A la gloire de son père marxiste, juif et… pro-Palestinien : les confessions politico-familiales de Riton Liebman
- Écrit par : Guillaume Chérel
Par Guillaume Chérel - Lagrandeparade.fr/ Pour les plus jeunes, ou ceux qui ne le connaissent pas, Riton Liebman c’était l'enfant à tête de lune qui jouait dans « Préparez vos mouchoirs » (1978), auprès de Carole Laure, Gérard Depardieu et Patrick Dewaere. Et il crevait l’écran, ce petit Belge sympa, aussi marrant que touchant. Il avait déjà un ton à part.
Voici sa version (adulte) des choses : « A treize ans, et contre l’avis de ma mère, je me présente au casting du film de Bertrand Blier. Du coup, je deviens la petite vedette du quartier, ce qui ne m’aide en rien à me taper des filles. Après quelques échecs aux examens d’entrée de quelques écoles de théâtre, je réussis malgré tout à tourner dans d’autres films et je me découvre un goût pour l’écriture. J’écris ainsi pour le Théâtre de Poche de Bruxelles quelques contes urbains (les meilleurs !). Sinon, j’ai joué dans pas mal de films ces derniers temps comme « Polisse », de Maïwenn le Besco et suis passé à la réalisation avec « Je suis supporter du Standard ». Heureusement, il me reste encore pas mal de temps pour ne rien faire, écrire des CV bidons, boire des cafés par dizaines et me prendre la tête à savoir ce que je vais devenir cet après‐midi. »
Il était, début juin, sur la scène de la Maison des Métallos, à Paris. Un théâtre (engagé) idéal pour son spectacle politique… sans l’être. Vous allez comprendre : Riton Liebman a choisi de mettre en scène un spectacle-hommage à son père, intellectuel de gauche, juif pro-Palestinien, ce qui fait de lui un renégat pour de nombreux membre de la diaspora, au point qu’une charmante petite grand-mère lui dise un jour benoîtement : « Monsieur Liebman, c’est dommage que vous ne soyez pas mort à Auschwitz… » Mais qu’a-t-il pu faire, ou dire, pour susciter cette haine ? Son père ne cesse de répéter, à qui veut l’entendre, que ce n’est pas parce que le peuple juif a vécu la Shoah et sur un territoire, il y a 2000 ans, qu’il faut spolier les palestiniens de leurs terres… Et que si c’est pour vivre entre eux, il n’avait pas envie d’aller en Israël. Oups ! C’est déjà difficile de vivre avec une mère juive… alors, dans l’ombre d’un marxiste juif pro-Palestinien !
Pour se distinguer, Riton Liebman est devenu punk… Il s’est aussi drogué, a parfois galéré, mais s’en est sorti, en jouant, en écrivant, et en écoutant de la musique. Le spectacle, mis en scène par David Murgia, commence d’ailleurs sur fond de rock. Lorsque le public entre dans la salle, pour s’installer, Riton est comme dans sa chambre d’adolescent, en train d’écouter un disque (Vinyle) de Jimi Hendrix (il est accompagné ensuite par Philippe Orivel). Puis il passe au micro, comme s’il allait faire du stand-up. Mais non, pas vraiment… Ce n’est pas un one-man-show. C’est Riton Liebman, racontant son père, dont on voit le visage, barbu le plus souvent, apparaître en fond d’écran. Dans ce cas Riton se tait : « Je n’arrive pas à la cheville de mon père »… A travers le portrait de son intello de papa, Riton Liebman retrace, avec humour et tendresse, les grandes luttes, et débats intellectuels, qui ont marqué les années 70. Sans oublier d’aborder la question de la filiation : comment parvenir à se construire en tant que fils, quand l’image paternelle est si prégnante ? En usant de l’humour… Son père était profond, lui est (apparemment) léger.
Mon père, juif et Pro-Palestinien
Durée: 1h10
A la Maison des Métallos : 94, rue Jean-Pierre-Timbaud, Paris 11e/ Tel : 01 47 00 25 20
Riton Liebman sera au Festival d’Avignon pour un nouveau spectacle : « La vedette du quartier », où l’histoire d’un mec qui se « prend les pieds dans les portes du paradis », dixit. D’un enfant perdu dans un monde de grands ; en quelque sorte la suite biographique des aventures de Riton Liebman Renégat…
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