Par Imane Akalay – Lagrandeparade.fr / La pièce relate la création, de 1508 à 1512, de la fresque qui orne la voûte de la chapelle Sixtine, puis trente ans plus tard, du mur de son autel. Elle met également en lumière les caractères étonnants de son auteur, Michel-Ange, et de son commanditaire, le Pape Jules II. Michel Ange est dépeint en génie de la sculpture et de la peinture, irascible, jaloux et méprisant à l’égard de ses pairs, paranoïaque et torturé. Il est également l’artiste exalté dont on ne sait s’il peint pour Dieu ou pour sa propre postérité, si par le biais de ce chef-d’œuvre il cherche la rédemption ou bien sublime son homosexualité interdite. Quant à l’autoritaire et éminemment politique Pape Jules II, il exerce sa fonction avec moins de dévouement sacerdotal et plus de rouerie et d’ambition terrestre que son protagoniste.

Michel-Ange refuse d’abord l’invitation du Pape au prétexte qu’il est sculpteur et non peintre ; puis il se laisse convaincre et entreprend la tâche avec une équipe d’aides qu’il finit par renvoyer au prétexte qu’il ne veut aucune ombre et ne supporte pas le moindre risque de médiocrité. Il s’attache donc à compléter seul la titanesque mission, avec la seule aide de son laquais qu’il met en charge d’écraser les pigments et préparer le matériel.

Le spectacle dépeint le quotidien de Michel-Ange sous le regard de son laquais, et les rebondissements de ces quatre années de travail. Perfectionniste, l’artiste se fait livrer les pigments de Florence car il ne fait pas confiance aux fournisseurs romains. Méfiant jusqu’à la paranoïa, il s’assure de la présence permanente de gardes à la porte de l’église pour éviter de faire espionner et copier ; il craint également pour sa vie car des rivaux jaloux pourraient vouloir mettre fin à son génie. Il hait et voue un mépris teinté de jalousie à ses contemporains en art, tels Raphaël et de Vinci… L’ambitieux Jules II aux appétits charnels affirmés, qui aura passé son règne à guerroyer, saura manipuler ce capricieux génie par la flatterie et la colère pour l’amener à ses fins, et fera le constat suivant : « tu n’es fidèle à rien d’autre qu’à ta seule ambition, comme moi Â». Alors que dans un accès de rage le Pape bannit néanmoins Michel-Ange de la chapelle, c’est le serviteur de ce dernier, le dévoué Matteo, qui prendra sa défense dans une diatribe attendrissante.

En contemplation devant le chef-d’œuvre encore inachevé, le visage illuminé tel celui d’un saint accédant à l’extase devant la beauté de la fresque qu’il découvre, de ses nus sublimes et de ses scènes à l’érotisme à peine voilé, le Pape peu enclin à l’adoration divine s’exclamera avec émotion « c’est à se demander si ce n’est pas l’art qui a inventé les dieux. Â»

Le jeu des acteurs est spectaculaire, la mise en scène nous transporte en toute simplicité sur un chantier d’église de la Renaissance italienne. Le texte est savoureux et dose savamment le cocktail d’humour et de grivoiserie pour faire sourire ou éclater de rire sans verser dans la vulgarité. Cerise sur le gâteau, l’histoire racontée dans cette fresque est assez fidèle à la réalité historique. Un délicieux moment de théâtre qui donne très envie de retourner à Rome.

Michel-Ange et les fesses de Dieu
de Jean-Philippe Noël
Mise en scène : Jean-Paul Bordes
Assisté de Dominique Scheer
Avec :
François Siener Jules II
Jean-Paul Bordes Michel-Ange
Jean-Paul Comart Mattéo
César Dabonneville Modèle
Scénographie : Nils Zachariasen
Costumes : Pascale Bordet
Assistée de Solenne Laffitte
Lumières : Stéphane Balny
Création sonore : Michel Winogradoff

Une production de la Compagnie Tabard-Sellers et Atelier Théâtre Actuel
En coréalisation avec le Théâtre 14

Dates et lieux des représentations: 

- Jusqu'au 24 février 2018 au Théâtre 14 ( PARIS) - lundi, à 19h / mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 20h45 /matinée samedi 16 h /Relâche samedi soir et dimanche
Renseignements et réservations : au théâtre ou par téléphone au 01 45 45 49 77

Plus de liens: 
www.lesfessesdedieu.fr
Le texte de la pièce est édité aux éditions Les Cygnes