Colette Nucci : le théâtre 13, de Seine à Jardin
- Écrit par : Julie Cadilhac
Par Julie Cadilhac - Lagrandeparade.fr/ Colette Nucci dirige le Théâtre 13 parisien depuis 1999. Après deux ans de travaux de rénovation et de remise aux normes, le lieu réouvre en février 2017, avec deux salles de spectacles fonctionnant simultanément. L'ambition? Mobiliser et fidéliser le grand public au Théâtre 13 /Jardin et explorer et soutenir la jeune création au Théâtre 13 /Seine. L'inauguration du Théâtre 13/Jardin a lieu ce mardi 21 février 2017 : nous avons profité de l'occasion pour en savoir un peu plus sur ce théâtre et sur sa directrice, engagée et passionnée.
Pourriez-vous d'abord nous raconter votre histoire personnelle avec le Théâtre 13? De comédienne, comment en êtes-vous devenue la directrice en 1999?
Je suis devenue directrice du Théâtre 13 parce qu’un jour les hasards de la vie m’ont fait rencontrer deux personnes qui ont pensé que j’avais les qualités requises pour diriger un théâtre et en faire la programmation ; ces personnes étaient Jacques Toubon et son adjoint à la jeunesse Jean-Claude Nespoux , décédé peu de temps après ma nomination, mais qui en fut le véritable artisan…
Vous utilisez le mot " Mektoub" pour évoquer cette arrivée dans ce lieu. Si vous deviez citer quelques réussites dont l'équipe se félicite, des moments uniques mémorables...lesquels seraient-ce?
C’était écrit , oui, j’en suis sûre, et 18 ans après je me dis que j’étais faite pour ça et je remercie le ciel, les dieux, le destin… de ce magnifique cadeau qui m’a fait vivre des moments d’émotion très forts et rencontrer des artistes exceptionnels ! En septembre 2000 :« Le baladin du monde occidental » de Synge, dans une mise en scène de Guy-pierre Couleau aujourd’hui directeur du CDN de Clamar. « Beaucoup de bruit pour rien » mis en scène de Benoît Lavigne aujourd’hui directeur du Lucernaire et de l’Oeuvre , où le public découvrait l’immense talent d’un jeune comédien, Xavier Gallais, dans le rôle de Benedict. « Des souris et des hommes » spectacle qui continue de tourner depuis 14 ans avec pratiquement la même équipe artistique. « Comme en 14 » qui eut cinq nominations aux Molières et en obtint 3 dont celui du meilleur spectacle du Théâtre public et puis « Macbet » de Ionesco, premier spectacle de Jérémie Lelouët et de la compagnie des Dramaticules. « Aztèques » de Michel Azama, mis en scène par Quentin Defalt qui vient de recevoir le Prix ADAMI 2016 pour son parcours. « Le collier de perles du gouverneur Li Qing » de Eudes Labrusse qui a marqué la mémoire de tous les spectateurs, comme "l’Ecrivain public" de Juliet O’Brien . « Marie Stuart » de Shiller mis en scène par Fabian Chappuis qui lui aussi reçut le Prix ADAMI il y a trois ans...« Le Suicidé », mis en scène par Volodia Serre, premier lauréat de notre Prix jeunes metteurs en scène. « Le jour de l’Italienne » de Sophie Lecarpentier, Et j’en oublie…Mais les dernières grandes émotions du Théâtre13/Jardin, on les a vécues avec « Invisibles « de Nasser Djemaï, et avec « Le porteur d’histoire » d’Alexis Michalik!
Le théâtre 13 est depuis longtemps " la seule scène publique en France à consacrer aux jeunes compagnies indépendantes l'essentiel de sa programmation". Pour sa réouverture, deux lieux vont se distinguer : côté Jardin, pour "mobiliser et fidéliser le grand public", côté Seine, pour continuer à "explorer et soutenir la jeune création". Pourquoi ce changement?
La saison prochaine va être une saison d’observation et d’ajustement à la réalité des choses ; nous avons bâti un projet autour de la jeune création avec des programmations plus longues à Jardin, et plus courtes à Seine où nous serons surtout sur la découverte de nouveaux auteurs ; Il faut qu’on trouve le juste équilibre entre les deux, pour le moment on tâtonne, mais avec optimisme ! Il n’y a pas de réel changement sur le fond, c’est plus sur les durées d’exploitation en fonction du potentiel de spectateurs sur chaque spectacle, et la volonté d’ouvrir à des formes nouvelles comme le théâtre gestuel.
Pratiquez-vous une politique d'abonnements? Y-aura-t-il un travail de votre équipe pour amener le grand public à la jeune création? Et par quel biais?
Oui depuis toujours, et bien sûr que nous travaillons tous à conquérir de nouveaux publics et à convaincre nos abonnés fidèles de s’intéresser à la jeune création ; Notre Prix du 13/Jeunes metteurs en scène, créé il y a dix ans, nous y aide beaucoup car nous avons associé nos spectateurs à la distribution des prix à travers un prix du public décerné par les spectateurs qui prennent un pass pour voir les six spectacles finalistes ; et notre chargée des relations publiques a construit des relations indéfectibles avec beaucoup de professeurs de collèges et lycées.
Un mot concernant les travaux de rénovation et de remise aux normes? Qu'est-ce qui a changé dans ce nouvel écrin théâtral?
L’écrin est le même mais tout neuf avec de nouveaux fauteuils et un hall sans escalier, et évidemment la mise aux normes pour les handicapés tant dans la salle que dans les sanitaires et dans les loges.
C'est Alexis Michalik qui ouvrira le bal en mars avec Intra-Muros...un artiste qui a débuté au Théâtre 13, c'est bien ça?
Alexis avait débuté sa carrière avant d’écrire « Le porteur d’histoire »…mais oui c’est bien au théâtre 13, en septembre 2012, que cette pièce s’est jouée pour la première fois à Paris après deux festivals d’Avignon triomphants, avant de poursuivre sa carrière dans le privé avec un succès qui ne se dément pas.
Pourriez-vous nous parler en quelques mots de cette nouvelle pièce?
Non je ne peux rien dire sinon que l’action se passe dans une prison ; mais c’est une création, et j’ai une totale confiance dans ce projet !
Enfin, pourriez-vous nous dévoiler quelques titres de spectacles qui suivront ou des artistes qui, d'ores et déjà , investiront la scène du Théâtre 13-Jardin?
La saison prochaine commencera à Jardin avec « la dame de chez Maxim » mis en scène par Johanna Boyé qui fut lauréate du prix du 13/Jeunes metteurs en scène « Clérambard » de Marcel Aymé mis en scène par Jean_Philippe Daguerre. En janvier 2018, une adaptation de « l’Education sentimentale » de Flaubert mis en scène de Sophie Lecarpentier, puis « La maladie de la famille M » de Fausto Paravidino mis en scène de Simon Fraud…Avec des artistes que vous viendrez découvrir n’est-ce-pas ?
Crédit-photo : Bruno Perroud
Théâtre13 Jardin
103, Boulevard Auguste Blanqui
75013 Paris (métro Glacière ou Corvisart)