicalisée. La relève est là ! Ces comédiens belges sont délicieusement fous. Leur but : susciter le débat chez les jeunes, tout en les distrayant. Ainsi, ils leur jettent des accessoires pour un happening filmé qui rappelle les clowns poétique du Slava’s snow show. Jouée au Nouveau théâtre de Montreuil, dans le cadre du festival L’âge des possibles (quatre jours pour penser collectivement, toutes générations confondues, le monde de demain), temps fort autour de la nouvelle génération des 15-25 ans, ce spectacle est l’idéal pour attirer un public peu habitué au spectacle vivant autre que des concerts. Buzz est à la fois drôle et surprenant. Le collectif Ramdan ne se prend pas au sérieux mais il aborde un sujet de société d’importance de nos jours. Courrez-y ! Riez-y ! Et partagez. Car la fin donne à réfléchir : court-jus, explosion, images des trois pieds-nickelés tapant avec leur planche sur la vague qu’ils sont censés surfer…  Quel est le sens de tout ça ?

Buzz Ramdam collectif
Metteur en scène : Jean-Baptiste Szezot
Avec Cédric Coomans, Jérôme Degée, Jean-Baptiste Szezot, texte de Cédric Coomans, Jérôme Degée, Julie Remacle, Jean-Baptiste Szezot 

- Jusqu’au 24 janvier 2018 au Nouveau Théâtre de Montreuil ( rue Victor Hugo, derrière la mairie - Réservation : sur place 10, rue Jean-Jaurès, métro Marie de Montreuil, du mardi au vendredi de 11 h à 18 h et par téléphone au 01 48 70 48 90 et sur internet : nouveau-theatre-montreuil.com.)