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Condamnée : une interprétation remarquable de Betty Pelissou

  • Écrit par : Delphine Caudal

condamnée Par Delphine Caudal - Lagrandeparade.fr/ Le théâtre divertit, éclaire et fait réagir dans un monde de plus en plus incertain. Quelle société, quelle justice souhaitons-nous ? La pièce de théâtre « Condamnée Â» au théâtre de La Croisée des Chemins invite à une universelle réflexion : la peine de mort a-t-elle sa place dans notre juridiction ? N’est-il pas primordial de conserver ce qui a été si difficilement acquis ?

Cette pièce, mise en scène par Vincent Marbeau et interprétée par Betty Pelissou, est adaptée du roman-manifeste de Victor Hugo "Le dernier jour d’un condamné". « Condamnée Â» en est une version féminisée qui met en scène les émotions, les moments de folie et de douleurs d’une prisonnière depuis sa condamnation jusqu’à son exécution. Betty Pelissou et son metteur en scène se lancent dans une aventure pour le moins périlleuse : garder la nature des propos et la profondeur du texte de Victor Hugo, le tout dans un souffle plus contemporain. Le duo parvient à un résultat pertinent : un texte toujours aussi saisissant et une interprétation audacieuse et bouleversante.

Betty Pelissou, seule en scène, transporte dans une cellule de la Salpêtrière ; nous sommes dans la première moitié du 19ème siècle. La sentence est prononcée : elle est condamnée à mort, et sera guillotinée devant le peuple parisien sur la place de Grève. Six semaines vont s’écouler entre le verdict et sa décapitation. Six semaines de douleurs, de questionnements et de folie. Dans son effroyable cachot, la « condamnée Â» rappelle son éprouvant parcours et atteint l’acmé de la douleur à l’évocation de sa fille.

[bt_quote style="default" width="0"]Condamnée à mort ! Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seule avec elle, toujours glacée de sa présence, toujours courbée sous son poids ![/bt_quote]

[bt_quote style="default" width="0"]Ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure et ne pense à rien, c’est celle-là qui me fait mal ![/bt_quote]

La comédienne oscille remarquablement bien entre instants de lucidité et moments de folie : elle habite son personnage et offre une interprétation éprouvante : elle gratte frénétiquement sa chaise le regard perdu, elle crie, pleure, se déforme le visage… Les tableaux sont poignants et émouvants, et le spectateur se positionne face à l’échafaud : ce violent traitement déstabilise, interroge, bouscule et coupe le souffle à plusieurs reprises. La performance est éloquente, le travail est prodigieux.

[bt_quote style="default" width="0"]Voici ce que j’éprouve maintenant : une violente douleur de tête. Les reins froids, le front brûlant. Chaque fois que je me lève ou je me penche, il me semble qu’il y a un liquide qui flotte dans mon cerveau, et qui fait battre ma cervelle contre les parois du crâne .[/bt_quote]

Le décor et les effets sonores, qui interviennent aux affres de la souffrance, sont minimalistes. On pourrait toutefois reprocher à ces touches musicales d’être un peu trop contemporaines, générant un certain décalage…

« Condamnée Â» est une pièce d’une belle intensité, avec une interprétation riche, moderne et remarquable. Victor Hugo dans son roman-manifeste, veille à n’émettre aucun jugement sur la culpabilité ou l’innocence de la « condamnée Â» : seul l’effroyable cheminement est évoqué. Dans ce sens, le travail est d’une force rare et atteint son objectif premier qui est celui de nous interroger.

Condamnée d'après Victor Hugo 

Artistes : Betty Pelissou
Metteur en scène : Vincent Marbeau 

- Jusqu'au 5 mai 2017 au Théâtre La Croisée des Chemins (~ 40 places) - 43 rue Mathurin Régnier, 75015 Paris

- Du 7 au 30 juillet 2017 au Théâtre des Italiens ( 48 places) - Festival Off Avignon 2017 - 10h

- DU 6 AU 29 JUILLET 2018 au Théâtre des Italiens ( 84000 - Avignon) à 11h30 - Festival OFF AVIGNON 2018

- DU 5 AU 28 JUILLET 2019 au Théâtre des Italiens ( 84000 - Avignon) à 12h15 - Festival OFF AVIGNON 2019


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