Aynur Dogan : l'ambassadrice de la musique kurde
- Écrit par : Dominique Flacard
Par Dominique Flacard - Lagrandeparade.fr/ Les musiciens prennent place puis la chanteuse arrive, simple, réservée. Un ensemble formé d'un pianiste Franz von Chossy, d'un clarinettiste Alex Simu, d'un batteur Kristijan Krajncan et d'un joueur de tenbur Cemir Qocgiri accompagne Aynur Dogan. Le concert débute avec un morceau méditatif qui se construit autour d'un jeu de dialogue entre le tenbur et la chanteuse. La voix, légère et toute en résonnance, interprète une incantation libre. Les morceaux s'enchainent ensuite sans interruption. On assiste à de belles performances musicales. Les musiciens, plus talentueux les uns que les autres, rivalisent de dynamisme et d'inspiration. Les improvisations fluides d'un pianiste virtuose, la vélocité du clarinettiste, la voix profonde et puissante valorisent les chants traditionnels kurdes. Cette voix énergique qui passe du registre de poitrine au registre de tête avec agilité, de la résonnance au cri appuyé et tenu, a été révélée par une interprétation bouleversante d'un chant kurde « Ahmedo » dans le film « Crossing the Bridge » de Fatih Atkin.
Lors du concert à l'Opéra Comédie de Montpellier, combien était intéressant ce morceau dans lequel elle joue avec le clarinettiste, lançant des psalmodies que la clarinette reprend, utilisant sa voix comme un instrument, changeant ses intentions et puis imitant le timbre velouté de l'instrument à vent. Ce qui, au début, est perçu comme un jeu de dialogue devient peu à peu fusion : qui est l'intrumentiste ? Qui est le chanteur ? se demande l'auditeur ébloui. Après des chants dans lesquels nous entendons des intervalles caractéristiques des musiques orientales, une voix qui supplie, exacerbant la douleur jusqu'au cri, il se termine avec des danses kurdes dans lesquelles la clarinette expose les motifs principaux repris par la voix joyeuse, chaleureuse, commentés par un pianiste inspiré, soutenus par un batteur implacable et le tenbur.
L'amalgame de ces différents timbres musicaux, le traitement jazzistique offrent une interprétation renouvellée de la musique kurde dont Aynur Dogan est la meilleur ambassadrice actuelle. « Ces chants de mariage, naissance, funérailles et travail ont imprégné mon quotidien » affirme celle qui quitta Istambul pour s'installer à Amsterdam et poursuivre une carrière internationale représentant le renouveau de la musique kurde qu'elle interprète avec une intensité remarquable..
Aynur Doğan - Musiques d'ailleurs
Dates et lieux des représentations:
- Le 27 novembre 2018 à L'Opéra-Comédie - Saison de l'Opéra Orchestre National de Montpellier
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